2 Juin 2022
Saint Pothin, évêque
Sainte Blandine, vierge
et leurs compagnons
Martyrs († 177)
I
Pothin fut le premier évêque de Lyon. Il venait de l'Asie, avait été formé à l'école de saint Polycarpe, évêque de Smyrne, et envoyé par lui dans les Gaules. Pothin, après avoir gagné un grand nombre d'âmes à Jésus-Christ, fut arrêté sous le règne de Marc-Aurèle. Il était âgé de quatre-vingt-dix ans, faible et tout infirme ; son zèle et le désir du martyre soutenaient ses forces et son courage. Conduit au tribunal au milieu des injures de la populace païenne, il fut interrogé par le gouverneur, qui lui demanda quel était le Dieu des chrétiens : « Vous le connaîtrez si vous en êtes digne » répondit l'évêque. À ces mots, la multitude furieuse se précipite contre lui ; ceux qui étaient plus près le frappèrent à coups de pieds et à coups de poings, sans aucun respect pour son âge. Le vieillard conservait à peine un souffle de vie quand il fut jeté en prison, où il expira peu après.
Le récit du martyre des compagnons de saint Pothin est une des plus belles pages de l'histoire de l'Église des premiers siècles. Le diacre Sanctus supporta sans faiblir toutes les tortures, au point que son corps était devenu un amas informe d'os et de membres broyés et de chairs calcinées ; au bout de quelques jours, miraculeusement guéri, il se trouva fort pour de nouveaux supplices. Il ne voulait dire à ses bourreaux ni son nom, ni sa patrie, ni sa condition ; à toutes les interrogations il répondait : « Je suis chrétien ! » Ce titre était tout pour lui ; livré enfin aux bêtes, il fut égorgé dans l'amphithéâtre. Maturus eut à endurer les mêmes supplices que le saint diacre ; il subit les verges, la chaise de fer rougie au feu, et fut enfin dévoré par les bêtes féroces. Le médecin Alexandre, qui, dans la foule des spectateurs, soutenait du geste le courage des martyrs, fut saisi et livré aux supplices.
Attale, pendant qu'on le grillait sur une chaise de fer, vengeait les chrétiens des odieuses imputations dont on les chargeait indignement : « Ce ne sont pas, disait-il, les chrétiens qui mangent les hommes, c'est vous ; quand à nous, nous évitons tout ce qui est mal. » On lui demanda comment s'appelait Dieu : « Dieu, dit-il, n'a pas de nom comme nous autres mortels. »
Il restait encore le jeune Ponticus, âgé de quinze ans, et l'esclave Blandine, qui avaient été témoins de la mort cruelle de leurs frères ; Ponticus alla le premier rejoindre les martyrs qui l'avaient devancé ; Blandine, rayonnante de joie, fut torturée avec une cruauté particulière, puis livrée à un taureau, qui la lança plusieurs fois dans les airs ; enfin elle eut la tête tranchée.
II
"La violence de la persécution a été telle, la fureur des païens contre les saints et les souffrances endurées par les bienheureux martyrs ont été si véhémentes que nous ne saurions les décrire complètement." Ainsi commence la lettre que les Églises de Lyon et de Vienne adressèrent aux Églises d'Asie Mineure au lendemain de la persécution déclenchée par l'empereur Marc-Aurèle. Nombre de chrétiens de Lyon et de Vienne sont mis en prison. Parmi eux, l'évêque de Lyon saint Pothin, le jeune Vettius qui voulait prendre la défense de ses frères, le diacre de Vienne, Sanctus, le nouveau baptisé Maturus, la petite esclave Blandine et le tout jeune Ponticus. On les livre à la haine de la population, on les torture pour les forcer à renier leur foi. Quelques-uns abjurent; la plupart confessent leur foi au milieu des supplices. Beaucoup succombent dans la prison. Les survivants sont jetés aux fauves. C'est alors que - coup de théâtre - ceux qui avaient abjuré sont comme enfantés à nouveau à la foi par la mort de leurs frères. Ils rejettent leur abjuration, confessent à nouveau leur foi et partagent le martyre des premiers. Le martyre de Blandine frappa tous ceux qui le virent. "Après les fouets, les bêtes, le gril, elle fut mise dans un filet et livrée à un taureau. Plusieurs fois projetée en l'air par l'animal, elle n'avait plus le sentiment de ce qui se passait tant elle était prise par son espérance et son entretien avec le Christ... Les corps des martyrs furent exposés aux injures de l'air pendant plusieurs jours. Ensuite on les brûla. Les cendres furent balayées jusqu'au Rhône." La lettre qui relate ces événements fut peut-être rédigée par saint Irénée, successeur de saint Pothin.
