L’une des plus anciennes églises d’Israël a été déterrée au pied de chutes d’eau à couper le souffle dans la pittoresque réserve naturelle de Panéas, dans le nord d’Israël. Cette rare église byzantine, datant d’environ 400 ans après l’ère commune, a été construite sur un temple de l’époque romaine dédié à Pan, le dieu grec dont le parc tire son nom.
Les bâtisseurs chrétiens du 4e et du 5e siècle ont adapté le temple païen romain pour répondre aux besoins de cette religion relativement nouvelle, explique le professeur Adi Erlich de l’université de Haïfa dans une brève vidéo en hébreu annonçant la découverte.
Il émet l’hypothèse que l’église a été construite pour commémorer les interactions significatives de Jésus avec Pierre – qui a reconnu son maître comme le Messie – qui ont eu lieu dans la région, appelée « Césarée de Philippe » au temps de Jésus.
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Selon certaines traditions chrétiennes, c’est dans cette région que Jésus a chargé Pierre d’établir le christianisme et a prononcé la célèbre phrase : « Tu es Pierre et, sur cette pierre, je bâtirai mon Église… Je te donnerai les clés du royaume des cieux », qui est consignée dans Matthieu 16:18.
Le Pérugin, « Le Christ donne les clés du royaume à Saint-Pierre », Chapelle Sixtine, 1481-83, fresque d’après Matthieu (16, 18-19). (Domaine public)
L’emplacement de la fouille est unique en ce qu’il combine une falaise, une grotte, des sources et une terrasse créées dans l’Antiquité par l’effondrement d’une partie de la falaise sur laquelle le temple a été construit, selon un communiqué de presse.
Adi Erlich a déclaré qu’aux alentours du 3e siècle avant l’ère commune, le culte du dieu Pan a commencé près de la grotte et de la source. Le temple a été construit vers l’an -20. Il est devenu un important centre chrétien avec son propre évêque à partir de -320.
Le temple en plein air, orné d’une architecture romaine classique et d’un petit bassin au centre, est identifié comme un temple de Pan grâce à une dédicace inscrite sur un autel au dieu satyre des bergers, de la musique et de la sexualité. La structure originale de l’architecture du temple romain a été christianisée et transformée en église.
Le sol en mosaïque décorés d’aspe et de croix d’une église byzantine datant d’environ l’an 400, découverts dans la réserve naturelle de Panéas. (Crédit : Yaniv Cohen)
Parmi les trouvailles chrétiennes figuraient de petites croix qui décoraient le sol en mosaïque de l’église. Le symbole de la croix s’est répandu dans l’iconographie chrétienne après le règne de Constantin, au milieu du 4e siècle. Une niche orientée vers l’est dans le temple païen, qui contenait peut-être une statue de Pan, a été réinventée en abside d’église.
Selon Adi Erlich, une « pierre très intéressante » a également été découverte, laquelle est parsemée de croix gravées. Il s’agit très probablement de l’équivalent des graffitis « J’étais là » gravé dans la roche par les pèlerins qui s’y rendaient aux 6e et 7e siècles.
Pierre de taille avec des croix incisées trouvée dans l’église byzantine d’environ 400 ans après l’ère commune, mise au jour dans la réserve naturelle de Panéas. (Crédit : Yaniv Cohen)
À un moment de son existence, l’église a subi des dommages à la suite d’un tremblement de terre, mais elle a été rénovée au 7e siècle, selon un communiqué de presse sur le site.
Iosi Bordowicz, responsable du patrimoine et de l’archéologie à l’Autorité israélienne des parcs et de la nature, décrit le parc national de Panéas comme rempli de vestiges archéologiques étonnants, qui s’étendent de la période romaine à l’époque des Croisés.
Sols en mosaïque ornés de croix dans l’église trouvée dans l’église byzantine d’environ 400 ans après l’ère commune, mise au jour dans la réserve naturelle de Panéas. (Crédit : Yaniv Cohen)
Les fouilles actuelles, menées en coopération avec l’université de Haïfa, font partie d’une grande variété d’activités entreprises ces dernières années pour préserver et conserver les œuvres archéologiques monumentales grâce à l’Autorité israélienne des parcs et de la nature, précise M. Bordowicz.
Il indique que les découvertes seront conservées et rendues accessibles aux milliers de touristes qui – en temps hors COVID-19 – viennent visiter les chutes d’eau à couper le souffle depuis le monde entier.