30 Novembre 2014
Les années 1848-1870 ont été marquées, pour les Français, par une nouveauté politique considérable et définitive : la reconnaissance de leur droit de vote grâce à l'adoption du suffrage universel, encore restreint toutefois aux hommes. La Deuxième République (1848-1851) et le Second Empire (1852-1870) restent pourtant, à bien des égards, des régimes méconnus et critiqués. Au premier, on a vite et pour longtemps reproché les bons sentiments du début, la modération de ses dirigeants et représentants, puis leur incapacité à s'opposer à l'appétit de pouvoir du Prince-Président et à la fatalité du coup d'Etat bonapartiste. Quant au Second Empire, même réhabilité par la prospérité économique qui l'environne, il reste autoritaire et immoral, marqué par la personnalité ambiguë de Napoléon III et le désastre de Sedan. Pourtant ces années sont infiniment plus riches qu'il n'y parait. Certes, la France expérimente à nouveau des systèmes politiques déjà esquissés ou institués : exécutif collégial, assemblée unique, appel au peuple et élections nationales et locales mais elle tente aussi d'adosser la démocratie au changement social, à la province et non plus seulement à Paris, et de penser d'autres modes de représentation. Car rien n'est encore définitivement joué et la victoire de la forme républicaine n'est même pas encore assurée comme le montre la longue période du pouvoir impérial. A la lancinante question demeurée sans réponse - la Révolution est-elle achevée ? - se substituent de multiples interrogations sur la légitimité de la violence révolutionnaire, la république sociale, sur le libéralisme à la française, questions que ce livre se propose de restituer à travers les événements, les hommes célèbres et aussi les qui ont fait . - Présentation de l'éditeur -
(date de publication : 16 novembre 2000)
Dans les premiers mois de la République, de février à décembre 1848, soit jusqu'à l'élection présidentielle, les fonctions de chef de l'État sont exercées dans les faits, successivement, par :
Jacques Charles Dupont de l'Eure (chef du gouvernement provisoire) ; François Arago, président de la Commission exécutive ;Charles Louis Napoléon Bonaparte, dit Louis-Napoléon Bonaparte puis Napoléon III, est né à Paris, le 20 avril 1808 et mort à Chislehurstau Royaume-Uni, le 9 janvier 1873. Il est le premier président de la République française, élu le 10 décembre 1848 au suffrage universelmasculin, avant d'être proclamé empereur des Français le 2 décembre 1852 sous le nom de Napoléon III.
Troisième fils de Louis Bonaparte, roi de Hollande, et d'Hortense de Beauharnais, il naît prince français et prince de Hollande : neveu de l'empereur Napoléon Ier il est à la fois neveu et petit-fils de l'impératrice Joséphine (sa grand-mère maternelle). Exilé après la chute de l'Empire, conspirateur avec son frère aîné pour l'unité italienne, il devient héritier présomptif du trône impérial après les morts successives de son frère aîné Napoléon Louis en 1831, et du duc de Reichstadt (Napoléon II, roi de Rome) en 1832.
Ses premières tentatives de coup d'État, mal préparées (Boulogne, Strasbourg), échouent. Il est condamné à l'emprisonnement au Fort de Ham. Mais il profite des suites de la Révolution française de 1848 pour se faire élire représentant du peuple puis président de la République.
Son coup d'État du 2 décembre 1851 met fin à la Deuxième République, et lui permet l'année suivante de restaurer l'empire à son profit. Face à l'opposition des républicains, des libéraux de Thiers, de certains monarchistes et des catholiques (après l'unité Italienne), il donne à son pouvoir un caractère autoritaire qui s'atténue après 1859 pour laisser place, progressivement, à un « empire libéral ».
La philosophie politique qu'il met en place, et qu'il a présentée dans ses Idées napoléoniennes et dans L'Extinction du Paupérisme (1844), est une synthèse d'un bonapartisme mêlé à du romantisme, du libéralisme autoritaire, et du socialisme utopique. Le règne de cet admirateur de la modernité britannique est marqué par un développement industriel, économique et financier sensible, portée par une forte croissance mondialequ'illustre la transformation de Paris sous l'autorité du préfet Haussmann.
Sa politique extérieure vise à restaurer la puissance française en Europe et dans le monde. Il rompt l'isolement diplomatique voulu au Congrès de Vienne par trois puissances de la Sainte Alliance : son entente avec la Grande-Bretagne lors de la Guerre de Crimée contre la Russie, son soutien aux mouvements nationaux en particulier lors de l'unité italienne contre l'Empire d'Autriche, et ses diverses opérations outre-mer parfois en coalition avec la Grande-Bretagne permettent l'agrandissement du territoire (Nice, Savoie) ainsi qu'une expansion coloniale et commerciale. Elle provoque cependant l'hostilité de la Prusse et subit un échec au Mexique.
La fin de son régime est scellée à l'issue du piège de la Dépêche d'Ems et de la bataille de Sedan, le 2 septembre 1870, lors de la guerre franco-prussienne. Le 4 septembre 1870, la République est proclamée. Napoléon III part en exil en Angleterre, où il meurt en janvier 1873.
La vive hostilité de l'écrivain Victor Hugo à Napoléon III, exprimée dans sa littérature et ses correspondances, les multiples pamphlets et ouvrages critiques de divers auteurs (Henri Rochefort, Maurice Joly, etc.) et les articles d'une partie de la presse politique contemporaine (Le Siècle, L'Opinion nationale) participent à ce que de nombreux historiens qualifient de « légende noire » autour de Napoléon III et du Second Empire.
L'œuvre économique et sociale du Second Empire est mise en valeur par l'historiographie officielle dès le début du xxe siècle, mais la révision du jugement historique porté sur Napoléon III lui-même est plus lente. Après la Seconde Guerre mondiale, des travaux des historiens, notamment ceux effectués par Adrien Dansette et Louis Girard, vont dans le sens d'une réhabilitation de Napoléon III, marquent une nette rupture historiographique dans la perception de celui qui est le dernier monarque français.