Voir sur le site du musée du diocèse de Lyon:
Disciple de Polycarpe, Pothin arrive de Smyrne en Asie Mineure vers 140. Il est le premier évêque de Lyon. En 177 il fut amené au tribunal, roué de coups et jeté en prison, où il mourut rapidement.
"Pothin, venu d'Orient à Lyon vers 122, fut le premier évêque de cette ville. Plus que nonagénaire, il fut martyrisé en 177 avec un groupe de chrétiens - nous connaissons 43 noms - dont les plus célèbres sont le diacre Sanctus, le néophyte Maturus, Attale, une des plus fermes colonnes de l'Église lyonnaise, l'esclave Blandine, et le jeune Pontique âgé de 15 ans. Une précieuse lettre des Églises de Lyon et de Vienne aux chrétiens d'Asie nous rapporte leurs supplices. Leurs corps furent enfin brûlés et les cendres jetées dans le Rhône.
Leur témoignage est le fondement de la foi de notre Église." (diocèse de Valence)
À Lyon, les saints martyrs Pothin, évêque, et Blandine, avec quarante-six compagnons: les saints Zacharie, prêtre, Vettius Epagathus, Macaire, Alcibiade, Silvius, Primus, Ulpius, Vital, Comminus, Octobre, Philomène, Geminus, Julie, Albine, Grata, Émilie, Potamia, Pompée, Rodana, Biblis, Quarta, Materna, Helpis, Sanctus diacre, Maturus néophyte, Attale de Pergame, Alexandre de Phrygie, Pontique, Istus, Aristée, Corneille, Zozime, Tite, Jules, Zotique, Apollonius, Géminien, une autre Julie, Ausone, une autre Émilie, Jamnique, un autre Pompée, Domna, Juste, Trophime, Antonie, dont une lettre de l'Église de Lyon aux Églises d'Asie et de Phrygie rapporte les combats courageux et répétés, au temps de l'empereur Marc Aurèle, en 177. Parmi eux l'évêque saint Pothin, âgé de quatre-vingt-dix ans, fut conduit en prison et rendit l'âme peu après. D'autres moururent également en prison. D'autres furent placés au milieu de l'amphithéâtre devant une multitude de milliers d'hommes rassemblés pour le spectacle: ceux qui furent trouvés citoyens romains furent décapités; tous les autres furent livrés aux bêtes. En dernier lieu, Blandine, soumise à des combats répétés et des plus violents, enfin égorgée d'un coup d'épée, suivit tous les autres, qu'elle avait exhortés à recevoir la palme.
Martyrologe romain
Sainte Marie de l'Incarnation
Veuve, Ursuline
(1599-1672)
Marie Guyart-Martin, quatrième d'une famille de sept enfants, naquit à Tours, en France. Toute jeune, elle eut un songe qui la toucha profondément. «J'avais environ sept ans, écrit-elle. Une nuit, durant mon sommeil, il me sembla que j'étais dans la cour d'une école... Tout à coup le ciel s'ouvrit, et Notre-Seigneur en sortit, venant vers moi! Quand Jésus S'approcha de moi, je Lui tendis les bras pour L'embrasser... Et Jésus m'embrassa affectueusement et me dit: "Voulez-vous être à Moi? -- Oui, Lui répondis-je..." Ce "oui", clé de toute son existence, elle ne cessera de le répéter en toute occasion, dans la joie comme dans l'adversité.
