Bienvenue sur mon site Une innovation pour mes anciens lecteurs, désormais je traite de divers sujet, en premier La religion judéo chrétienne signé" Monique Emounah", pour ceux qui ne peuvent se déplacer à l'églises quelques soit la raison, et le lieu de leurs résidences ils peuvent suivre les offices du jour, la politique (LR) et les infos, la poésie et les arts en général. Mes écrits, signé (Alumacom) également mes promos de mes dernières parutions et quelquefois un rappel pour mes anciens écrits. Merci de votre attention,
5 Janvier 2022
ça s'est passé un...
5 Janvier
5 janvier 1477 : Mort de Charles le Téméraire
Charles le Téméraire, « Grand Duc d'Occident », trouve à 43 ans une mort tragique et solitaire en faisant le siège de Nancy, après qu'il eut été blessé d'un coup de hallebarde par l'un des Lorrains ou Suisses qu'il combattait.
Tous les regards se tournent aussitôt vers sa fille unique, Marie de Bourgogne, 20 ans à peine, plus riche héritière d'Europe. Son mariage avec l'héritier des Habsbourg va contribuer d'une manière décisive au rayonnement de cette famille dans les quatre siècles suivants.
Une mort Anonyme
Défait à Grandson puis à Morat par les Confédérés suisses, Charles le Téméraire s'était retourné contre le jeune duc de Lorraine René II (27 ans), qui lui a repris la ville de Nancy. Le 5 janvier 1477, par une matinée glaciale, n'ayant plus avec lui qu'une poignée de soldats, deux mille environ, il livre bataille à son ennemi qui bénéficie d'un effectif beaucoup plus nombreux, essentiellement composé de mercenaires suisses. Il a à ses côtés son demi-frère Antoine, dit le Grand Bâtard, qui lui a toujours été fidèle.
Antoine de Bourgogne, dit le Grand Bâtard de Bourgogne (1421, Lizy ;
5 mai 1504,Calais)Comme de bien entendu, ses troupes sont taillées en pièces. Lui-même disparaît dans la mêlée. Le lendemain, à Nancy où René célèbre son triomphe, un jeune page révèle au duc avoir vu Charles le Téméraire tomber de cheval.
René se rend en escorte sur le lieu indiqué par le page. Parmi plusieurs corps en partie dévorés par les loups et que les pillards ont déjà dépouillés de leurs vêtements, on croit reconnaître celui du Téméraire. Son médecin se penche sur le cadavre et l'identifie formellement d'après une cicatrice à la gorge et une bague restée au doigt.
« Son corps ne fut trouvé que deux jours après la bataille, couvert de boue, pris dans la glace, et tellement défiguré, qu’on ne le reconnut qu’a la longueur de sa barbe et de ses ongles, qu’il avait laissé croître depuis la bataille de Morat, et à une cicatrice qu’il avait au visage » (L’art de vérifier les dates des faits historiques, par un religieux bénédictin, Paris, 1784).
Le dimanche suivant, 12 janvier, la dépouille de Charles le Téméraire est solennellement inhumée dans la collégiale Saint-Georges de Nancy. Elle sera plus tard transférée à Bruges, près de sa fille Marie, sur ordre de son petit-fils Charles Quint.
Une succession convoitée
Sitôt le duc de Bourgogne enterré, sa fille Marie est l'objet de fortes pressions de la part des souverains mais aussi des bourgeois flamands.
Marie de Bourgogne (Bruxelles, 13 février 1457- Bruges, 27 mars 1482)
Les États de Flandre, réunis à Gand dès janvier, se hâtent de la proclamer héritière légitime mais c'est à la condition qu'elle renonce aux ordonnances centralisatrices de son père (le « Grand Privilège ») et reconnaisse leurs franchises communales. Qui plus est, elle ne peut empêcher les Flamands d'arrêter, torturer, condamner à mort et décapiter les deux fidèles conseillers de son père, le chancelier Hugonet et le sire de Humbercourt.
Pour sa part, le roi de France Louis XI envoie ses troupes faire le siège de Dijon, en vue de faire rentrer le duché de Bourgogne dans le domaine royal. Les Bourguignons se défendent mollement. Plus coriaces se montrent ceux du comté de Bourgogne (la Franche-Comté), une terre d'Empire qui fait allégeance à l'empereur allemand.
