Si quelqu’un te frappe sur la joue droite, tends–lui aussi l’autre." Nous savons que la vengeance est à proscrire, qu’il nous faut dialoguer et que nous allons céder notre « droit » si cela en vaut la peine tant la paix est une valeur importante. Nous apprenons de Jésus, que l’ennemi reste un frère pour qui je peux continuer à vouloir du bien. Il me faut donc être prêt à pardonner, à garder confiance avec la possibilité d’admettre qu’un jour, la vérité se révèle. Cette Parole éclaire ce qui ce qui se cache en secret de violence en nous, et par la même, ce qui alimente la violence dans le monde ! « Eh bien moi je vous dis de ne pas riposter aux méchants, » humainement cela est impossible, mais rien n’est impossible à Dieu. Pour nous convertir, il nous faut regarder vers Jésus. L’Évangile, la Bonne Nouvelle, est une contemplation de Jésus qui nous sauve. Nous avons besoin d’intégrer le mystère du salut de Jésus crucifié qui nous sauve. Nous laisser sauver, c’est nous laisser transformer profondément par le visage de Jésus. C’est par sa mort que Jésus nous a sauvés, c’est pour nous un passage incontournable : Si nous n’acceptons pas de mourir, nous n’entrerons pas dans la vie.
« Si quelqu’un veut te faire un procès pour te prendre ta tunique, laisse– lui aussi ton vêtement. » Jésus nous laisse le soin de trouver la solution adaptée à nos capacités et aux circonstances de notre vie. Il nous propose de pratiquer la non-violence : « Si on vous pourchasse dans une ville, fuyez dans une autre ! » Cependant, Jésus n’a pas hésité à aller à Jérusalem où il savait qu’il allait être arrêté. Il ne se défend pas au Jardin des Oliviers. Il refuse de répondre aux questions piégées de Caïphe, d’Hérode ou de Pilate, mais, par contre quand on le gifle, il s’insurge : Pourquoi me frappes-tu ? Jésus sait pardonner à Pierre qui l’a renié et aux bourreaux « qui n’ont pas conscience de ce qu’ils font. » Une manière d’arrêter l’injustice pour celui qui a froid, c’est de lui donner un vêtement, et d’arrêter ainsi toute perspective de violence. Nous pouvons faire cela si nous restons en communion avec Jésus qui nous sauve. "Si quelqu’un te réquisitionne pour faire un mille, fais–en deux avec lui." Jésus veut que nous allions plus avant dans la compréhension, l’accueil les uns des autres. Nous sommes dans un combat spirituel disproportionné : « Vous ne luttez pas contre des ennemis visibles, mais des forces invisibles, » dira l’apôtre Paul. Une sœur ou un frère n’est pas un ennemi car nous luttons contre des « forces invisibles. » L’adversaire, le véritable ennemi se cache et c’est libérant de le savoir et de tenir bon dans l’épreuve.
« Donne à celui qui te demande, et ne te détourne pas de celui qui veut t’emprunter quelque chose. » Quand il s’agit de lui, Jésus sait renoncer à son droit, mais quand il s’agit de sa mission ou de la dignité du Temple, il n’hésite pas à intervenir très fortement. Ses invectives contre les gavés ou contre les hypocrites sont sans ménagement. Et c’est avec un fouet, qu’il chasse les animaux de ceux qui font de la maison de prière un marché, une caverne de voleurs. Ce n’est pas facile de faire un bon visage quand l’agressivité « monte » autour de nous. La progression de la violence serait de croire qu’elle est juste, alors qu’elle est fondée sur le mensonge ! Pour devenir artisan de paix, il nous faut arrêter toute violence ! Jésus dit à la Résurrection : « Je vous donne ma paix, ce n’est pas à la manière du monde que je vous la donne. » Cette paix résulte d’un profond changement du cœur, elle est la seule qui peut amener la paix des âmes. Jésus nous transforme de l’intérieur pour nous rendre semblables à lui. Quand nous célébrons la Passion et la Résurrection de Jésus, nous sommes invités aux noces de l’Agneau qui enlève le péché du monde. Grâce à lui nous pouvons arrêter l’injustice et la violence. Ainsi le bonheur immense du règne de Dieu va s’installer progressivement en nous et dans le monde.
évêque, théologien et martyr