8 Juin 2022
8 juin 793 :
Première incursion des Vikings
Le 8 juin 793, des hommes venus du nord sur de longs bateaux pillent le monastère de l'île anglaise de Lindisfarne. En quelques heures, ils remplissent leurs bateaux d'un riche butin : objets d'art, métaux précieux, esclaves...
Leur brève incursion suscite l'épouvante jusqu'à la cour du roi des Francs, le futur Charlemagne. Il est vrai qu'ils ne font pas les choses à moitié.
Peu nombreux, ils tombent sur leur proie par surprise puis pillent et tuent avec des raffinements de cruauté. En mutilant horriblement leurs victimes, en incendiant tout sur leur passage, ils entretiennent autour d'eux une réputation de violence qui enlève à quiconque l'envie de leur résister autrement que par la fuite.
8 juin 1637 :
Parution du Discours de la Méthode
Le 8 juin 1637, un opuscule mystérieux paraît à La Haye (Provinces-Unies). Intitulé Discours de la Méthode pour bien conduire sa raison et chercher la vérité dans les sciences, il a pour auteur René Descartes.
8 juin 1783 :
Éruption dramatique du Laki
Le 8 juin 1783, le volcan islandais Laki entre en éruption. Les conséquences pour toute l'Europe en sont dramatiques...
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8 juin 1794 :
La fête de l'Être suprême
Maximilien de Robespierre, chef du Comité de Salut public, conduit le 8 juin 1794 (20 prairial An II) la première fête en l'honneur de l'Être suprême...
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8 juin 1795 :
Louis XVII meurt au Temple
Le 8 juin 1795, Louis XVII meurt à la prison du Temple, à Paris, dans l'anonymat et la détresse...
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8 juin 1815 :
Création de la Confédération germanique
À la veille de se séparer, le Congrès de Vienne crée le 8 juin 1815 la Confédération germanique, un ensemble aux contours très lâches, présidé par l'empereur d'Autriche assisté du roi de Prusse. Il va de soi que cette construction politique, sans pouvoir réel, ne correspond pas aux voeux de la jeunesse allemande qui souhaite en terminer avec le morcellement du pays et crée dans cette perspective une Association des étudiants allemands (Burschenschaft). Fondée le 12 juin 1815 à Iéna, dans le grand-duché de Saxe-Weimar, cette association politique se donne pour symboles la devise « Honneur, Liberté, Patrie » et les couleurs de l'ancien empire (noir, rouge, or), qui sont celles de l'actuel drapeau allemand. Elle va très vite rayonner dans les autres cités universitaires allemandes...
8 juin 1867 :
François-Joseph roi de Hongrie
Le 8 juin 1867, l'empereur d'Autriche François-Joseph et sa femme « Sissi » ceignent à Budapest la couronne de Saint-Étienne. Ils consacrent ainsi la naissance de la monarchie bicéphale d'Autriche-Hongrie.
Richard Fremder raconte... la saga des Vikings (Les podcasts d'Herodote net)
Richard Fremder nous raconte l'histoire d'une poignée de mauvais garçons qui ont sillonné les océans, répandu la terreur... et bâti des empires...En savoir p...
Terreur et guerre psychologique
Ces guerriers d'un genre nouveau sont désignés par leurs contemporains comme les hommes du nord (Nortmanni ou Normands dans les langues germaniques de l'époque). Eux-mêmes s'appellent Vikings, ce qui signifie « guerriers de la mer » dans leur langue, le norrois (le radical vik signifiant port comme dans Reikjavik). Ils appartiennent à des peuples apparentés aux Germains qui habitent la Scandinavie (aujourd'hui, Danemark, Suède et Norvège).
C'est par un abus de langage que l'on désigne l'ensemble de ces peuples du nom que ceux-ci donnaient à la minorité de mauvais garçons qui choisissaient l'aventure maritime, le pillage et la guerre !
Contrairement à ce que l'on pourrait penser, ces peuples ont atteint un haut degré de civilisation. Ils pratiquent l'élevage et l'agriculture dans un réseau de villages paisibles. Ils maîtrisent très bien la métallurgie du fer et sont de bons forgerons. Ils jouissent d'une organisation sociale solide et cultivent la poésie épique en se racontant les mythes de leurs dieux et de leurs héros.