En manque de protecteur, Marie choisit d'honorer les engagements de son père et d'épouser l'archiduc Maximilien de Habsbourg, fils de l'empereur Frédéric III. Elle le juge le mieux à même de la défendre contre la convoitise de Louis XI.
Cerise sur le gâteau, le jeune et beau prince de 18 ans est immédiatement séduit par sa promise quand il la rencontre officiellement à Gand. La séduction est réciproque et le mariage est célébré le 19 août 1477. Les deux jeunes mariés vont vivre une relation passionnée, marquée par la naissance de deux enfants dont leur futur héritier Philippe, que l'on surnommera plus tard le Beau, et une fille, Marguerite d'Autriche.
Maximilien se révèle également courageux. Le 7 août 1479, à Guinegatte (ou Enguinegatte), au nord-ouest d'Arras, il affronte en personne les troupes de Louis XI, au milieu de ses soldats et des milices flamandes. Sa victoire à l'arraché ne lui permet toutefois pas de reprendre Arras au roi de France.
Marie de Bourgogne à la chasse au faucon (armoirie historiée)
Détresse amoureuse
Hélas, le bonheur de Marie et Maximilien prend fin tragiquement au bout de seulement cinq ans. La jeune duchesse, passionnée par la chasse, fait une chute malheureuse de cheval et meurt de ses blessures le 27 mars 1482, après trois semaines d'agonie.
Peu après sa disparition, Louis XI et l'empereur Frédéric III, l'un et l'autre las et vieillissants, mettent fin à la guerre de succession de Bourgogne. Ils concluent le traité d'Arras du 23 décembre 1482 par lequel Marguerite (3 ans), fille de Marie, est promise en mariage au Dauphin Charles. Ce traité, qui solde l'héritage de Charles le Téméraire, est un immense succès politique pour le roi de France. Il suscite d'ailleurs des feux de joie partout dans le royaume.
Marguerite d'Autriche (1480-1530), portrait par Bernard Van Orley
La promise apporte en dot à la France « la » France Comté de Bourgogne (Besançon), les comtés d'Artois (Arras), du Charolais, d'Auxerre, de Mâcon ainsi que d'autres seigneuries.
Le traité ne faisant pas mention du duché de Bourgogne (Dijon), du comté de Boulogne et des villes de la Somme, il valide sans le dire leur retour à la France.
Mais finalement, le Dauphin, devenu le roi Charles VIII, préfèrera épouser Anne de Bretagne (et son duché), renonçant de ce fait à Marguerite et à sa dot.
Un deuxième traité, conclu à Senlis le 23 mai 1493, va entériner le nouvel état des lieux. Le duché de Bourgogne restera à la France et la Franche-Comté aux Habsbourg (ce n'est qu'en 1678, avec le congrès de Nimègue, qu'elle deviendra définitivement française).
Malgré elle au centre de ces manigances diplomatiques, la petite Marguerite de Bourgogne est mariée pour de bon à un infant d'Espagne. Devenue veuve, elle se remarie avec Philibert le Beau et connut auprès de lui quatre années de félicité. Veuve une deuxième fois, elle se consacra à l'éducation de son neveu, le futur empereur Charles Quint, et à la construction du monastère royal de Brou.
5 janvier 1649 : Anne d'Autriche et Mazarin fuient Paris
Le 5 janvier 1649, Anne d'Autriche et Mazarin quittent Paris. Avec le jeune roi Louis XIV, ils se réfugient à Saint-Germain-en-Laye et attendent que la Fronde parlementaire se détruise par ses propres excès.
5 janvier 1757 : Attentat de Damiens
Le 5 janvier 1757, le roi Louis XV se rend au chevet de sa fille Victoire, alitée. Il s'apprête à monter dans son carrosse, devant le château de Versailles, quand un homme se glisse entre les gardes et lui porte un coup entre les côtes avec un canif à lame de 8 cm. Le roi porte la main à sa blessure cependant que les gardes se saisissent de l'assassin, un déséquilibré du nom de Robert Damiens. Le premier chirurgien, La Martinière, sonde la blessure mais celle-ci se révèle heureusement superficielle, le roi ayant été protégé par d'épaisses couches de vêtements en soie.
