« Jésus lui, dormait. »
Nous pouvons nous identifier dans la situation de la tempête apaisée par Jésus. Notre marche est une longue traversée vers le Royaume, comme une barque qui navigue sur la mer du temps, au milieu d’épreuves qui nous arrivent de manière inattendue, en nous inspirant de la crainte. Si nous croyons que Jésus est dans notre propre barque, cela ne devrait-il pas nous mettre dans une grande sérénité ? Chaque épreuve dans notre vie, quand elles se "dressent" à l’improviste, comme les vagues de la mer, devient pour nous une occasion pour nous « reposer » sur le Cœur de Jésus. La barque demeure le symbole de l’Eglise, aujourd’hui encore dans la tempête. Le "bateau" est en danger, recouvert par les vagues. Cette barque représente aussi chacun de nous, la maison de Dieu dont nous avons la grâce et la responsabilité ! Elle est envahie par les flots du doute et du désespoir bien souvent ! Or Jésus est là, dans la barque de notre vie et il peut dormir. Nous n’avons rien d’autre à faire que de réveiller Jésus qui dort en pareil danger.
"Les disciples vinrent le réveiller, en disant : Seigneur, sauve–nous, nous sommes perdus ! Il leur dit : Pourquoi êtes–vous si peureux, gens de peu de foi ? Alors il se leva, rabroua les vents et la mer, et un grand calme se fit." La raison de fond du peu de foi des Apôtres, c’est qu’ils étaient encore loin de la vraie connaissance des projets de Jésus. Si nous le connaissions mieux, notre foi serait plus solide, parce qu’elle reposerait sur une connaissance vivante de la présence mystérieuse de Jésus dans notre vie. La connaissance et l’amour de Jésus requièrent toutefois de l’attention et du temps à consacrer au Seigneur Jésus ! La foi doit s’enraciner sur une connaissance profonde du Christ, elle doit être vécue, jour après jour, il est nécessaire de l’approfondir sans cesse. Pour vivre, il nous faut mourir avec Jésus à ce monde de ténèbres et de violence pour ressusciter avec lui à la vraie vie. Si Jésus est endormi dans la barque de notre âme ensevelie par la tempête, c’est en le réveillant que nous allons revivre. Le ciel est à l’intérieur même de la mort, il est désormais en nous, il ne demande qu’à rayonner ! Le sommeil du Christ est le signe d’un mystère, le cœur de chaque fidèle est une barque naviguant sur la mer ; elle ne peut pas sombrer si l’esprit entretient de bonnes pensées de Paix.
Etonnés, ils se disaient : Quelle sorte d’homme est–il, celui–ci, que même les vents et la mer lui obéissent ? Ces paroles sont très actuelles pour nous, elles ont le pouvoir de chasser toute crainte qui monte dans nos cœurs devant l’inconnu, à l’improviste, devant ce qui semble indomptable. Jésus, dans sa Présence, change radicalement notre vie si nous croyons en lui ! L’épreuve elle-même, supportée dans la foi, ne nous fait pas sombrer dans l’abîme de l’inquiétude et du désespoir, mais elle nous purifie et nous sanctifie. Dans le Tabernacle, Jésus est là comme quelqu’un qui dort, mais sa toute-puissance ne s’endort jamais, elle suscite en nous qui l’adorons, des vagues d’amour et de paix qui vont s’opposer et calmer toutes les « vagues » du mal. Nous pourrions croire, que devant le danger, il faut vite calmer le vent et la tempête extérieure ! C’est à la tempête intérieure que Jésus va s’adresser. Le salut est dans la relation qui est établie entre lui, Jésus, et nous. Le calme extérieur, obtenu après par Jésus, sera le signe que la tempête intérieure est dépassée ! C’est la Pâque, le Passage du Seigneur de la Vie. Le salut est dans cette relation qui fait jaillir le ciel sur la terre.
(1696-1787)
évêque et docteur de l'Église