Mythologie nordique
Après sa mort au combat, un guerrier rejoint le Walhalla (paradis), monté sur Sleipnir, un cheval mythique à huit pattes (gravure)Les Vikings pratiquent une religion polythéiste (dico) organisée autour de trois divinités principales :
• Odin, dieu principal (équivalent de Zeus chez les Grecs et Jupiter chez les Romains),
• Thor, son fils, dieu du tonnerre (dont on retrouve le nom dans le mot anglais thursday, le jour de Thor, ou jeudi),
• Freyr, le dieu de la fertilité et des récoltes (que l'on retrouve dans le mot anglais friday, le jour de Freyr, ou vendredi).
À ces divinités bienfaisantes s'oppose le mauvais génie Loki, qui provoquera la fin du monde.
Les Vikings croient en une vie après la mort. Les guerriers morts au combat sont appelés à rejoindre le Walhalla (ou paradis), où les attendent de belles Walkyries. La gravure ci-dessus représente l'arrivée d'un guerrier au Walhalla. Il est monté sur Sleipnir, le cheval à 8 jambes du dieu Odin.
Sacrifice religieux chez les Vikings (pierre de Stora Hammar)
Les Vikings sont quelques poignées de mauvais garçons réfractaires à cette existence. Ils se retrouvent dans les ports et là, bénéficiant d'un savoir-faire multiséculaire dans la navigation, ils empruntent des bateaux et partent en quête d'aventures et de gloire.
« À la différence des Hongrois et des Sarrasins, leurs contemporains, les Vikings ne sont pas seulement des pillards. Ce sont aussi des civilisateurs. A preuve l'abondance du vocabulaire nautique qu'ils nous ont légué », note l'historien Régis Boyer. « Leur mauvaise réputation, en partie usurpée, vient de ce qu'ils s'attaquaient en priorité aux lieux désarmés, à savoir les églises et les monastères, qu'ils pillaient et brûlaient. Et qui lésaient-ils de la sorte ? Avant tout les clercs, autrement dit les personnes qui avaient à charge d'écrire les chroniques de leur temps ».
Knörr, knarr, Langskip et drakkar
Les bateaux des Vikings sont connus sous leur nom norrois de knörr (on écrit aussi knarr). Ils ont une apparence fragile. Non pontés, à fond plat, dotés d'une grande voile carrée, ils n'en sont pas moins capables d'affronter les océans et de remonter les fleuves. Leur proue représente une figure d'animal (bélier, bison, grue....) qui donne son nom au navire.
Les plus allongés de ces bateaux (une vingtaine de mètres de long sur cinq de large) sont appelés Langskip. Ils transportent une vingtaine d'hommes et éventuellement des chevaux.
Selon l'historien Régis Boyer, le mot drakkar par lequel les Français désignent les bateaux vikings aurait été inventé à l'époque romantique, par allusion au dragon de la proue et avec deux k pour faire plus exotique !!!
Navires vikings, tels que représentés sur la tapisserie de Bayeux (XIe siècle), avec l'aimable autorisation de la Ville de Bayeux
Multiplication des raids
Malgré son succès, le raid des Vikings à Lindisfarne reste longtemps sans suite. C'est seulement après la mort de l'empereur Charlemagne, en 814, que, profitant de la division des Francs, les Vikings multiplient leurs incursions en Occident. Ils occupent une moitié de l'Irlande et envahissent l'Angleterre en 865.
Sur le continent, des Vikings venus du Danemark occupent l'archipel de la Frise, au nord des Pays-Bas actuels, à la fin du IXe siècle. Mais ils sont défaits par le roi de Germanie Arnoul de Carinthie le 1er septembre 901 à Louvain.
