ÉVANGILE
« Cette génération devra rendre compte du sang de tous les prophètes depuis le sang d’Abel jusqu’au sang de Zacharie » (Lc 11, 47-54)
Alléluia. Alléluia.
Moi, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie, dit le Seigneur.
Personne ne va vers le Père sans passer par moi.
Alléluia. (Jn 14, 6)
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc
En ce temps-là, Jésus disait :
« Quel malheur pour vous,
parce que vous bâtissez les tombeaux des prophètes,
alors que vos pères les ont tués.
Ainsi vous témoignez
que vous approuvez les actes de vos pères,
puisque eux-mêmes ont tué les prophètes,
et vous, vous bâtissez leurs tombeaux.
C’est pourquoi la Sagesse de Dieu elle-même a dit :
Je leur enverrai des prophètes et des apôtres ;
parmi eux, ils en tueront et en persécuteront.
Ainsi cette génération devra rendre compte
du sang de tous les prophètes
qui a été versé depuis la fondation du monde,
depuis le sang d’Abel jusqu’au sang de Zacharie,
qui a péri entre l’autel et le sanctuaire.
Oui, je vous le déclare :
on en demandera compte à cette génération.
Quel malheur pour vous, docteurs de la Loi,
parce que vous avez enlevé la clé de la connaissance ;
vous-mêmes n’êtes pas entrés,
et ceux qui voulaient entrer,
vous les en avez empêchés. »
Quand Jésus fut sorti de la maison,
les scribes et les pharisiens
commencèrent à s’acharner contre lui
et à le harceler de questions ;
ils lui tendaient des pièges pour traquer
la moindre de ses paroles.
– Acclamons la Parole de Dieu.
Jésus mange chez un pharisien
Jésus entre donc pour manger chez un pharisien, mais il ne s'est pas lavé les mains.“Jésus entra et se mit à table. Ce que voyant le pharisien s'étonna qu'Il ne se fût pas d'abord lavé, avant de déjeuner”
Méditation de l'évangile du mercredi 15 octobre
Jésus entre donc pour manger chez un pharisien, mais il ne s'est pas lavé les mains.
“Jésus entra et se mit à table. Ce que voyant le pharisien s'étonna qu'Il ne se fût pas d'abord lavé, avant de déjeuner”
Les purifications légales étaient innombrables. La piété de Jésus est d'un tout autre ordre, elle consiste pour Lui dans un amour intérieur vis-à-vis de Dieu, Père, et non en des gestes traditionnels et superficiels. Pour Lui, l'eau bénite ne remplace pas la charité.
Cette hypocrisie l'écoeure et Il le dit : “Donc vous, pharisiens, vous purifiez le dehors de la coupe et du plat ; mais votre intérieur est rempli de rapine et de malveillance “
Il ne mâche pas ses mots et a le courage de dire leur fait aux pharisiens, gens en place, à l'influence redoutable.
“Insensés ! Est-ce que celui qui a fait le dehors n'a pas fait le dedans aussi ?”
L'humour ne manque pas, lorsqu'Il leur conseille de se débarrasser de toute leur vaisselle pour être purs définitivement : “Toutefois, donnez le contenu en aumône et voici que tout est pur pour vous”
Jésus est hors de Lui et ses invectives traduisent son indignation devant cette religion monstrueuse à ses yeux, où les valeurs sont inversées. On offre à Dieu, au Père, “la dîme de la menthe et de la rue et de tous les légumes”, mais l'amour et la justice sont bafoués à son égard et à l'égard de nos frères.
“Mais malheur à vous, pharisiens, qui acquittez la dîme de la menthe, de la rue et de tous les légumes, et qui omettez la justice et l'amour de Dieu ! Mais c'est ceci qu'il fallait pratiquer, sans omettre cela”
Le texte de Matthieu précise, et la liste ironique des légumes (fenouil et cumin) nécessaires pour cette “sainte cuisine”, et la liste “des points les plus graves de la loi, justice, compassion et bonne foi” parfaitement ignorés !
