Jésus lui répondit : « Je ne te dis pas jusqu’à sept fois, mais jusqu’à soixante-dix fois sept fois. Pierre réfléchit au pardon, pardonner « jusqu’à sept fois, » n’était pas si mal ! Il se montre généreux. Jésus, en multipliant le chiffre de Pierre par 10 et par 7, rend ce chiffre illimité. Ainsi le pardon ne peut être restreint par aucune limite. Nous savons que le premier mouvement de celui qui a subi un tort est le plus souvent de se venger. Jésus reprend la fidélité de Dieu : « Un bref instant je t’avais abandonnée mais sans relâche, avec tendresse, je vais te rassembler.(Isaïe ») C’est avec une amitié sans fin que Dieu manifeste sa tendresse, qu’il nous rachète. Pour Jésus, l’amitié de Dieu est sans fin et sans limite. Notre malheur est de nous considérer comme les maîtres du monde et de faire tout tourner autour de nous comme si en nous étions le centre. Or le centre du monde c’est Dieu. Il nous faut, avec Pierre, opérer un décentrement pour nous mettre dans une attitude d’adoration fondamentale. Nous recevons tout de Dieu, et nous sommes heureux de nous recevoir nous-même de Dieu. Cet amour de Dieu est transformant, guérissant pour notre vie, il nous apprend le pardon.
"Ainsi, le royaume des Cieux est comparable à un roi qui voulut régler ses comptes avec ses serviteurs. Il commençait, quand on lui amena quelqu’un qui lui devait dix mille talents (c’est-à-dire soixante millions de pièces d’argent). Comme cet homme n’avait pas de quoi rembourser, le maître ordonna de le vendre, avec sa femme, ses enfants et tous ses biens, en remboursement de sa dette. Alors, tombant à ses pieds, le serviteur demeurait prosterné et disait : “Prends patience envers moi, et je te rembourserai tout.” Saisi de compassion, le maître de ce serviteur le laissa partir et lui remit sa dette. Jésus illustre la miséricorde de Dieu par une parabole. Il a dû prendre cette histoire dans les coutumes d’alors. Il s’agit d’un chef oriental ou d’un romain qui gouverne un pays colonisé. Ce ministre avait une dette énorme : 10 000 talents : C’était ce qu’il fallait pour faire vivre une famille pendant 30 millions de jours. Devant le Créateur nous sommes devant le don de la vie et de l’amour, nous sommes toujours en dette. Mais l’amour est un don gratuit que rien ne peut acheter, il n’appelle que la reconnaissance. L’attitude de Dieu envers nous ne se base pas sur la justice, l’amour ne peut être que miséricordieux. Dans le cœur de Dieu, le pardon ne connaît pas d’attente ni de demi-mesure, il est immédiat et total.
"…Alors celui-ci le fit appeler et lui dit : “Serviteur mauvais ! je t’avais remis toute cette dette parce que tu m’avais supplié. Ne devais-tu pas, à ton tour, avoir pitié de ton compagnon, comme moi-même j’avais eu pitié de toi ?” Dans sa colère, son maître le livra aux bourreaux jusqu’à ce qu’il eût remboursé tout ce qu’il devait. C’est ainsi que mon Père du ciel vous traitera, si chacun de vous ne pardonne pas à son frère du fond du cœur. » Devant la supplication de son compagnon qui lui devait cent pièces d’argent. "Il se jeta sur lui pour l’étrangler, en disant : “Rembourse ta dette !” Le pardon est un geste d’amour qui nous transforme, il ne s’achète pas. Jésus nous dit que le temps de l’histoire qui nous est donnée est une grande remise des dettes. Ce n’est pas le temps du jugement et du châtiment. Nos dettes sont limitées et elles sont pardonnables. Jésus nous fait dire dans le Notre Père : "Pardonne-nous nos torts envers Toi comme nous-mêmes avons pardonné à ceux qui avaient des torts envers nous." La pitié nous situe à notre juste place devant notre frère qui demande pardon pour pouvoir vivre. Un horizon de reconnaissance s’ouvre devant nous pour savourer les bonnes choses qui nous sont données. Cette parole est infiniment précieuse car celui qui l’a dit ne peut la dire sans se l’appliquer à lui-même. Pierre prend au sérieux le rôle qu’il va jouer dans la communauté. Dieu nous a disposés pour recevoir la grâce d’un tel don ! Il nous transforme à son image afin que nous devenions ce que nous sommes. Nous pouvons le rejoindre dans l’amour et nous répandre en amour en le laissant passer devant, établis dans l’amour.
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