A 18 ans, ses parents la crurent faite pour le mariage. Marie obéit et épouse Claude Martin, maître ouvrier en soie. En 1619, elle met au monde un fils qui deviendra Dom Claude Martin. Six mois plus tard, le Seigneur la marqua de Son choix: c'est la croix du veuvage avec toutes ses épreuves. Marie de l'Incarnation se sentait fortement attirée à la vie religieuse, reconnaissant toutefois que l'heure de Dieu n'était pas encore venue.
Plusieurs années très dures se succédèrent. En service chez sa soeur, Marie de l'Incarnation devint l'esclave des serviteurs et servantes de la maison. Dans cette pénible situation, la bienheureuse poussa l'humilité, la charité, la patience et l'oubli d'elle-même jusqu'à l'héroïsme. Dans les occupations les plus débordantes, elle conservait sans cesse la présence de Dieu.
A l'âge de vingt et un an, elle se liait dans le monde par les voeux de chasteté, de pauvreté et d'obéissance. En 1625, Dieu la gratifia d'une vision de la Très Sainte Trinité.
A trente et un ans, l'appel de Dieu qui lui demande de tout quitter retentit impérieusement dans l'âme de Madame Martin. Le 25 janvier 1631, elle quitte son vieux père, et surmontant les déchirements de son coeur de mère, elle confie son fils, lequel n'a pas encore douze ans, aux soins de sa soeur. Ce détachement absolu, qui en fait un modèle pour les parents, fut l'un des actes les plus héroïques et les plus sublimes de la vie de la bienheureuse Marie de l'Incarnation. «Dieu le veut mon fils, disait la courageuse mère, et si nous L'aimons, nous devons le vouloir aussi. C'est à Lui de commander, à nous d'obéir.» Le coeur brisé, elle entre enfin au noviciat des Ursulines de Tours.
Huit ans plus tard, soit à l'âge de 40 ans, Marie de l'Incarnation s'embarque à Dieppe avec quelques compagnes, en destination du Canada. Elle compte parmi les premières religieuses qui vinrent en Amérique. A cette époque, une telle aventure missionnaire était considérée comme une innovation. L'héroïsme était de règle chez ces pionnières de l'Église de Nouvelle-France qui joignait la vie cloîtrée à la vie missionnaire. «Nous voyons ici une espèce de nécessité de devenir sainte, écrira Marie de l'Incarnation. Ou il faut mourir, ou y donner son consentement.»
Bien qu'âgée de plus de quarante ans, elle étudia les langues indiennes extrêmement difficiles, et rédigea un dictionnaire algonquin-français, ainsi qu'un dictionnaire et un catéchisme iroquois. Son travail préféré consistait dans l'enseignement des petites Indiennes qu'elle appelait les «délices de son coeur» et «les plus beaux joyaux de sa couronne.»
Les maladies, les humiliations et les persécutions de la part même des personnes de bien, les longues peines intérieures et les croix de toutes sortes dont la vie de la Bienheureuse abonde, ont manifesté avec éclat l'esprit de sainteté qui régnait dans cette âme totalement livrée à l'amour divin. Bien qu'entraînée par l'Esprit-Saint aux plus hauts sommets de la contemplation, Marie de l'Incarnation ne cessa d'être une femme d'action extraordinaire, douée d'un sens pratique hors pair.
Elle rendit sa belle âme à Dieu à l'âge de 72 ans. Par les vocations diverses que la divine Providence lui réserva successivement, cette âme admirable se présente comme un modèle pour les époux, les parents, les apôtres laïcs et les religieux. Surnommée à juste titre: la Thérèse de la Nouvelle-France, Marie de l'Incarnation figure parmi les plus grandes gloires nationales du Canada et comme la véritable Mère de la patrie.
Par le décret d'héroïcité des vertus, promulgué le 19 juillet 1911, le saint pape Pie X justifia et confirma la réputation de sainteté dont elle jouissait déjà à sa mort. Le 24 juin 1976, Grégoire XVII plaça l'illustre Marie de l'Incarnation au catalogue des bienheureuses.