Reste que cette tentative d'assassinat est punie d'une façon démesurée. Rien moins que le sort de Ravaillac, assassin d'Henri IV : la mort par écartèlement et le bûcher. À l'énoncé de la sentence, Damiens bougonne : « La journée sera rude » ! Ce supplice d'un autre temps, qui dure plusieurs heures, horrifie les esprits sensibles. Le roi, que ses sujets surnommaient naguère le Bien-Aimé, commence à devenir impopulaire...
5 janvier 1875 : Inauguration de l'Opéra
Le 5 janvier 1875 a lieu la représentation inaugurale de l'Opéra de Paris en présence du président de la République, le maréchal de Mac-Mahon, de la reine mère d'Espagne, du lord-maire de Londres ainsi que d'environ 2500 spectateurs.
L'architecte Charles Garnier n'a pas été invité et a dû payer sa place. Il n'en est pas moins acclamé par le public...
Suite de l'article
5 janvier 1895 : Dégradation du capitaine Dreyfus
Le 5 janvier 1895, le capitaine Alfred Dreyfus est solennellement dégradé dans la cour de l'École Militaire, à Paris, sous l'inculpation de haute trahison. Il sera ensuite envoyé à l'île du Diable, en Guyane. La campagne de réhabilitation va donner lieu à une Affaire judiciaire sans précédent, mobilisant dreyfusards contre antidreyfusards.
Parmi les premiers, Mathieu Dreyfus, frère du condamné, le lieutenant-colonel Picquart, le sénateur Scheurer-Kestner, le député Joseph Reinach, Georges Clemenceau, Émile Zola, Charles Péguy...
Suite de l'article
5 janvier 1875 : Inauguration de l'Opéra
Le 5 janvier 1875 a lieu la représentation inaugurale de l'Opéra de Paris en présence du président de la République, le maréchal de Mac-Mahon, de la reine mère d'Espagne, du lord-maire de Londres ainsi que d'environ 2500 spectateurs.
L'architecte Charles Garnier n'a pas été invité et a dû payer sa place. Il n'en est pas moins acclamé par le public.
Malédictions princières
L'Opéra-Garnier est la treizième salle d'opéra construite à Paris depuis la fondation de cette institution par Louis XIV en 1669.
En 1781 a été hâtivement construite la salle de la Porte-Saint-Martin. Vient la salle Montansier en 1794, dans la rue de la Loi (aujourd'hui square Louvois). Pour la première fois, dans cette salle, les spectateurs sont assis.
L'opéra devient au XIXe siècle le divertissement mondain par excellence. Il reçoit régulièrement les souverains et la haute société. L'écrivain Théophile Gautier (1811-1872) le qualifie avec justesse de « cathédrale mondaine de la civilisation ».
Rien d'étonnant donc à ce que des terroristes y commettent leurs exploits. Cela commence le 24 décembre 1800 avec une machine infernale qui vise le cortège du Premier Consul Napoléon Bonaparte, sur le chemin des Tuileries à l'Opéra.
Plus grave, le 13 février 1820, le duc de Berry, neveu et héritier du roi Louis XVIII, est assassiné sur les marches de l'Opéra. Les autorités décident de déplacer l'Opéra en un autre lieu. Ce sera la salle Favart, puis la salle Louvois, enfin, en 1821, la salle Le Peletier, dans la rue du même nom.
Le 14 janvier 1858, nouveau drame. Au sortir de la salle de la rue Le Peletier, le cortège de Napoléon III (*) est atteint par les bombes du terroriste Felice Orsini. On relève huit morts. L'empereur décide illico de faire reconstruire l'Opéra en un lieu plus sûr et bien dégagé. Ce sera l'extrémité nord de l'avenue du Palais Royal (aujourd'hui avenue de l'Opéra), dans le quartier des affaires et du commerce, alors en plein développement, près du Grand Hôtel.
Un style déroutant pour une époque fastueuse
Pour la première fois, la commande fait l'objet d'un concours d'architecture. Parmi 171 projets en compétition, le favori est celui d'Eugène Viollet-le-Duc, protégé de l'impératrice Eugénie.