Plus au sud, ils remontent la Seine et la Loire. Ils attaquent Paris en 845 avec leur violence coutumière. Quelques rares seigneurs francs sont en état de leur résister. Parmi eux Robert le Fort, ancêtre des futurs rois de France. En 886, les Vikings tentent une nouvelle fois de piller Paris mais ils sont repoussés après un long siège grâce à l'énergie du comte Eudes, fils de Robert le Fort, et de Gauzlin (ou Josselin), abbé de Saint-Germain des Prés et évêque de la ville (son succès vaudra à Eudes d'être couronné roi par ses pairs, les seigneurs de Francie occidentale).
Leurs épouvantables bateaux (knörr) atteignent même les rivages italiens après avoir franchi le détroit de Gibraltar.
À la même époque, d'autres guerriers normands, les Varègues, ou gens de l'Est, traversent la mer Baltique. Ils dominent et séduisent les habitants du cru, des Slaves qui appellent les nouveaux venus du nom de « Rus », d'après le vieux norrois « Rothsmenn » (de rothr, ramer) qui désigne les marins suédois qui remontaient les rivières à la rame... De là le nom de la future Russie !
Un des chefs varègues, Riourik (ou Riurik), fonde en 860 la principauté de Novgorod, entre les villes actuelles de Saint-Pétersbourg et Moscou. Son fils Oleg le Sage fonde en 879 une nouvelle principauté à Kiev, plus au sud (aujourd'hui capitale de l'Ukraine). Cette principauté sera à l'origine de l'État russe et c'est de la descendance de Riourik et Oleg que sortiront les premiers tsars !
Descendant les fleuves russes, certains Varègues en viennent à mettre le siège devant Constantinople, la prestigieuse capitale de l'empire byzantin !
Ce n'est pas tout. Au cours du même siècle, des Vikings de Norvège atteignent l'Islande (un nom qui signifie « île de glace »). Ils entament la colonisation de l'île en 874 et mettent en place ce qui serait le premier Parlement du monde, à savoir une assemblée annuelle, le Althing, où chaque homme libre pouvait réclamer justice et faire valoir ses droits. Leurs 200.000 descendants constituent aujourd'hui l'une des nations les plus prospères et les plus pacifiques du monde.
Toujours plus fort : l'Amérique !
En 982, le chef viking Éric (ou Erik) le Rouge est contraint de s'enfuir d'Islande à la suite d'un meurtre commis par son père. Il navigue vers l'ouest. Bénéficiant d'une mer dégagée, sans glaces flottantes du fait de l'« optimum médiéval », il accède à une grande île chargée de glace avec quelques maigres prairies sur les littoraux. Il la baptise Groenland, un nom qui signifie « terre verte », histoire d'y attirer des colons !
Le fils d'Éric le Rouge, Leif Ericsson, introduit le christianisme dans la petite colonie du Groenland et part à son tour à l'aventure vers l'ouest avec un petit équipage de 35 hommes. Cela lui vaut d'atteindre une nouvelle terre en l'an 1000 qu'il baptise selon l'endroit Helluland (« pays des pierres plates »), Markland (« pays des forêts ») ou Vinland (« pays de la vigne »). Cette terre, qu'il n'arrivera pas à coloniser durablement, ne serait rien d'autre que le Labrador actuel, une grande presqu'île au nord du fleuve Saint-Laurent. Leif Ericsson serait ainsi le premier Européen à avoir atteint l'Amérique !
La présence de Vikings sur le continent américain a été confirmée par la découverte de l'Anse-aux-Meadows, sur l'île de Terre-Neuve, en 1960. Les archéologues ont pu attester de la présence en ce lieu, au XIe siècle, d'un établissement viking avec des habitations en bois recouvertes de mottes de tourbe et une production locale de fer.
L'Europe Viking
En Europe, pendant ce temps, les farouches Vikings se sont assagis mais n'ont rien perdu de leurs qualités ni de leur courage. En 911, d'après la chronique, le roi carolingien Charles le Simple négocie à Saint-Clair-sur-Epte, à l'ouest de Paris, un traité avec un chef viking connu sous le nom de Rollon (plus facile à prononcer que la version danoise, Hrolfr).
