Bonne fête aux Toussaint et à tous les saints

Le Vénérable Pierre Toussaint

(27 juin 1776? -- 30 juin 1853)

 Un géant d’humanité et de sainteté

Né en Haïti un 27 juin (probablement) entre 1774 et 1776 dans la vallée de l'Artibonite sur l'habitation Bérard, Pierre Toussaint a été constamment admiré non seulement de quelques descendants des familles qui le connaissaient, mais par beaucoup de fidèles de l’Eglise catholique. Son procès de béatification et canonisation envisagé aux environs de 1960 et officiellement introduit en 1988 vient donner écho à une conviction profonde de tous ceux qui l’ont connu: il est un géant d'humanité et de sainteté. L’héroïcité de ses vertus a été reconnue officiellement par l’Eglise (17 décembre 1996) qui l’inscrira peut-être un jour au nombre de ses "saints"...

Fils d’un dix-huitième siècle colonialiste et esclavagiste dont l’indépen­dance des Etats-Unis (1782), la Révolution française (1789), l’ère napoléonienne (1797) et la révolte victorieuse des esclaves de Saint-Domingue (1790-1804) vont marquer la fin, Pierre Toussaint porte les blessures et la force de celui qui a su traverser les hauts et les bas des circonstances de la vie avec une certitude intérieure absolue que rien ne pouvait ébranler: la conscience de sa dignité d’homme et de fils de Dieu.

Venu à New York en 1797 avec ses maîtres qui fuyaient le climat troublé de la colonie française de Saint-Domingue (aujourd'hui Haïti), il verra naître l’ère industrielle au début du dix-neuvième siècle, il comprendra l’importance des mouvements d’émancipation des noirs, il découvrira les dangers qui les guettent une fois la liberté retrouvée, il dépassera sa condition d’esclave en ne cherchant jamais à avoir les sentiments d’un maître à son tour malgré sa réussite économique, il travaillera à éduquer la conscience des blancs et à développer les talents des noirs...

En tout, égal à lui-même, il vivra l’Evangile au quotidien et en témoignera sans ostentation. Protestants et catholiques l’admiraient. Noirs et blancs le vénéraient. Confi­dent et conseiller des grands comme des humbles il a marqué profondément la vie de tous ceux qui l’ont rencontré. Le "pieux coiffeur de Broadway" n’est pas un héros national, il est beaucoup plus... et tous ceux qui l’ont connu affirment qu’il était un "saint"! Exemple authentique d’un choix évangélique consciemment assumé au coeur même de la réalité de l’esclavage; choix qui sera plus fortement maintenu ensuite comme noir libre. Exemple parfait de constructeur de la civilisation de l’amour dont on parle aujourd’hui, un "artisan de paix". Exemple simple de ce que nous devrions être si nous découvrions le trésor caché, la perle précieuse...

Quand Hannah Farnham Sawyer Lee (1780-1865) décida de rédiger la biographie de son vieil ami Pierre Toussaint, encore vivant, elle ne s’imaginait pas qu’elle était, peut-être, en train d’écrire une page du martyrologe de l’Église universelle.

Peu avant la fin de la rédaction, Pierre Toussaint mourait le 30 juin 1853. Ainsi la biographe a pu insérer rapidement le récit des derniers moments, des funérailles et du témoignage de respect que la presse de New York réserva à son ami. La même année elle déposait déjà le volume au "Clerk’s Office of the District Court of the District of Massachusetts" pour les droits d’auteur, sous le titre de Memoir of Pierre Toussaint, born a slave in St. Domingo (voir la traduction française de 1997: Mémoires de Pierre Toussaint, né esclave à Saint-Domingue (Haïti) avec introduction, notes et annexes du P. Maurice Elder Hyppolite). Pour rédiger ce texte, elle utilisa des notes de Mme Philip Jeremiah Schuyler ainsi que des témoignages d’autres amis de Pierre. Elle puisa aussi dans ses propres souvenirs puisqu’elle le connaissait personnellement. Elle n’hésite pas à exprimer son admiration pour Pierre et son opinion reflète le sentiment commun de tous ceux qui ont eu la chance de le rencontrer. Cette petite biographie est la source principale qui nous permet de connaître Pierre Toussaint, d’étudier et de comprendre d’autres documents le concernant (lettres et actes officiels) conservés à la Bibliothèque Publique de New York.