Contre toute attente, c'est le projet de Charles Garnier, un inconnu de 35 ans (note), qui remporte les faveurs du jury présidé par le prince Walewski.
Selon ses propres mots, l'architecte a voulu concevoir un « monument à l'art, au luxe, au plaisir ». À l'impératrice qui lui demande de quel style il s'agit, il répond : « Mais... du Napoléon III, Madame ! ».
Son oeuvre, surnommée Opéra-Garnier ou Palais Garnier, reste le principal représentant du style architectural Napoléon III, baroque et fantasque, à l'image du mode de vie joyeux et festif de la haute société du Second Empire. On en retrouve des éléments dans les réalisations postérieures de la Troisième République (le Grand Palais par exemple).
Ce style se rattache à un courant artistique en vogue dans toute l'Europe : l'historicisme (ainsi nommé parce qu'il emprunte aux styles du passé).
La construction de la nouvelle salle est engagée en 1860 par le baron Georges-Eugène Haussmann, préfet de la Seine. Elle se heurte à de nombreuses embûches, à commencer par la présence d'une nappe d'eau souterraine sur laquelle l'architecte doit asseoir les fondations de l'immeuble. Cette réserve d'eau servira plus tard de cadre au roman de Gaston Leroux, Le fantôme de l'Opéra.
Pendant la guerre franco-prussienne de 1870-1871, le bâtiment inachevé est transformé en magasin. Charles Garnier doit ensuite composer avec les crédits que lui alloue chichement la IIIe République. Mais l'incendie de la salle Le Peletier, le 28 octobre 1873, donne un coup de fouet aux travaux et permet de boucler enfin le chantier quinze ans après son ouverture.
Large de cent mètres et haute de soixante, la façade compte sept arcades monumentales ornées de sculptures allégoriques comme La Musique et La Danse de Carpeaux. Le dôme est lui-même couronné de groupes sculpturaux spectaculaires. À l'intérieur, on admire surtout le grand escalier d'honneur et ses trente colonnes monolithes en marbre.
La salle de spectacle rouge et or accueille 2130 spectateurs avec orchestre et balcons en demi-cercle autour d'une scène à l'italienne. Le plafond a été décoré en 1965 par le peintre Marc Chagall, sur une commande du ministre des affaires culturelles André Malraux.
Dans les années 1980, le palais Garnier a été déclassé au profit de l'Opéra-Bastille, construit par Carlos Ott. Il est officiellement devenu le Palais de la Danse.
5 janvier 1895 : Dégradation du capitaine Dreyfus
Le 5 janvier 1895, le capitaine Alfred Dreyfus est solennellement dégradé dans la cour de l'École Militaire, à Paris. Il a été condamné au bagne à vie pour haute trahison et espionnage au profit de l'Allemagne. « Dreyfus n'a exprimé aucun regret, fait aucun aveu, malgré les preuves irrécusables de sa trahison. Il doit en conséquence être traité comme un malfaiteur endurci tout à fait indigne de pitié » peut-on lire dans le compte-rendu du Matin.
L'« Affaire » proprement dite commence un an plus tard avec la découverte de faits nouveaux par le lieutenant-colonel Picquart. Il apparaît à ce dernier que le capitaine a été accusé à la place d'un autre. L'erreur judiciaire est manifeste. Mais est-il pensable que la justice militaire reconnaisse une erreur en ces temps de grande tension internationale ? Le droit et la vérité doivent-ils prévaloir sur l'honneur de l'Armée et la sécurité du pays ? L'opinion publique va se déchirer pendant plusieurs années sur ces questions essentielles. En définitive, la démocratie et l'honneur de la France l'emporteront...
André Laramé
Une condamnation sans histoire
L'affaire Dreyfus débute comme une banale affaire d'espionnage militaire par la découverte d'un bordereau adressé par un officier français à l'attaché militaire de l'ambassade allemande, le major Schwartzkoppen.
Madame Bastian, femme de ménage à l'ambassade, avait récupéré le bordereau le 26 septembre 1894 dans une corbeille à papier et l'avait remis au service français de contre-espionnage pour lequel elle travaillait en secret.
Le général Pierre Auguste Léon Mercier, ministre de la Guerre.Le soir même, le colonel Henry entrevoit dans le document la trahison d'un officier d'état-major.
