2022 Xavier Bertrand candidat à la présidentielle
retour vers le futur
Par Soazig Quéméner Publié le 25/03/2021 à 8:33
Le président de la région Hauts-de-France vient de déclarer sa candidature à la présidentielle dans "Le Point". Avec un programme de droite tout ce qu’il y a de plus classique. Décryptage.
Il affirme avoir « une conception gaullienne de l’élection présidentielle ». Après de multiples pré-déclarations, Xavier Bertrand vient de confirmer, dans Le Point qu’il serait bien candidat en 2022, sans passer par la case primaire. Un drôle de timing alors que la France encaisse de plein fouet la troisième vague épidémique. Mais qui s’explique par les gros doutes qui minent son ancien camp, les Républicains.
Le patron de la région Hauts-de-France est-il vraiment le candidat idoine pour sauver la droite de la malédiction qui tient l’ancien parti de Jacques Chirac loin de l’Élysée depuis 2012 ? Ces dernières semaines, c’est plutôt l’hypothèse d’une alliance avec Emmanuel Macron qui occupe les esprits depuis la condamnation en première instance de Nicolas Sarkozy. Le patron de LR, Christian Jacob ne veut pas en entendre parler et cherche, lui, un plan B, mais tout sauf un plan Bertrand. Dans cette configuration, une seule option se présentait pour celui qui se rêve en champion d’une « droite sociale et populaire » : prendre tout le monde de vitesse et tenter de s’imposer comme « le » candidat naturel, histoire de scier les jambes de ceux qui rêvent d’une primaire, au premier rang desquels le sénateur Bruno Retailleau.
"FRANCE ORANGE MÉCANIQUE"
Xavier Bertrand ne sera donc pas le représentant d’un parti, certes. Mais à lire la très longue interview qu’il donne au Point, il ne sera pas non plus le chantre d’une rupture idéologique. Regardé de travers chez LR depuis qu’il a reconnu dialoguer avec Arnaud Montebourg, le voilà qui revient sur une ligne très identifiée à droite, avec un diptyque « autorité, travail » que l’on croirait issu du programme de Nicolas Sarkozy en 2007. Il décrit, comme il l’avait déjà fait, une « France orange mécanique », « un pays gangrené par l’insécurité et la violence ». Il propose l’abaissement de la majorité pénale à 15 ans, l’expulsion automatique des étrangers condamnés à une peine de prison ferme et envisage un référendum pour porter la période de sécurité en matière de condamnation pour terrorisme à 50 ans. Il dénonce également l’abandon par Emmanuel Macron de la réforme des retraites, « prioritaire si nous voulons continuer à payer les pensions des retraités » et estime que la « valeur » travail doit « redevenir un élément structurant de notre projet de société ».
Dans son discours de la porte de Versailles en janvier 2007, Nicolas Sarkozy s’était présenté comme « un petit Français de sang mêlé ». Xavier Bertrand rappelle, lui, son passé d’ « agent d’assurances à Flavy-le-Martel, dans l’Aisne ». « Ce n’est pas la même chose que banquier d’affaires à Paris ou héritière », tacle-t-il en référence aux deux favoris de l’élection.
"RÉPUBLIQUE DES TERRITOIRES"
Nicolas Sarkozy avait « changé » ? Dans un drôle de mimétisme, son ancien ministre esquisse une forme de mea culpa : « J’ai été nommé ministre moins de deux ans après avoir été élu député. (…) J’ai tenté de me faire accepter en adoptant des codes et des attitudes qui n’étaient pas les miens. J’avais tort. Au final, j’ai pris conscience d’une chose : il faut rester soi-même. »
Seule nouveauté notable, Xavier Bertrand propose d’instaurer une « République des territoires » encore bien floue. « Pas une nouvelle étape de la décentralisation mais, dit-il, dans le respect de notre Constitution, un véritable changement de régime. Une nouvelle façon de conduire l’action publique au service d’une nouvelle façon de vivre, de travailler : la révolution par les territoires. » En clair, le président de la région Hauts-de-France souhaite transférer de vastes compétences aux collectivités locales. Une antienne rabâchée par la droite depuis l'élection d'Emmanuel Macron. Pas de quoi éteindre les ambitions élyséennes de ses concurrents.