16 février 1943 : Service du Travail Obligatoire (STO)
16 février 1932 : Moulinex « libère » la femme
Le 16 Février 1906 A propos
Le 16 Février 1899 La mort « heureuse » de Félix Faure
Le 16 Février 1865 Fax antique
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Le 16 février 1943, une loi de l'Etat français institue le Service Obligatoire du Travail, rebaptisé très vite Service du Travail Obligatoire (STO) en raison des moqueries suscitées par ses initiales.
Dès le début de l'Occupation allemande, des Français se sont portés volontaires pour aller travailler en Allemagne dans les fermes ou les usines d'armement, en échange d'une bonne rémunération. On en compte au total 240.000, dont 70.000 femmes.
Ces travailleurs volontaires ne suffisant pas à colmater les manques de main-d'oeuvre occasionnés par la mobilisation, Fritz Sauckel, responsable de l'emploi dans le IIIe Reich hitlérien, presse le gouvernement de Vichy de lui fournir 350.000 travailleurs qualifiés supplémentaires.
Le 22 juin 1942, Pierre Laval met donc en place la« Relève », promettant qu'au départ de trois travailleurs répondrait la libération d'un prisonnier français. L'opération se solde par un fiasco. Il se résout alors à organiser le STO. C'est le seul exemple d'un gouvernement européen qui ait livré ses travailleurs à l'Allemagne. On compte jusqu'en juin 1944 un total de 650.000 départs au titre du STO. Mais aussi environ 200.000 réfractaires. Beaucoup de ceux-ci entrent dans la Résistance et prennent le maquis.
16 février 1932 : Moulinex « libère » la femme
Le 16 février 1932, un modeste industriel de la région parisienne, Jean Mantelet, dépose le brevet du presse-purée. C'est en voulant rendre service à sa femme qu'il a eu l'idée de cet appareil à manivelle. Le succès est immédiat.
Après la Seconde Guerre mondiale, l'industriel lance les premiers appareils électroménagers à moteur. Pour la sortie d'un moulin à café électrique, par crainte d'un insuccès fatal à son activité, il baptise son entreprise « Moulin X » ou Moulinex. On sait ce qu'il adviendra de ce nom. Pionnier de la décentralisation, Jean Mantelet a transporté ses ateliers dans les petites villes normandes. Faute d'héritier, il a échoué à transmettre son entreprise en de bonnes mains à sa mort en 1991.
Le 16 Février 1906 A propos
Grand philosophe, Alain offre un nouveau genre à sa discipline en publiant des essais dans la presse. La Dépêche de Rouen est la première à publier ces pensées d’un nouveau genre : ‘Les Propos d’un Normand’. Proposant un syncrétisme entre journalisme et philosophie, Alain propose des études philosophiques sur des faits (divers ou non) et autres événements du quotidien. Il rédigera à nouveau des ‘Propos’ pour la Nouvelle Revue française quelques années plus tard. Après sa mort, ces écrits seront considérés comme l’œuvre la plus importante du grand écrivain et seront réunis dans un seul recueil.
Le 16 Février 1899 La mort « heureuse » de Félix Faure
Émotion à l'Élysée. Le président de la République meurt dans les bras d'une admiratrice. Cela se passe le 16 février 1899. La victime, Félix Faure, est un bel homme de 58 ans avec une fine moustache tournée à la façon de Guy de Maupassant.
Il a été élu à la présidence de la République par une coalition de modérés et de monarchistes le 17 janvier 1895 suite à la démission de Jean Casimir-Périer. Ses contemporains le surnomment affectueusement le «Président Soleil» en raison de son amour du faste.
On raconte que, recevant à l'Élysée une grand-duchesse russe, il s'était fait servir à table avant elle. La grand-duchesse ayant protesté, le président répondit sans réfléchir : «C'est l'usage à la cour de France !».
La rumeur publique croit d'abord que sa compagne des derniers instants est Cécile Sorel, une actrice célèbre du moment. On saura seulement dix ans après qu'il s'agissait d'une demi-mondaine plantureuse d'à peine trente ans, Marguerite (Meg) Steinheil.
Appartenant à une célèbre dynastie industrielle du Jura, les Japy-Peugeot, elle était l'épouse d'un peintre en vogue, Adolphe Steinheil. En récompense des services particuliers de sa femme, celui-ci avait reçu quelques commandes officielles grassement rémunérées de sorte que ses oeuvres ornent encore aujourd'hui les murs de certains palais de la République.
Très vite, on se raconte de bonnes histoires sur la fin heureuse de Félix Faure, comme celle-ci :
Tandis que la dame s'est dégagée et esquivée, les domestiques transportent le président inconscient dans son lit. Le curé de l'église voisine de la Madeleine, appelé d'extrême urgence, demande en arrivant :
– Le président a-t-il toujours sa connaissance ?
– Non, on l'a faite sortir par derrière.
Les initiés chuchotent que le président aurait succombé à un excès de zèle.
Avant de recevoir ses amies, Félix Faure avait coutume d'absorber une dragée Yse à base de phosphure de zinc. Ce médicament, le Viagra de l'époque, avait la vertu d'exciter les virilités défaillantes mais il avait aussi pour effet de bloquer la circulation rénale.