Le Carolingien offre au Viking les territoires situés à l'embouchure de la Seine à condition qu'il empêche toute nouvelle incursion de ses compatriotes. C'est ainsi que Rollon devient comte de Rouen après avoir reçu le baptême dans la cathédrale de Rouen. Qui plus est, le nouveau comte reçoit en mariage Gisèle, la fille du roi carolingien, et très vite ses compagnons et lui-même adoptent les coutumes et la langue de leur nouveau pays.
Un siècle et demi plus tard, son lointain descendant, le duc de Normandie Guillaume le Bâtard, part à la conquête de l'Angleterre. De lui descendent tous les rois d'Angleterre jusqu'à nos jours.
Entre-temps, dans les années 1030, les fils de Tancrède de Hauteville, un descendant des farouches Vikings de Rollon, se rendent en pèlerinage à Jérusalem... Sur le chemin du retour, ils débarquent en Italie du sud. La région est alors sous la domination théorique des Byzantins et en proie à des dissensions entre seigneurs ! Avec leurs hommes, les Normands chassent les Byzantins de la péninsule et y établissent leur propre domination.
En 1061, Robert Guiscard de Hauteville traverse le détroit de Palerme et chasse les musulmans de Sicile. Ses successeurs à la tête du royaume de Sicile s'allieront plus tard à la famille des Hohenstaufen et donneront au Saint Empire romain germanique un étonnant empereur en la personne de Frédéric II, mort en 1250.
Bibliographie
La France s'honore d'un excellent spécialiste des Vikings et de la Scandinavie en la personne de Régis Boyer, ancien professeur de l'Université Panthéon-Sorbonne (Paris IV). Son ouvrage le plus connu est disponible en collection de poche : Les Vikings, Histoire et civilisation (Perrin, Tempus).
Gallimard Jeunesse a publié un intéressant livre destiné aux adolescents (et à leurs parents) : Sur les traces des Vikings, par Yves Cohat et Estelle Girard (octobre 2003, 128 pages, 10 euros).
8 juin 1637 :
Parution du Discours de la Méthode
Le 8 juin 1637, un opuscule mystérieux paraît à La Haye (Provinces-Unies). Intitulé Discours de la Méthode pour bien conduire sa raison et chercher la vérité dans les sciences, il a pour auteur René Descartes.
8 juin 1783 :
Éruption dramatique du Laki
Le 8 juin 1783, le volcan islandais Laki entre en éruption. Les conséquences pour toute l'Europe en sont dramatiques.
Les pluies de cendre
Exceptionnelle, cette éruption l'est par la lave vomie mais surtout par les énormes quantités de gaz dégagées dans l'atmosphère.
La quantité de sulfates dans l'air connaît un pic dramatique et tous les êtres vivants en sont affectés : 80% des moutons islandais périssent dans l'année, la famine tue un cinquième de la population de l'île, ramenant celle-ci à 40 000 habitants.
Mais les problèmes ne se limitent pas à l'Islande : poussé par les vents, le nuage volcanique atteint l'Europe continentale dans les jours et les semaines qui suivent.
On en constate même les effets en Asie et en Amérique du nord ! Affolée par le brouillard dense, qui prend parfois une couleur sang, et les pluies de cendre, la population panique et recourt aux superstitions pour prévenir la catastrophe.
Les gaz qui sèment la mort
L'étude des registres paroissiaux montre qu'il y avait de quoi paniquer : la surmortalité dans les mois qui suivent est de l'ordre d'un tiers. Les éruptions, car il s'agit davantage d'une série d'éruptions que d'une seule éruption, s'atténuent en octobre, avant de cesser en février 1784.
Lorsque l'effet immédiat s'estompe, les conséquences à moyen terme prennent le relais. Elles sont d'autant plus graves qu'une autre gigantesque éruption a lieu au Japon du 9 mai au 5 août 1783. Très mortifère elle aussi, elle contribue vraisemblablement à perturber le climat.