En l'absence du général de Boisdeffre, chef de l'état-major, le général Auguste Mercier, ministre de la Guerre, est immédiatement informé et ordonne une enquête discrète.
Les soupçons se tournent très vite vers le capitaine d'artillerie Alfred Dreyfus, stagiaire au deuxième bureau de l'état-major, qui a été en contact avec les différents services auxquels il est fait allusion dans le bordereau. Le ministre de la Guerre suggère de confier l'enquête sur le bordereau au commandant Armand du Paty de Clam.
Le 6 octobre 1894, celui-ci convoque Alfred Dreyfus et, sous le prétexte d'une blessure à la main, lui demande de rédiger une lettre sous sa dictée.
Le commandant Armand du Paty de Clam par Eugène Pirou. À peine Dreyfus s'est-il exécuté que Du Paty de Clam l'accuse d'être l'auteur du fameux bordereau. Il lui tend un pistolet et lui suggère de se suicider pour échapper au déshonneur, ce à quoi Dreyfus, qui tombe des nues, se refuse. Il est aussitôt mis au secret à la prison de la rue du Cherche-Midi.
Alors commence la tragédie. Sollicité par les enquêteurs, le célèbre Alphonse Bertillon, chef du service de l'identité judiciaire (et inventeur de l'identification par les empreintes digitales), confirme les soupçons du commandant du Paty de Clam, contre l'avis d'autres graphologues plus prudents mais moins prestigieux.
Dreyfus est arrêté le 15 octobre 1894 sous l'inculpation de haute trahison. Il échappe à la guillotine en vertu d'une loi de la IIe République qui a aboli la peine de mort pour les crimes politiques. Le 22 décembre 1894, il est donc« seulement » condamné au bagne à vie par un tribunal militaire.
Dégradé le 5 janvier 1895 dans la cour des Invalides, il part pour l'île du Diable, en Guyane.
Personne en France ne doute alors de sa culpabilité. Jean Jaurès lui-même s'étonne le 24 décembre, à la Chambre des députés, qu'on ne l'ait pas plutôt fusillé que banni. Deux jours plus tard, dans La Dépêche du Midi, le grand leader socialiste écrit que l'« on a surpris un prodigieux déploiement de la puissance juive pour sauver l'un des siens. »
Beaucoup de Français pensent de même, considérant que la justice militaire est trop indulgente pour les bourgeois de sa sorte. Certains, qui plus est, commencent à se dire que l'on ne peut décidément pas faire confiance à un israélite ! Pour eux, « cosmopolitisme juif » et patriotisme sont incompatibles.
Le quotidien antisémite d'Édouard Drumont, La Libre Parole, qui tire à environ 500 000 exemplaires, mais aussi La Croix, quotidien catholique de la congrégation des Assomptionnistes (170 000 exemplaires), mènent une campagne contre la présence d'officiers juifs dans l'armée. « Dans toute vilaine affaire il n'y a que des Juifs. Rien de plus facile que d'opérer un bon nettoyage », écrit le second (14 novembre 1894).
Il n'y a guère que sa femme Lucie et son frère Mathieu qui persistent à croire à l'innocence du capitaine. Ils entretiennent une longue correspondance avec celui-ci, qui, sur l'île du Diable, survit dans le seul espoir de faire reconnaître la vérité. Il doit supporter les brimades de l'administration pénitentiaire à son égard (enfermement entre deux palissades pour ne pas voir la mer, enchaînement la nuit à son lit pendant plusieurs semaines, privation d'informations sur l'extérieur...).
Capitaine courageux
Alfred Dreyfus vers 1894.Né à Mulhouse 35 ans plus tôt, Alfred Dreyfus appartient à la bourgeoisie alsacienne. Sa famille, d'origine israélite, est très riche. Elle s'est en partie établie en France après l'annexion de l'Alsace par l'Allemagne en 1871.
Lui-même a fait ses études à l'École Polytechnique puis à l'École d'Artillerie et du Génie de Fontainebleau. Brillant officier et ardent patriote, il entre à l'École de Guerre et passe à l'état-major peu après son mariage à la synagogue avec Lucie Hadamart.