Jésus souligne cette démangeaison, ce prurit de toujours vouloir paraître, qui nous guette tous, gens d'église ou simples fidèles : “Malheur à vous, pharisiens, qui aimez être assis au siège d'honneur dans les synagogues, et à être salués sur les places !”. Cela sent son “grand catholique”.
Jésus, encore une fois, éclate devant l'hypocrisie, les façades blanchies qui ne cachent qu'immondices.
Cette invective à l'égard des pharisiens “sépulcres blanchis” ne manquait pas de piquant, quand on connaît la répulsion des juifs pour tout ce qui entraînait l'impureté légale. Les tombeaux étaient en tête de liste. D'où l'ironie de ces reproches :
“Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites, qui ressemblez à des sépulcres blanchis, lesquels vus du dehors paraissent splendides, mais à l'intérieur sont pleins d'ossements de morts et de toute sortes d'immondices. De la même façon, vous aussi, votre extérieur vous donne aux yeux des hommes l'apparence de justes, mais à l'intérieur vous êtes plein d'hypocrisie et d'iniquité”. .
Jésus nous libère d'une religion hypocrite et routinière où les multiples préceptes et traditions, inventés par les hommes, nous dispensent de l'amour et de la justice. Il nous met aussi en garde contre toute attitude orgueilleuse et méprisante vis-à-vis de la foi populaire.
“Malheur à vous, docteurs de la Loi, car vous avez dérobé la chef de la science ; vous-mêmes n'êtes pas entrés, et vous avez empêché ceux qui entraient”.
La “Science”, sans l'amour, est stérile, surtout dans ce domaine de la science du salut des humbles. Pour Jésus, cette prétention de détenir la vérité absolue, avec cette morgue et ce dédain des petits, est intolérable. C'est un détournement des biens essentiels devenus une liste de détails : “Vous avez dérobé la clef de la science”.
Père Gabriel
Avec une crainte mêlée d'allégresse, j'estime souhaitable de dire ici quelque chose des souffrances que tu as endurées pour moi, toi le Dieu de tous !
Tu t'es tenu debout au tribunal de ta créature,
dans une nature qui était la mienne ;
Tu n'as pas parlé, ô Toi qui donnes la parole ;
Tu n'as pas élevé la voix, toi qui crées la langue ;
Tu n'as pas crié, ô Toi qui ébranles la terre ; (...)
Tu n'as pas livré à la honte celui qui te livrait aux tourments de la mort ;
Tu n'as pas opposé de résistance lorsqu'on Te liait,
et lorsqu'on te souffletait, tu ne t'es pas indigné.
Lorsqu'on crachait sur Toi, Tu n'as pas injurié,
et lorsqu'on te donnait des coups de poing,
tu n'as point frémi. Lorsqu'on se moquait de toi,
tu ne t'es pas courroucé, et lorsqu'on te bafouait,
tu n'as pas altéré ton visage (Is 50,7). (…)
Loin de te donner un instant de répit, toi la source de vie, aussitôt ils t'ont préparé, pour le porter, l'instrument de la mort. Tu l'as reçu avec magnanimité, tu l'as pris avec douceur, tu l'as soulevé avec patience ; tu t'es chargé, comme si tu étais un coupable, du bois des douleurs !
Homélie du Père Gilbert Adam
Sainte Thérèse d’Avila
L’homme bon tire le bien du trésor de son cœur qui est bon
"Un bon arbre ne donne pas de fruit pourri ; jamais non plus un arbre qui pourrit ne donne de bon fruit.