Après avoir élevé la température dans les premiers jours, les nuages volcaniques, en empêchant le rayonnement solaire de toucher la terre, provoquent un hiver exceptionnellement froid en Europe. La Seine est totalement gelée le 1er février 1784. Et lorsqu'intervient la fonte des neiges, les rivières sortent de leur lit à travers tout le continent : de Caen à Prague, les inondations sont catastrophiques. À Paris, elles durent un mois et demi. Partout, les autorités doivent intervenir pour secourir les malheureux.
Un volcan révolutionnaire ?
Il est difficile de mesurer avec certitude les dégâts provoqués par ces éruptions : on évalue à plusieurs dizaines de milliers le nombre de morts en Europe. Si on peut mettre l'activité du Laki en relation avec les phénomènes climatiques extrêmes de 1783-1784, on est moins certain de son impact sur les années qui suivent : caractérisées par un « mini-dérèglement climatique », elles alternent sécheresses et grands froids, récoltes exceptionnelles et disettes.
De là à attribuer au volcan islandais le déclenchement de la Révolution, comme le proposent certains, il y a un pas qu'on se gardera de franchir : dans d'autres pays, les mêmes phénomènes n'entraînent pas les mêmes effets.
Notons qu'un autre volcan, indonésien celui-là, le Tambora, aura, en 1815 et dans les années suivantes, des conséquences moins dramatiques et plus souriantes concernant l'art et la littérature...
Yves Chenal
Extrait du registre paroissial de Morfontaine (Meurthe et Moselle)
Texte écrit le 31 décembre 1783 par le curé, M. Mathieu
Nos successeurs ne trouveront pas ici sans intérêt les désastres et les phénomènes de cette année 1783, dont les annales du monde n’offrent rien de semblable pour leur étendue et leur singularité. L’Europe, depuis son midy jusqu’au nord austral, c’est-à-dire depuis la Sicile jusqu’à l’Islande, a éprouvé d’horribles tremblements de terre dont les foyers ont été les monts Etna et Héclat ; le premier a détruit toutes les villes, bourgs et villages, vignobles et plantations quelconques des deux Calabres et d’une grande partie de la Sicile, dont Messines, l’une de ses capitales, ne montre en ce moment que des ruines. Dans l’autre point, il s’est élevée une Isle brûlante au milieu de ces mers presque toujours glacées. Les calamitées de ces mouvements convulsifs sont au dessus de toutes expressions dans les Calabres et la Sicile.
L’Europe entière a vu successivement et avec un égal étonnement un brouillard sec qui, pendant une grande partie des mois de juin et juillet, interception les rayons du soleil et de la lune et donnait à ces deux flambeaux une couleur de sang ; et beaucoup d’épidémies affligeantes, grandes sécheresses, cependant bonne récolte, mais peu abondante.
In futuram rei memoriam.
Signé illisible,
curé de Morfontaine
Remerciement à Henri Magdalena pour la communication de ce document
8 juin 1794 :
La fête de l'Être suprême
À Paris, le 8 juin 1794 (20 prairial An II), le tout-puissant Maximilien de Robespierre conduit la première fête en l'honneur de l'Être suprême. Par cette cérémonie qui se veut grandiose, civique et religieuse à la fois, l'« Incorruptible » tente de concilier la déchristianisation menée par le Comité de Salut public avec les aspirations religieuses de la grande masse des Français.
Fabienne Manière
L'Être suprême plutôt que Dieu
Depuis l'exécution de son principal rival, Danton, le 5 avril 1794, Robespierre écrase de son autorité le Comité de Salut public (le gouvernement révolutionnaire) ainsi que l'assemblée de la Convention. Celle-ci est dominée par les députés de la Montagne (ainsi nommés parce qu'ils siègent sur les bancs les plus élevés). Alliés aux sans-culottes des sections et des clubs parisiens, ils sont disposés à suivre Robespierre sur le chemin sans fin de la Révolution.
Robespierre a recours à la Terreur contre les citoyens suspects de tiédeur révolutionnaire. Il est décidé d'autre part à mener la déchristianisation de la France à son terme.
