21 Avril 2020
Le Saint du Jour est une liste quotidienne des Saints gardés dans la mémoire de l'Église. Les histoires des maîtres de la vie chrétienne de tous les temps qui comme des phares radieux orientent notre chemin.
Né à Aoste, Saint Anselme (1033-1109), moine bénédictin et archevêque de Cantorbéry a vécu entre la France et l’Angleterre; fondateur de la théologie scolastique et grand pasteur d’âmes, il est proclamé Docteur de l’Eglise en 1720 et sa mémoire liturgique se célèbre le 21 avril.
Quelle est la force d’un songe? En feuilletant les pages de la vie de saint Anselme, on serait tenté de dire à plusieurs reprises qu’il est encore gamin; en effet le petit Anselme a un songe la nuit, où Dieu l’invite à un des sommets des Alpes pour lui offrir à manger «un pain d’une blancheur éclatante». A partir de ce moment la vie du futur saint sera consacrée à «élever l’esprit vers la contemplation de Dieu». Un objectif poursuivi absolument sans relâche malgré les adversités. Né en 1033 à Aoste de famille noble, Anselme souffre de fortes contrariétés avec son père, homme rude et adonné aux plaisirs de la vie, qui lui interdit par tous les moyens d’entrer dans l’Ordre bénédictin pour éviter la dispersion du patrimoine familial. Anselme n’a que 15 ans et face au refus paternel il en tombe malade. Remis de sa maladie il décide de partir pour la France, où devenu sourd à l’appel de Dieu, il s’abandonne à la dissipation morale.
Après trois ans, la rencontre providentielle avec Lanfranc de Pavie, prieur de l’Abbaye bénédictine du Bec, en Normandie, rallume en lui sa vocation. Finalement à 27 ans Anselme peut entrer dans l’Ordre monastique et être ordonné prêtre. En 1063 il devient lui-même prieur du monastère du Bec, en se révélant un éducateur doux, mais décidé. Il n’aime pas les méthodes autoritaires, auxquelles il préfère le principe de la persuasion qui fait grandir consciemment les étudiants, en leur enseignant la valeur inviolable de la conscience et l’adhésion libre et responsable à la vérité et au bien. Son génie éducatif s’exprime dans cette «via discretionis» qui unit compréhension, miséricorde et fermeté. Les jeunes, dit Anselme, sont de petites plantes qui fleurissent non à l’abri d’une serre, mais grâce à une «saine liberté».
Entre temps, Lanfranc de Pavie devient archevêque de Cantorbéry et demande de l’aide à son disciple pour réformer la communauté ecclésiale locale, dévastée par le passage des envahisseurs Normands. Anselme se transfère donc en Angleterre et se consacre avec une telle passion à sa nouvelle mission qu’à la mort de Lanfranc il lui succède au siège de Cantorbéry, en recevant l’ordination épiscopale en 1093. Et c’est justement en cette période que le futur Saint s’engage sans relâche en faveur de la libertas Ecclesiae, en soutenant avec une énergie inépuisable et avec beaucoup de courage l’indépendance du pouvoir spirituel face au pouvoir temporel, dans la défense de l’Eglise contre les ingérences des autorités politiques. Mais sa position lui coûte, bien à deux reprises, l’éloignement du siège de Cantorbéry. Anselme n’y revient définitivement qu’en 1106 pour consacrer les dernières jours de sa vie à la formation morale des prêtres et à la recherche théologique. Il meurt le 21 avril 1109 et sa dépouille est ensevelie dans la célèbre cathédrale de Cantorbéry.
En tant que fondateur de la théologie scolastique, la tradition lui décerne le titre de «Docteur Magnifique», justement , parce que chez Anselme est magnifique son désir d’approfondir les mystères divins à travers trois étapes: la foi, don gratuit de Dieu, l’expérience, ou l’incarnation de la Parole dans le quotidien, et la connaissance ou l’intuition contemplative. «Je ne cherche pas, Seigneur, à pénétrer ta profondeur, car je peux même pas de loin comparer avec elle mon intellect. Mais je désire comprendre, au moins jusqu’à un certain point, ta vérité, que mon cœur croit et aime. Je ne cherche pas à comprendre pour croire, mais je crois pour comprendre», affirme en effet Anselme.