Thérèse a enseigné, par l’oraison, comment nous pouvons porter un bon fruit pour le Seigneur Jésus. La puissance d’amour qui habitait le cœur de Thérèse était nourrie par sa vie de foi en Jésus présent en elle. « Le Seigneur dit un jour à Thérèse : Jusqu’ici tu ne fus pas entièrement à moi ; maintenant que tu es tout à moi, sache que je suis tout à toi. » Dieu brûle d’un désir extrême de s’unir à nous ; mais il faut que nous aussi, nous prenions soin de nous unir à lui. Jésus parle de deux arbres, le bon arbre qui porte un bon fruit, le mauvais arbre qui porte du mauvais fruit. Il est impossible que nous soyons le bon arbre qui porte de temps en temps du mauvais fruit. Nous pouvons laisser notre conscience s’endormir, et faire le contraire de ce que Jésus nous a enseigné, jusqu’à être crucifié pour nous. Nous ne devons pas nous laisser arrêter par nos fragilités. Au contraire, nous nous en servons comme d’un tremplin pour aller vers le cœur de Dieu plein de miséricordieuse tendresse. Le Carmel est une grande école ou l’on apprend à rencontrer le Dieu caché, à l’intime de soi-même : "O Trinité que j’adore," disait Élisabeth de la Trinité. Nous sommes une louange de gloire, temple de l’Esprit Saint, à l’école de la Vierge Marie ! Thérèse a tenu bon.
"Chaque arbre, en effet, se reconnaît à son fruit : on ne cueille pas des figues sur des épines ; on ne vendange pas non plus du raisin sur des ronces. Thérèse d’Avila, voyageait avec les moyens de transport qui la faisait beaucoup souffrir. Elle traversait son pays avec de jeunes religieuses pour fonder des monastères. Quand elle trouvait un abri dans l’auberge du pays, elle y passait la nuit dans les veilles. Sa vie était un pèlerinage, « une nuit passée dans une mauvaise auberge, » disait-elle. Elle s’est prononcée pour Jésus avec un grand amour. Quand elle avait acquis une maison dans un endroit propice, aussitôt Jésus, le Roi d’amour, était exposé dans le Saint Sacrement. Les sœurs, éclairées par Thérèse, pouvaient alors adorer leur Seigneur. C’est la puissance de Dieu qui agissait en elle comme elle agit toujours dans l’Église malgré et au travers de notre grande faiblesse. Pour rendre témoignage à son Amour et porter de bons fruits, Dieu nous donne son Esprit Saint. Il est l’Esprit Consolateur et le Maître de notre vie tout entière. L’accueillir, nous laisser être aimé par lui qui nous donne d’être nous-mêmes est notre appel. Il fait de nous ses témoins. Nous persévérons dans notre travail, dans notre famille et dans la société en témoins de Jésus.
"L’homme bon tire le bien du trésor de son cœur qui est bon ; et l’homme mauvais tire le mal de son cœur qui est mauvais : car ce que dit la bouche, c’est ce qui déborde du cœur. Nous demandons à Dieu la grâce de l’ardeur qui habitait le cœur de Thérèse. Aujourd’hui, elle resplendit de la beauté de Jésus qui nous demande aussi de vivre dans la lumière de l’Amour. La conscience de cet Amour change notre vie. C’est un ferment qui pénètre chaque instant de notre journée, chacune de nos relations. Nous nous laissons aimer gratuitement et sans mesure par le Dieu qui n’est qu’Amour et Miséricorde. Témoigner de cet amour est la gloire de Dieu dans notre vie. C’est le grand bonheur que nous ne pouvons pas garder pour nous. C’est dans la faiblesse humaine que se déploie la puissance de l’Amour infini de Dieu. Là est un grand mystère d’espérance. Dieu qui a ressuscité Jésus, agit dans notre faiblesse et dans notre misère. Les puissances du monde et de l’enfer peuvent se déchaîner, elles sont impuissantes face au souffle d’Amour du cœur de Dieu. Si quelqu’un se tient debout dans la foi, les yeux fixés sur Jésus le Sauveur, la force, le pouvoir du Christ agit en lui.
Nous demandons la grâce de comprendre la beauté et la puissance de l’amour infini de Dieu qui s’exerce dans notre faiblesse.
moine et poète arménien