Ce parcours sans faute, ainsi que sa prestance intellectuelle, sa fortune familiale et ses origines alsaciennes et israélites lui valent de nombreuses jalousies.
Le doute s'installe
Tout se corse en mars 1896, alors que l'opinion publique a pratiquement tout oublié de cette histoire d'espionnage...
- Mars-Octobre 1896 : du « petit bleu » au « faux Henry » :
Le lieutenant-colonel Picquart, au moment de l’affaire Dreyfus et du procès Zola.Le commandant Georges Picquart, qui vient d'accéder à la direction de la « Section de statistique » (le contre-espionnage), met la main sur un pneumatique (un « petit bleu »).
Tout comme le bordereau, il a été récupéré par Madame Bastian dans les poubelles de l'ambassade d'Allemagne et révèle une correspondance entre Schwartzkoppen et un officier français d'origine hongroise, le commandant Charles Walsin-Esterhazy, joueur et passablement débauché.
Picquart découvre que le procès de Dreyfus est fondé sur un dossier secret contenant des pièces trafiquées et sans valeur. Il fait part de ses doutes au général de Boisdeffre, chef de l'état-major, et au général Arthur Gonse, son adjoint, qui lui enjoignent de n'en rien dire. Picart obtempère mais poursuit son enquête en l'absence de contre-ordre. Son efficacité à la tête du service lui vaut même de devenir en avril 1896 le plus jeune lieutenant-colonel de France !
Là-dessus, comme la famille Dreyfus commence de jeter le trouble dans l'opinion par des articles dans la presse sur les protestations d'innocence du capitaine, le général Gonse renouvelle la consigne de silence à Piquart le 15 septembre 1896 : « Si vous ne dites rien, personne ne le saura ».
Pour plus de sûreté, la hiérarchie militaire décide d'éloigner Picquart. Le fringant officier est donc réduit au silence par un limogeage en Tunisie.
En octobre 1896, le colonel Henry, adjoint de Picquart à la Section de statistique, est sommé par sa hiérarchie d'écarter les soupçons pesant sur Esterhazy. Il a déjà décrypté le bordereau à l'origine de l'Affaire. Voilà qu'il produit opportunément un bordereau qui accable Dreyfus : une correspondance adressée par l'attaché militaire Panizzardi à son collègue allemand Schwarzkoppen... et dont on découvrira plus tard qu'il s'agit d'un faux.
La lecture du jugement à l'issue du conseil de guerre acquittant Esterhazy, Le Petit Journal, 23 Janvier 1898. L'agrandissement montre Esterhazy au procès Zola, gravure de Fortuné Méaulle, Le Journal illustré, 27 février 1898.
- Novembre 1897 : la chance met Mathieu Dreyfus sur la piste d'Esterhazy :
Entre temps, la famille du capitaine Dreyfus fait appel au journaliste Bernard-Lazare pour chercher des motifs de réviser le procès.
Bernard-Lazare (31 ans), de son vrai nom Lazare Bernard, est un critique littéraire de confession israélite connu pour ses articles acerbes et ses convictions anarchistes.
Il publie en novembre 1896 une brochure : L'erreur judiciaire, la vérité sur l'affaire Dreyfus, sans rencontrer guère d'écho, sauf auprès du vieux sénateur de Strasbourg, Auguste Scheurer-Kestner.
Un an passe. Début novembre 1897, un banquier avertit Mathieu Dreyfus qu'il a reconnu l'écriture de l'un de ses clients dans le fameux bordereau. Et ce client n'est autre que... le commandant Esterhazy.
Georges Picquart, en permission à Paris où il tente de régler une affaire de coeur avec sa maîtresse Pauline Monnier, découvre que son appartement a été perquisitionné. Il comprend que ses supérieurs le soupçonnent d'avoir informé la famille Dreyfus. Craignant pour sa carrière, il demande conseil à un ami, l'avocat Louis Leblois, sous le sceau du secret. Mais Leblois, embarrassé par le poids de ces informations, les communique au sénateur Auguste Scheurer-Kestner sans lui en révéler la source.
Le 14 novembre 1897, le sénateur Scheurer-Kestner publie dans Le Temps une lettre où il annonce des faits nouveaux et assure de l'innocence de Dreyfus, sans toutefois apporter les preuves de ses accusations.