Ses principales œuvres sont: le Monologion (Soliloque) et le Proslogion (Colloque), consacrées à démontrer l’existence de Dieu respectivement a posteriori et a priori, et veulent réaffirmer qu’Il est «l’Etre dont on ne peut concevoir un plus grand». La nombreuse correspondance de saint Anselme révèle plutôt sa pensée politique, inspirée toujours de «l’amour de la vérité», de la rectitude et de l’honnêteté épiscopale, loin des influences temporelles et opportunistes. «Je préfère être en désaccord avec les hommes qu’ en accord avec eux et en désaccord avec Dieu», écrit l’archevêque de Cantorbéry, en mettant en relief les traits du bon gouvernant qui respecte le bien commun, plutôt que l’intérêt personnel. En 1163, le pape Alexandre III concède à Anselme «l’élévation du corps», acte qui, en ce moment-là, correspond à l a canonisation. Enfin, en 1720, Clément XI le proclame « Docteur de l’Eglise».
Saint Conrad de Porzham
Frère capucin
K |
onrad von Parzham (dans le siècle Johann Birndorfer) naît le 22 décembre 1818 à Venushof de Parzham, près de Passau en Bavière. Dernier d'une fratrie de douze enfants, il vécut une jeunesse simple, aimant la nature en aidant ses parents, de pieux cultivateurs bavarois.
Orphelin à seize ans, il tenta par la suite de poursuivre des études au monastère bénédictin de Deggendorf à Metten, participant avec les moines aux travaux agricoles. Il vivait dans un pays qui conservait ses traditions populaires, profondément chrétiennes. Il était robuste et droit.
À 23 ans, il entra dans le Tiers-Ordre franciscain. Il était spécialement dévoué à son rosaire et assistait à la messe quotidienne. Il aurait pu continuer à vivre une vie heureuse et paysanne ; mais à 31 ans refusant le mariage, cet homme distribua sa part d'héritage à ses frères et à diverses institutions religieuses.
Il entra chez les Capucins de Sainte-Anne d’Altötting. Il fit son noviciat à Laufen. Ensuite il devint jardinier du couvent et fit sa profession en 1852, sous le nom de Conrad.
Devenu portier du Couvent d’Altötting, toujours calme et patient, le Frère Conrad, heureux de vivre dans ce sanctuaire marial, menait une vie humble et recueillie. Sa dévotion à Notre Dame et ses conseils furent bientôt connus de la population locale qui se pressait aux portes du couvent. Sa réputation dans toute la Basse-Bavière se développa à une époque, où eut lieu un réveil du Catholicisme bavarois.
Craignant de perdre son autonomie, face aux puissances protestantes (la Prusse), la Bavière puisait aux sources de la tradition catholique, dans un mouvement de charité et de dévotions populaires. Cet élan de piété allait de pair avec une prospérité grandissante. Notre époque, où les richesses matérielles détournent souvent de la Foi, est bien différente de celle du royaume bavarois d’alors...
Mais il existait bien sûr des souffrances matérielles et morales que le Frère Conrad tentait de soulager avec patience et ténacité, sous le regard de la Vierge. Il avait mission de distribuer aux pauvres les produits agricoles et le pain du couvent et bien sûr de la bière, brassée au couvent, qu'il voulait légère. Il accueillait d'incessants groupes de pèlerins. De nombreuses conversions eurent lieu aussi.
Il collabora aussi à l’œuvre du « Liebeswerk » destinée à l'enfance abandonnée.
C'est ainsi que se déroula une vie simple dédiée aux humbles travaux. Le 18 avril 1894, se sentant fatigué, il se coucha pour se préparer dit-il à l'éternité ; il rendit son âme le 21 avril.
Konrad von Parzham a été béatifié par Pie XI (Ambrogio Damiano Achille Ratti, 1922-1939) en 1930 et canonisé quatre ans plus tard.