©MEH - 21 juin 2019 

Prière pour la Béatification du Vénérable Pierre Toussaint

D’après un texte qui se trouve sur le prie-Dieu derrière le maître-autel de la Cathédrale saint Patrick (New-York, 5th avenue) où les restes du Vénérable sont conservés.

 
Seigneur notre Dieu, Source d’amour et de miséricorde, nous te louons et rendons grâces pour la vie charitable et vertueuse de notre frère en Jésus-Christ, le Vénérable Pierre Toussaint.

A l’exemple de Jésus, notre Seigneur, Pierre t’a aimé totalement et par-dessus tout ; il a servi ton peuple avec générosité. Il assistait chaque jour à la messe et aidait dans leurs besoins, tant matériels que spirituels, les amis et les étrangers, les noirs et les blancs, les riches et les pauvres, les malades et les sans abri que l’on rencontrait à New-York au dix-neuvième siècle.

Si telle est ta volonté, Seigneur, fais que la sainteté du Vénérable Pierre Toussaint soit officiellement proclamée, afin que le monde connaisse cet Haïtien qui vécut à New-York et qui, ayant refusé de haïr ou d’être égoïste, a réalisé en plénitude les enseignements du Christ selon la Loi de l’Amour - Amour de Dieu, Amour du prochain.

Puissions-nous, à son exemple et par son intercession, compter à notre tour parmi les élus du ciel.

Nous t’en prions par Jésus-Christ, ton Fils, notre Seigneur. Amen.
 

La Fête de Tous les Saints
dite fête de la Toussaint
 

La Fête de Tous les Saints

"L'Église notre Mère, dit Mgr Gaume, a eu le talent de retracer, dans la division de son année liturgique, toute l'histoire du genre humain. Les quatre semaines de l'Avent, qui aboutissent à la naissance du Sauveur, nous rappellent les quatre mille ans pendant lesquels ce divin Messie fut attendu. Le temps qui s'écoule depuis Noël jusqu'à la Pentecôte nous redit toute la vie cachée, publique et glorieuse du Rédempteur, et cette partie de l'année se termine par l'Ascension de Jésus-Christ dans le Ciel et par la fondation de l'Église. L'intervalle qui sépare la Pentecôte de la Toussaint nous représente le pèlerinage de l'Église sur la terre, et cette nouvelle partie de l'année se termine encore par la fête du Ciel." Le Ciel, c'est le couronnement de la vie chrétienne, c'est l'éternel rendez-vous, c'est la récompense de nos devanciers sur la terre, ce doit être la nôtre un jour. Quelle force puise le chrétien dans la pensée du Ciel, au milieu des peines de la vie et des difficultés inhérentes à l'accomplissement du devoir!

Une sagesse toute divine a présidé à l'établissement de cette fête. Trois raisons principales ont engagé l'Église à l'instituer, au VIIè siècle. Il ne faut pas croire que tous les Saints aient ou puissent avoir leur jour de fête; tous les Saints n'ont pas reçu les honneurs de la canonisation; il y a une multitude innombrable de saints inconnus, qui s'augmente chaque jour par l'entrée au Ciel de nouveaux élus. Il convenait donc que, pour suppléer à l'impossibilité d'honorer chaque Saint, une fête commune fût instituée, dans laquelle nous puissions célébrer la mémoire de tous ces martyrs, de toutes ces vierges, de toutes ces saintes femmes, de tous ces confesseurs, en un mot, de tous ces héros de la vérité et de la vertu, nos pères et nos frères aînés dans la grande famille chrétienne: la fête de la Toussaint nous montre de la manière la plus heureuse l'Église de la terre et l'Église du Ciel se tendant la main.

De plus, les fêtes particulières des Saints passent généralement inaperçues pour la plupart des fidèles; la fête de tous les Saints ensemble leur permet de réparer une lacune dans l'accomplissement de ce grand devoir vis-à-vis du culte des Saints, et de leurs saints Patrons spécialement. Enfin nous avons d'immenses besoins sur la terre; il nous faut des modèles et des protecteurs: la fête de tous les Saints répond à ces besoins.

Abbé L. Jaud, Vie des Saints pour tous les jours de l'année, Tours, Mame, 1950

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