Le lendemain, Mathieu Dreyfus ne s'embarrasse pas de précautions et dénonce Esterhazy comme le véritable auteur du bordereau.
Le patriotisme contre les principes
Le frère du condamné, Mathieu Dreyfus, le vice-président du Sénat, Scheurer-Kestner, et le député Joseph Reinach obtiennent enfin qu'Esterhazy soit traduit en conseil de guerre.
Le 11 janvier 1898, Esterhazy, qui a lui-même demandé à être jugé, est triomphalement acquitté par un conseil de guerre malgré les graves présomptions qui pèsent sur lui. Au procès, le colonel Henry produit opportunément son bordereau qui accable Dreyfus.
Contre toute attente, c'est le lieutenant-colonel Georges Picquart qui fait les frais du procès. Toujours soucieux de protéger ses arrières, il s'est abstenu de révéler les résultats de son enquête et notamment l'implication du ministre de la Guerre Auguste Mercier et de l'état-major dans le trucage du procès Dreyfus. Accusé d'avoir fabriqué le « petit bleu », il est incarcéré au Mont-Valérien.
Le président du Conseil Jules Méline déclare un peu vite : « Il n'y a pas d'affaire Dreyfus ! » En fait, l'Affaire commence.
À Paris, chacun prend parti et l'Affaire prend vite un tour politique :
– Il y a d'un côté ceux qui considèrent qu'on ne transige pas avec les principes et que Dreyfus, comme tout citoyen a droit à un procès équitable ; ce sont les « dreyfusards ».
Parmi eux beaucoup de pacifistes de gauche et des chrétiens fervents comme l'écrivain Charles Péguy. Mais aussi le grand quotidien conservateur Le Figaro, qui ouvre ses colonnes dès le 16 mai 1896 à un plaidoyer d'Émile Zola intitulé « Pour les Juifs ». Le même journal publie les communiqués d'Auguste Scherer-Kestner, sénateur alsacien et dreyfusard, ainsi que de Mathieu Dreyfus. Enfin, le 25 novembre 1897, il publie une célèbre diatribe de Zola : « La vérité est en marche et rien ne l'arrêtera plus ».
– De l'autre côté, les « antidreyfusards » considèrent que l'intérêt national prime sur les droits de la personne ; en l'occurence, dans une période de crise internationale où la France n'attend qu'une occasion pour prendre sa revanche sur l'« ennemie héréditaire » (l'Allemagne), il n'est pas question de porter atteinte au moral de l'armée avec un procès en révision de Dreyfus, que celui-ci soit innocent ou pas !
L'origine israélite et bourgeoise de Dreyfus contribue à attiser les passions, l'antisémitisme venant au secours d'un patriotisme dévoyé (mais on convient avec l'historien Vincent Duclert qu'il y aurait eu une Affaire même si Dreyfus n'avait pas été juif...).
Si la capitale se passionne pour l'Affaire, la France profonde lui reste globalement indifférente malgré les efforts de Jean Jaurès, devenu dreyfusard, pour convaincre le monde ouvrier que la justice n'a pas de classe et que l'on doit défendre Dreyfus, tout bourgeois qu'il soit.
Phénomène inédit : dans les capitales européennes comme à Paris, l'opinion éclairée se passionne pour le sort de Dreyfus. C'est la première fois qu'une affaire judiciaire et politique retentit au-delà des frontières nationales. Et, à la différence des Français, notons-le, les étrangers sont massivement dreyfusards.
Plateau TV avec René Rémond sur la dégradation du capitaine Dreyfus, source : INA
De l'Affaire à Israël
Parmi les nombreuses conséquences de l'Affaire Dreyfus en France et dans le monde, notons celle-ci : un jeune journaliste hongrois d'origine juive, Theodor Herzl, suit l'Affaire dès le premier procès de Dreyfus. Révolté par l'antisémitisme français, il en conclut à la nécessité de créer un État juif pour accueillir ses coreligionnaires et publie un livre pour les en convaincre. Israël est ainsi né de l'injustice faite à Dreyfus.
Un coup de théâtre venant de l'une des plus grandes sommités intellectuelles du pays va dégager l'horizon...