Bx Bartolomeo Cerveri
Prêtre o.p. et martyr († 1466)
De famille noble (son père était seigneur de Cuffia, Cervere et Rosano), il entra très jeune au couvent dominicain de Savigliano (province de Coni dans la région Piémont en Italie), où furent aussi les BBx Antonio Pavoni, Aimone Taparelli et Pietro Cambiani.
Dès sa jeunesse il montre une grande ferveur pour les études et pour la vie monastique. Il fut alors envoyé poursuivre ses études à Turin où, cas unique dans les annales de l’école, le 18 mai 1452 il réussit en même temps la licence, le doctorat et le diplôme de professeur. Il enseigna la théologie à Turin, fut deux fois élu prieur du couvent de Savigliano, dont il fit agrandir l’église, et fut en outre directeur des monastères féminins de Savigliano et de Revello.
En 1451 il fut nommé inquisiteur de la foi pour le Piémont et la Ligurie, charge dangereuse vu le grand nombre d’hérétiques, mais où il obtint de bons fruits grâce à sa parole et à sa renommée de sainteté, plutôt qu’avec les méthodes fortes en usage à l’époque. Son activité ne tarda pas à lui attirer la haine des hérétiques et il savait qu’il était appelé à donner sa vie en témoignage de sa foi.
Il sembla être averti surnaturellement de la fin qui l’attendait, quand le 21 avril 1466 il se mit en chemin vers Cervere avec les frères Giovanni Boscato et Gian Piero Riccardi pour le travail apostolique habituel. Il se confessa à un des frères, puis, comme en plaisantant, il lui confia que ce serait la première et dernière fois qu’il viendrait à Cervere, ce lieu dont il portait le nom. Ayant quitté Bra, à environ 1 km de Cervere, les trois religieux furent entourés par cinq hérétiques, qui en blessèrent un gravement et frappèrent mortellement au ventre Bartolomeo de plusieurs coups de lance. Le troisième frère réussit à se sauver. Le martyr expira en priant pour ses assassins.
Sa mort fut suivie de faits miraculeux. On dit qu’au moment du crime, les habitants de Savigliano virent le soleil en direction de Cervere, c’est-à-dire à l’est, alors que c’était le soir. Sur le lieu du crime, où aujourd’hui s’élève une chapelle en son honneur, poussa un arbre avec les branches en forme de croix. Arrivée à Savigliano, la dépouille fut enterrée avec de grands honneurs, obtint de nombreuses grâces et le martyr commença à être invoqué contre la foudre et la grêle.
En 1802, avec la suppression du couvent de Savigliano, il fallut transporter les reliques à Cervere, où elles reposent encore aujourd’hui dans une urne sous le grand autel de l’église paroissiale.
Le culte fut confirmé le 04 décembre 1856 par le Bx Pie IX (Giovanni Maria Mastai Ferretti, 1846-1878).
Il est né en Teocaltiche, Jalisco (diocèse de Aguascalientes) 27 Février 1859.
Durant la persécution contre l'Église dans ce pays, il exerça son ministère en cachette dans des maisons et des fermes, aidant les malades, tentant d'éduquer les enfants. Dénoncé, il fut arrêté et fusillé à Nochistlan, sur le territoire de Guadalajara au Mexique.
Canonisé le 21 Mai 2000.
Voir aussi Saints Cristóbal Magallanes et ses 24 compagnons.
"Cristóbal Magallanes et ses 24 compagnons, martyrs au cours des trente premières années du XXème siècle. La majeure partie appartenait au clergé séculier et trois d'entre eux étaient des laïcs profondément engagés dans l'assistance aux prêtres. Ils n'abandonnèrent pas le courageux exercice de leur ministère lorsque la persécution religieuse s'accrut sur la terre mexicaine bien-aimée, déchaînant la haine contre la religion catholique. Tous acceptèrent librement et sereinement le martyre comme témoignage de leur propre foi, pardonnant de façon explicite à leurs persécuteurs. Fidèles à Dieu et à la foi catholique enracinée dans les communautés ecclésiales qu'ils servaient, promouvant également leur bien-être matériel, ils sont aujourd'hui un exemple pour toute l'Eglise et pour la société