Mais l'« Incorruptible » ne veut pas priver le peuple de références religieuses et morales car il caresse l'idéal rousseauiste d'une société vertueuse, démocratique et égalitaire. Lui-même se veut déiste, à l'encontre de nombre de ses anciens adversaires, athées déclarés tels Anacharsis Cloots, « pape des athées » ou encore Danton et Desmoulins. Au Club des Jacobins, il lance : « Si Dieu n'existait pas, il faudrait l'inventer ! »
À son instigation, la Convention décrète le 18 floréal An II (7 mai 1794) : « Ie peuple français reconnaît l'existence de l'Être suprême et de l'Immortalité de l'âme ». Par la même occasion, elle annonce une grande fête destinée à inaugurer ce nouveau culte fondé sur la raison.
Vive la fête
Arrive le jour fixé pour la fête de la nouvelle divinité sans nom et sans visage. Il coïncide avec le dimanche de la Pentecôte (commémoration par les chrétiens de la révélation de l'Esprit-Saint aux apôtres du Christ). À l'initiative du peintre et conventionnel Louis David, grand ordonnateur des festivités, les maisons de Paris ont été fleuries et enguirlandées pour l'occasion.
Robespierre, en habit bleu à revers rouge, met d'abord le feu à une effigie de l'Athéisme, installée au milieu du bassin des Tuileries. En s'effondrant, elle révèle la statue de la Sagesse !
Puis le dictateur prend la tête d'un cortège magnifique, un bouquet de fleurs et d'épis à la main. Il se rend au Champ-de-Mars où a été dressée une montagne surmontée d'un obélisque et de la statue du Peuple français.
La foule des sans-culottes semble apprécier les effets de scène mais le ridicule de la cérémonie suscite des ricanements dans l'entourage de l'« Incorruptible ». Celui-ci, qui s'en aperçoit, dissimule mal son ressentiment.
Retour à la tradition
Quelques semaines plus tard, la victoire de Fleurus rassure les conventionnels sur le sort du pays Elle les convainc de se défaire d'un chef devenu encombrant et décidément imprévisible. La chute de Robespierre, le 27 juillet 1794 (9 thermidor An II), entraîne la disparition de l'Être suprême.
Les conventionnels n'en ont pas fini pour autant avec les fêtes civiques. Le 11 octobre 1794, ils organisent l'entrée solennelle au Panthéon de la dépouille de leur maître à penser Jean-Jacques Rousseau. Ils créent aussi sept fêtes nationales : fête de la République (1er vendémiaire), fête de la Jeunesse (10 germinal), fête des Époux (10 floréal), fête de la Reconnaissance (10 prairial), fête de l'Agriculture (10 messidor), fête de la Liberté (9 et 10 thermidor - chute de Robespierre ! -), fête de la Vieillesse (10 fructidor).
Dans un ultime effort pour déchristianiser la société, la loi du 9 septembre 1798 instaure la fête du décadi en remplacement du dimanche ; ce jour-là, le président de chaque municipalité, en uniforme d'apparat, doit rassembler les habitants sur la place du village, les informer des lois et des nouvelles, prononcer un sermon civique et célébrer les mariages civils !
Avec le Concordat de 1802, enfin, la religion catholique va retrouver les faveurs des autorités publiques.
8 juin 1795 :
Louis XVII meurt au Temple
Le 8 juin 1795, Louis XVII meurt à la prison du Temple, à Paris, dans l'anonymat et la détresse. Fin tragique d'un enfant né sous les plus heureux auspices.
Alban Dignat
L'enfant roi
Né dix ans plus tôt, le 27 mars 1785, Louis-Charles, fils cadet de Louis XVI, était devenu l'héritier du trône à la mort de son frère aîné, le 4 juin 1789.
Portrait de Louis-Charles, futur Louis XVII, attribué à Élisabeth Vigée-Lebrun, National Gallery. Agrandissement : le Dauphin au Temple, Gustave Wappers, XIXe siècle, musée d'Histoire d'Amsterdam.C’était dans ses premières années un enfant vif et précoce, un chou d’amour, très attaché à sa Maman Reine.
Le 13 août 1792, après la chute de la royauté, il est enfermé avec ses parents, sa tante, Madame Elisabeth, et sa sœur aînée Marie-Thérèse, dite Madame Royale, dans l'enclos du Temple.