Bibliographie
De l'abondante bibliographie sur Dreyfus, on peut retenir l'excellent et très beau livre de Jean-Denis Bredin, de l'Académie française, simplement intitulé : L'Affaire (Fayard/Julliard, 1993, 856 pages). Plus près de nous, soulignons l'intérêt des ouvrages consacrés à l'Affaire et à ses protagonistes par les historiens Vincent Duclert et Philippe Oriol. L'Affaire a aussi inspiré les cinéastes, jusqu'à Roman Polanski, en 2019, avec J'Accuse (en fait un film centré sur le lieutenant-colonel Picquart).
Plateau TV avec René Rémond sur la dégradation du capitaine Dreyfus
Pour en savoir plus, rendez-vous sur : http://www.herodote.net/5_janvier_1895-evenement-18950105.php
– Il y a d'un côté ceux qui considèrent qu'on ne transige pas avec les principes et que Dreyfus, comme tout citoyen a droit à un procès équitable ; ce sont les « dreyfusards ».
Parmi eux beaucoup de pacifistes de gauche et des chrétiens fervents comme l'écrivain Charles Péguy. Mais aussi le grand quotidien conservateur Le Figaro, qui ouvre ses colonnes dès le 16 mai 1896 à un plaidoyer d'Émile Zola intitulé « Pour les Juifs ». Le même journal publie les communiqués d'Auguste Scherer-Kestner, sénateur alsacien et dreyfusard, ainsi que de Mathieu Dreyfus. Enfin, le 25 novembre 1897, il publie une célèbre diatribe de Zola : « La vérité est en marche et rien ne l'arrêtera plus ».
– De l'autre côté, les « antidreyfusards » considèrent que l'intérêt national prime sur les droits de la personne ; en l'occurence, dans une période de crise internationale où la France n'attend qu'une occasion pour prendre sa revanche sur l'« ennemie héréditaire » (l'Allemagne), il n'est pas question de porter atteinte au moral de l'armée avec un procès en révision de Dreyfus, que celui-ci soit innocent ou pas !
L'origine israélite et bourgeoise de Dreyfus contribue à attiser les passions, l'antisémitisme venant au secours d'un patriotisme dévoyé (mais on convient avec l'historien Vincent Duclert qu'il y aurait eu une Affaire même si Dreyfus n'avait pas été juif...).
Si la capitale se passionne pour l'Affaire, la France profonde lui reste globalement indifférente malgré les efforts de Jean Jaurès, devenu dreyfusard, pour convaincre le monde ouvrier que la justice n'a pas de classe et que l'on doit défendre Dreyfus, tout bourgeois qu'il soit.
Phénomène inédit : dans les capitales européennes comme à Paris, l'opinion éclairée se passionne pour le sort de Dreyfus. C'est la première fois qu'une affaire judiciaire et politique retentit au-delà des frontières nationales. Et, à la différence des Français, notons-le, les étrangers sont massivement dreyfusards.
Plateau TV avec René Rémond sur la dégradation du capitaine Dreyfus, source : INA
De l'Affaire à Israël
Parmi les nombreuses conséquences de l'Affaire Dreyfus en France et dans le monde, notons celle-ci : un jeune journaliste hongrois d'origine juive, Theodor Herzl, suit l'Affaire dès le premier procès de Dreyfus. Révolté par l'antisémitisme français, il en conclut à la nécessité de créer un État juif pour accueillir ses coreligionnaires et publie un livre pour les en convaincre. Israël est ainsi né de l'injustice faite à Dreyfus.
Un coup de théâtre venant de l'une des plus grandes sommités intellectuelles du pays va dégager l'horizon...
Bibliographie
De l'abondante bibliographie sur Dreyfus, on peut retenir l'excellent et très beau livre de Jean-Denis Bredin, de l'Académie française, simplement intitulé : L'Affaire (Fayard/Julliard, 1993, 856 pages). Plus près de nous, soulignons l'intérêt des ouvrages consacrés à l'Affaire et à ses protagonistes par les historiens Vincent Duclert et Philippe Oriol. L'Affaire a aussi inspiré les cinéastes, jusqu'à Roman Polanski, en 2019, avec J'Accuse (en fait un film centré sur le lieutenant-colonel Picquart).