1. « Marie Madeleine se rend au tombeau de grand matin ; c’était encore les ténèbres. »
On le devine, Marie-Madeleine brûlait d'impatience de retourner auprès de l'homme qui a transformé sa vie. Même mort. C'est un désir accru, sans doute, par la contrainte du respect des traditions qui l'ont empêchée de s'y trouver plus tôt. Nous sommes en effet dans la période du Sabbat.
Comme il a dû t’émouvoir, Seigneur, l'empressement de cette femme, et l'amour dont il témoignait. Il trouve un écho chez les disciples dont la course nous est racontée avec précision. Nous aimerions avoir cet élan. La foi n'est-ce pas d'abord creuser ce désir de Dieu : « Mon âme a soif de Dieu, le Dieu vivant ; quand pourrai-je m'avancer, paraître face à Dieu ? » (Ps 41, 3)
Si ce désir s'est étouffé, au moins demandons à Dieu le désir du désir de cette relation.
2. « En se penchant, il s’aperçoit que les linges sont posés à plat ; cependant il n’entre pas. »
Et pourtant, une fois que l'âme désire, ou à tout le moins qu'elle veut avec bonne volonté travailler ce désir, elle se heurte à nos difficultés pour comprendre. Saint Jean a couru, il est même arrivé le premier. Il voit déjà à l'intérieur. Mais il reste au seuil. Combien de fois n'avons-nous pas le sentiment d'être bloqué sur le seuil ? Sur le seuil d'un passage d'Évangile que l'on ne comprend pas ? Sur le seuil d'une épreuve pour laquelle on ne voit pas de sens ? Notre foi semble alors stagner. Les mots sont là, mais leur sens se refuse à nous et nous sentons intérieurement un mur qui résiste mais rien pour en faire le contour ou le nommer. Notre volonté et notre raison ne suffisent pas dans cette quête exigeante où nous nous trouvons. L'important est de ne pas faire demi-tour. Parfois il faut faire comme Jean, il faut accepter d'attendre.
3. « C’est alors qu’entra l’autre disciple, lui qui était arrivé le premier au tombeau. Il vit, et il crut. »
Dieu a son temps, ce n'est pas le nôtre. Il nous attend et nous parle au moment où on ne s'y attend pas : les deux disciples, Pierre et Jean, qui ont reçu directement les paroles de Jésus, ne comprennent qu'à l'instant où ils entrent et voient. Justement quand Jésus n'est plus là pour expliquer. Comme eux, pour nous aussi, il arrive que les phrases, les paroles dites font sens subitement. Parce que notre âme est soudain prête, parce que le temps de Dieu est venu, et parce qu'il nous en donne soudain la grâce. Comme Jean, il faut parfois un intermédiaire. Ici c'est Pierre qui le fait entrer. Symbole de l'Église. Les difficultés sur lesquelles nous butons dans notre vie de foi sont un rappel d'humilité : en comptant sur nos propres forces, nous ne pouvons pas y arriver. Nous avons besoin des autres à travers lesquels Dieu agit, et en particulier de l'Église, de ses membres et de ses sacrements. Et nous avons aussi à accepter le temps de Dieu, l'action de sa grâce. Dieu veut nous montrer sa force.
Rendons grâce à Dieu pour ces moments forts de notre foi où, subitement, un fondement de celle-ci s'est éclairé à nous, où le Christ s'est manifesté à nous. Il faut en faire mémoire ! Et bénis soient ceux qui ont pu parfois les permettre !