Le 21 janvier 1793, à la mort de Louis XVI, la reine Marie-Antoinette s’agenouille devant son fils devenu Louis XVII ! Les grandes puissances européennes le reconnaissent comme tel.
Mais l'enfant du Temple n'a pas le loisir de jouir de son titre. Il est enlevé quelques mois plus tard à sa mère Marie-Antoinette et élevé à la dure, dans l'enceinte de la prison, par le cordonnier Simon et sa femme.
Maltraitance d'enfant
Entre deux raclées, ce couple d'ivrognes le force à boire du vin, à chanter la Carmagnole, à jurer comme un vrai sans-culotte et à insulter sa mère et à sa tante, des « satanées putes », qui peuvent l’entendre à l’étage au-dessus. Il lui extorque des aveux indignes selon lesquels il aurait pratiqué l'inceste avec sa mère !
Lors d’une confrontation avec Marie-Antoinette, le 7 octobre 1793, la dernière fois qu’il verra sa mère, on le force à l’accuser d’attouchements. Ces fausses déclarations sont présentées au procès de Marie-Antoinette.
En pleine Terreur jacobine, en janvier 1794, Louis XVII est séquestré dans un cachot par les républicains, qui souhaitent la mort de ce « petit sapajou engendré par une guenon », selon Hébert, chef des Enragés. Cela achève de ruiner sa santé physique et mentale.
Le donjon du Temple sous la Révolution
Son martyre va encore durer 19 mois. Après la chute de Robespierre et la fin de la gauche jacobine, les Conventionnels modérés songent à le remettre aux Autrichiens en échange de prisonniers français.
Paul Barras, président de la Convention thermidorienne qui a renversé Robespierre, rend visite à l'enfant dans sa prison. Il est trop tard pour envisager une libération. Au début de mai 1795, un médecin, Pierre Joseph Desault, le décrit : « mourant, victime de la misère la plus abjecte, de l’abandon le plus complet, un être abruti par les traitements les plus cruels... »
Sa mort survient pour cause de scrofule, une forme particulière de tuberculose que les rois capétiens, curieuse coïncidence, avaient la réputation de guérir en touchant les plaies des malades le jour de leur sacre.
L'enfant est enterré dans une fosse commune.
Une famille déchirée
Marie-Thérèse Charlotte, dite Madame Royale, a plus de chance que son frère. Elle est livrée à l'Autriche le jour de ses 17 ans, le 19 décembre 1795, contre des prisonniers français.
Madame Élisabeth à la prison du Temple, 1793, d’Aleksander Kucharski, collection particulière, DRL'« Orpheline du Temple » se mariera en 1799 avec son cousin, Louis d'Artois, duc d'Angoulême. Mais son attitude étrange et sa réserve à l'égard de son passé et des gens qui l'ont connue en France ne va cesser d'entretenir la rumeur d'une mystérieuse substitution, des gens se prenant à douter de son identité.
La tante de Louis XVII, Madame Élisabeth, plus jeune sœur de Louis XVI, suit de peu celui-ci dans le malheur.
Née le 3 mai 1764 à Versailles, c'est une princesse d'une grande piété qui a refusé plusieurs fois le mariage, y compris avec l'archiduc d'Autriche Joseph II, le frère de Marie-Antoinette. Après la chute de la monarchie, elle demeure avec abnégation auprès de la famille royale et se voue à l'éducation des enfants.
Transférée à la Conciergerie après la mort de Marie-Antoinette, elle est rattrapée par Fouquier-Tinville, accusateur public du Tribunal révolutionnaire, pendant la Grande Terreur, et envoyée à l'échafaud le 10 mai 1794.
La relève royaliste
Plus chanceux que le couple royal, arrêté dans sa fuite à Varennes, le comte de Provence, frère de Louis XVI, comte de Provence, a pu quitter le royaume le 20 juin 1791. Suite à la mort en prison de son neveu Louis XVII, il devient pour les royalistes le souverain légitime. En exil à Vérone, en Italie, il prend le nom de règne de Louis XVIII.