Le jour de sa mort, comme le président attendait Mme Steinheil, il avait demandé à l'huissier de sonner deux coups à son arrivée. Voilà que sonnent les deux coups : il avale en hâte une dragée Yse. Mais l'huissier a fait une erreur. C'est le cardinal Richard, archevêque de Paris, qui entre dans le bureau élyséen. Et après lui arrive le prince Albert 1er de Monaco, venu plaider la cause du capitaine Dreyfus, ce qui met en fureur le président.
Quand enfin l'huissier sonne pour de bon les deux coups, le président congédie son visiteur. En gagnant le salon bleu réservé à ses «audiences très particulières», il a encore le temps d'avaler une deuxième dragée. Celle-ci lui sera fatale... Survolté par l'entretien orageux avec le prince, par la prise médicamenteuse et l'impatience d'honorer sa compagne, Félix Faure succombe sur le canapé.
Georges Clémenceau ne sera pas en reste de bons mots. «Il a voulu vivre César, il est mort Pompée», dit-il du président en guise d'oraison funèbre. Il dit aussi : «Félix Faure est retourné au néant, il a dû se sentir chez lui».
Félix Faure possède une belle avenue parisienne, une station de métro et une rue à son nom bien qu'il n'ait rien accompli de marquant... comme la plupart des autres Présidents de la IIIe République.
On retient seulement qu'il ébaucha une alliance avec la Russie en recevant le tsar Nicolas II, qu'il s'opposa à la révision du procès de Dreyfus et que son gouvernement dut céder aux Anglais le Soudan après le bras de fer de Fachoda.
Deux jours après sa mort, les députés et les sénateurs réunis en Congrès à Versailles élisent Émile Loubet pour lui succéder à la présidence de la République. Cette élection sème la consternation chez les antidreyfusards. Il est conspué dans la rue aux cris de «Élu des Juifs !»
Le 23 février, pendant les funérailles de l'ancien président, le journaliste Paul Déroulède tente d'entraîner un général dans un coup d'État parlementaire en vue de préparer la guerre de revanche contre l'Allemagne. Le polémiste est banni. Mais, de retour en France en 1905, il n'aura de cesse d'exciter les esprits contre l'Allemagne... Il n'y réussira que trop bien.
Quant à Meg Steinheil, son histoire ne s'arrête pas là. Le 31 mai 1908, son mari et sa mère sont découverts assassinés au domicile conjugal, elle-même n'étant que ligotée. Soupçonnée du double crime, elle est acquittée cependant le 13 novembre 1909 et s'installe à Londres, où elle épouse en 1917 le baron Abinger. Elle finira sa vie dans le luxe et la paix, à un âge avancé.
Morale et Belle Époque
L'aventure du président Félix Faure n'a guère scandalisé ses contemporains de la «Belle Époque». Il était admis à la fin du XIXe siècle que les bourgeois mènent grand train et ne s'embarrassent pas des principes moraux qu'ils imposaient à leur épouse. Ainsi, on se moquait gentiment du leader républicain Georges Clemenceau qui affichait partout ses innombrables conquêtes. Mais l'on trouvait normal qu'il divorce de son épouse américaine, mère de trois enfants, et la renvoie aux États-Unis en 3e et dernière classe après qu'il l'ait surprise dans les bras d'un soupirant.
Le vieux Ferdinand de Lesseps, qui épousa à 64 ans une jeunette de 22 et lui fit 12 enfants, n'en continua pas moins de papillonner dans les maisons closes comme le voulaient les coutumes de l'époque. Un policier affecté à sa surveillance rapporte sa visite à trois jeunes prostituées, à 85 ans sonnés. Outre-Manche, David Lloyd George, Premier ministre britannique aux heures sombres de la Grande Guerre, était connu pour être «incapable de fidélité». Ainsi lui arrivait-il d'avoir six maîtresses en même temps. Cette performance devait sans doute paraître modeste au roi Édouard VII, fils de l'austère Victoria, dont les frasques faisaient le bonheur des gazettes et lui valaient une immense popularité.
Mais ces mœurs n'étaient pas générales. On ne connaît par exemple aucune maîtresse au chef socialiste Jean Jaurès. Pas davantage à Winston Churchill.
Le 16 Février 1865 Fax antique
Depuis ce matin, le public peut transmettre tout document écrit à la main de Paris à Lyon grâce au pantélégraphe de Giovanni Caselli. Cet abbé, ancien professeur de physique à Florence, a inventé un appareil de transmission et réception de l'image à distance. Le fax est né au XIXe siècle !
Le 16 Février 1855 Prévoir le temps ?
Le 14 novembre 1854, une terrible tempête coule 3 vaisseaux et 38 cargos franco-anglais qui patrouillaient au large de Sébastopol. A Paris, le ministre de la Guerre réagit en créant une commission d’étude présidée par l’astronome Le Verrier. Elle conclut que des observations systématiques auraient permis de prévoir cette terrible perturbation. Mis au courant, Napoléon III ordonne le 16 février 1855, la création d’un vaste réseau météorologique. Une science est née. On va "prévoir" le temps.