Tiré d'une composition O.D.M. et du magazine bimestriel Univers, juillet-août 1980, no: 4, p. 6
BBx Sadoc et ses 48 compagnons o.p.
Martyrs († 1259)
En 1221, au deuxième chapitre général de l’Ordre, à Bologne (Émilie-Romagne, Italie), Saint Dominique envoya des frères évangéliser un peu partout, notamment en Hongrie et au pays des Cumans (que st Dominique rêvait d’évangéliser lui-même), sous la direction d’un frère hongrois nommé Paul, qui fonda la Province dominicaine de Hongrie.
Le groupe comprenait aussi le jeune Sadoc, Hongrois ou Polonais, de bonne famille, dont le splendide caractère et la sainteté de vie attiraient l’amitié et l’admiration de ses frères. C’est vraisemblablement à Bologne qu’il fit ses études et entra dans l’Ordre.
St Dominique le choisit pour son zèle et son éloquence. À cause de sa vie exemplaire, de sa rare piété, et de son bon jugement, Sadoc fut souvent chargé de s’occuper des candidats à l’Ordre et de préparer les novices pour la vie apostolique.
Il fonda un couvent à Agram (actuellement Zagreb) où il fut prieur, puis il alla prêcher en Pologne, où il fonda à Sandomierz, sur la Vistule, le couvent Saint-Jacques dont il devint prieur. Ensuite il alla en mission chez les Tartares.
En 1260, la ville de Sandomierz était assiégée par les Tartares, dont les chefs se nommaient Nogaio et Celebuga, et qui auparavant avaient brûlé Lublin et d’autres villes.
Le 1er juin 1260, alors que Sadoc et ses 48 frères (en comptant les étudiants, novices et frères lais), disaient les matines, le novice qui lisait dans le martyrologe les saints du lendemain fut inspiré de dire : « À Sandomierz, passion de 49 martyrs ».
Après l’office, Sadoc leur dit que, bien que les remparts de la ville soient solides et que normalement ils ne soient pas en danger, ils allaient certainement mourir martyrs et qu’ils devaient s’y préparer, et il les félicita de la chance qu’ils avaient. Ses mots firent une profonde impression.
Le lendemain, 2 juin 1260, les Tartares s’emparèrent de la ville par ruse et traîtrise. Pillage, destruction, massacres. Le soir, ils allèrent piller le couvent des dominicains, qui furent tous massacrés et moururent en chantant le Salve Regina.
Leur culte a été confirmé le 18 octobre1807 par Pie VII (Barnaba Chiaramonti, 1800-1823).
Autres Fêtes du Jour
Saint Algise (✝ 670)
Saint Clair évêque martyr (IVe siècle)
Saint Constantin (✝ 1819)
Saint Dimitrios de Philadelphie martyr (VIIe siècle)
Saint Erasme martyr (✝ v. 301)
Saint Eugène Ier Pape (75e) de 654 à 657 (✝ 657)
Vénérable Giulio Facibeni prêtre diocésain italien (✝ 1958)
Saint Guy évêque d'Acqui en Italie (✝ 1070)
Saint Jean le Nouveau martyr, saint patron de la Moldavie (✝ 1332)
Bienheureux Joseph Thao Tiên martyr au Laos (✝ 1954)
Lucien Bunel, Jacques de Jésus "serviteur de Dieu" prêtre du Carmel (✝ 1945)
Saint Majan évêque dans la région sud du diocèse d'Auch (✝ v. 610)
Saints Marcellin et Pierre Martyrs à Rome (✝ 304)
Vble Maria Teresa du Cœur de Jésus religieuse espagnole, cofondatrice des Servantes du Divin Coeur de Jésus (✝ 1908)
Saint Marin (✝ 930)
Saint Nicéphore Ier patriarche de Constantinople (✝ 829)
Saint Nicolas le Pèlerin pèlerin (✝ 1094)
Bienheureux Sadoc et ses compagnons martyrs en Pologne (✝ 1259)
St Vartan et ses compagnons martyrs, morts à la bataille d'Avarair contre les Perses (✝ 451)