En juillet 1795, alors que les députés de la Convention tentent de sortir à moindres frais de la Révolution, il publie une déclaration pour le moins maladroite : « Il faut rétablir ce gouvernement qui fut pendant quatorze siècles la gloire de la France et les délices des Français, qui avait fait de notre Patrie le plus florissant des États et de vous-mêmes le plus heureux des peuples... Cette antique et sage constitution dont la chute a entraîné votre perte, nous voulons lui rendre toute sa pureté ».
En prônant un retour pur et simple à l'Ancien Régime, Louis XVIII hérisse beaucoup de Français, y compris parmi les plus modestes, qui ont gagné, avec la Révolution, un supplément d'égalité civile et la fin des privilèges.
Il menace aussi tous les Français qui se sont enrichis grâce à l'acquisition de « biens nationaux » enlevés à l'Église. Au total pas moins de 100 000 foyers.
Tous ces Français ne vont plus avoir d'autre but que de se prémunir contre le retour sur le trône de Louis XVIII. Ils vont soutenir pour cette raison la dictature de salut public de Napoléon Bonaparte, sous le nom de Consulat, puis l'établissement du consulat à vie.
Ils vont enfin donner à Bonaparte le titre d'empereur avec succession héréditaire pour éviter que sa mort ne ramène Louis XVIII.
Ce dernier accèdera au trône vingt ans plus tard, après l'effondrement de l'Empire, après avoir enfin renoncé au rétablissement de l'Ancien Régime.
Imposteurs
Dès 1795, les rumeurs les plus folles ont couru sur l'enfant du Temple, conformément à une tradition bien établie quand un souverain disparaît dans des conditions troubles... Des auteurs en mal de scénario ont contesté la version officielle de la mort de Louis XVII et imaginé que le Dauphin avait pu s'enfuir et se faire remplacer en prison par un enfant anonyme. Des dizaines d'imposteurs ont prétendu alors être le Dauphin et revendiqué la succession de son malheureux père. Le plus célèbre est un Prussien nommé Naundorff dont les descendants perpétuent la revendication après avoir obtenu de la Hollande le droit de porter le nom de Bourbon !
Mais le cœur momifié de l'enfant ayant été par miracle conservé, grâce au médecin légiste Philippe-Jean Pelletan qui l'avait examiné, des experts ont pu l'authentifier en comparant son ADN (acide désoxyribonucléique) à celui de la reine Marie-Antoinette. Les conclusions de leurs recherches ont été présentées à la presse le 19 avril 2000 et exposées dans un livre de l'historien Philippe Delorme, Louis XVII, la vérité.
Depuis le 8 juin 2004, le coeur de l'enfant royal - Louis XVII pour les royalistes- est exposé dans l'ancienne nécropole royale de Saint-Denis. Sa dépouille, malgré les recherches entreprises au XIXe siècle, n'a par contre jamais pu être retrouvée.
8 juin 1815 :
Création de la Confédération germanique
À la veille de se séparer, le Congrès de Vienne crée le 8 juin 1815 la Confédération germanique, un ensemble aux contours très lâches, présidé par l'empereur d'Autriche assisté du roi de Prusse. Il va de soi que cette construction politique, sans pouvoir réel, ne correspond pas aux voeux de la jeunesse allemande qui souhaite en terminer avec le morcellement du pays et crée dans cette perspective une Association des étudiants allemands (Burschenschaft). Fondée le 12 juin 1815 à Iéna, dans le grand-duché de Saxe-Weimar, cette association politique se donne pour symboles la devise « Honneur, Liberté, Patrie » et les couleurs de l'ancien empire (noir, rouge, or), qui sont celles de l'actuel drapeau allemand. Elle va très vite rayonner dans les autres cités universitaires allemandes...
8 juin 1867 :
François-Joseph roi de Hongrie
Le 8 juin 1867, l'empereur d'Autriche François-Joseph et sa femme « Sissi » ceignent à Budapest la couronne de Saint-Étienne. Ils consacrent ainsi la naissance de la monarchie bicéphale d'Autriche-Hongrie.