6 Juin 2019
La Banque Centrale du Vénézuéla révèle au monde l’étendue de la crise généralisée qui frappe son pays.
Après des années de silence, la Banque Centrale du Vénézuéla vient de reconnaitre la situation économique désastreuse du pays. Hyperinflation, chute des exportations pétrolières mais aussi des importations, crise alimentaire aiguë, crise migratoire, effondrement du système de santé publique et crise politique. Le Vénézuéla s’enlise dans le chaos.
Cela faisait 3 ans qu’elle n’avait publié aucun chiffre. La Banque Centrale du Vénézuéla a annoncé une inflation de 130 000% en 2018, soit une hausse des prix de 365 % par jour en moyenne. Le Fonds Monétaire International évalue cependant l’inflation en 2018 à 1 370 000% et prévoit 10 000 000% pour 2019. Le Food Security Information Network (FSIN) vient de publier un rapport sur les crises alimentaire en 2019. Pour les experts, « cette hyperinflation a considérablement réduit le pouvoir d’achat des populations, limitant l’accès à la nourriture ».
Dans ce contexte, le FSIN déplore une chute des importations de produits alimentaires de 67%.
« Le Venezuela traverse une crise politique et économique. La majeure partie de la nourriture est importée, mais l’effondrement de la valeur de la monnaie locale, le bolivar, entraîne des difficultés pour importer des produits alimentaires. »
En parallèle de la chute des importations, on assiste à la chute des exportations pétrolières. Il s’agit pourtant de 96% des revenus du pays, qui est le détenteur des plus grandes réserves pétrolières du monde. Selon la Banque Centrale, les exportations ont chuté et sont passés de 85 milliards $ en 2013 à 29 milliards $ en 2019. Selon les chiffres de l’Organisation des Pays Exportateurs de Pétroles (OPEP), la production du Vénézuéla a été divisée par 3 en 10 ans. Suite à l’embargo imposé par les États-Unis pour contraindre Nicolas Maduro à quitter la présidence, les exportations sont bloquées vers les USA, mais également les importations de diluants nécessaires au raffinage. La production pétrolière est donc en chute, passant de 3 millions de barils par jour en 2009, à 1 million en avril 2019, ce qui impose un rationnement pour les populations.
Le Vénézuéla est également confronté à l’effondrement de son système de santé publique. Les chercheurs de Human Right Watch se sont rendus aux frontières pour évaluer l’étendue de la crise humanitaire. Leur constat est sans appel :
« Le système de santé publique du Venezuela s’est effondré, ce qui met en danger la vie d’innombrables Vénézuéliens. La combinaison d’un système de santé en échec et de pénuries alimentaires généralisées a généré une catastrophe humanitaire, qui ne fera que s’aggraver si une solution n’est pas trouvée rapidement. »
Le système de santé s’effondre.
En 2015, le Ministère de la Santé a cessé de publier les indicateurs de santé. Mais les épidémies de rougeoles et de diphtéries se multiplient, ce qui indique de « graves défaillances de la couverture vaccinale ». On assiste également à une recrudescence des cas de paludisme et de tuberculose et à la quasi-impossibilité de se soigner pour les porteurs du virus du sida. La mortalité maternelle a augmenté de 65% en 2016, la mortalité infantile de 30%. Le taux de malnutrition aggrave cette crise sanitaire, car elle rend la population plus sensible aux maladies infectieuses et aux risques de complications en cas de maladie.
Les enfants sont les premières victimes.
Au coeur de cette crise généralisée, les enfants sont les premières victimes. Seule la moitié des enfants et adolescents scolarisés vont à l’école. Les causes de l’absentéisme sont toutes liées à la crise : pénurie d’eau, de nourriture, manque de transports, absence d’électricité et le manque de nourriture à l’école. En effet, 23% des foyers n’ont pas l’eau courante et 25% subissent régulièrement des coupures de courant pendant plusieurs heures.
La survie devenant impossible, 3,4 millions de Vénézuéliens ont fait le choix de l’exil. Selon l’ONU, 5 millions auront fui le pays en 5 ans. Soit 16% de la population. C’est un exode plus important que celui de la crise syrienne.
M.C.
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Vous vous sentez fatigué après votre journée de travail ? Vous avez des douleurs dans le dos ou dans les articulations ? Peut-être avez-vous un travail pénible qui occasionne ces douleurs et cette lassitude ? Mais qu’est-ce qu’un travail pénible ? Un travail considéré comme « non pénible » peut-il quand même être « pénible » ?
Une étude publiée par la Dares (Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques) en 2018 permet de publier un « hit parade » des métiers les moins favorables au bien-être psychologique (et non les plus pénibles !) à savoir dans l’ordre :
Ce que dit la loi
Mais s’agit-il pour autant des métiers les plus pénibles ? Après plusieurs évolutions réglementaires, l’ordonnance n°2017-1389 du 22 septembre 2017 a retenu 10 facteurs de risques, regroupé en trois grandes catégories, pour qualifier cette pénibilité : ils dépendent de l’environnement du poste de travail et de la nature des tâches.
Au regard des fameux 10 critères de pénibilité, certains métiers présents dans ce classement interpellent : les employés de banque/assurance et à un degré moindre, les agents de gardiennage et de sécurité ne semblent pas être exposés aux facteurs de risques énoncés dans la loi. À l’inverse, certains métiers (éboueur/ripeur ou agent de conditionnement dans l’agroalimentaire) semblent remplir ces critères, mais ne figurent pas dans la liste.
Un autre élément est déterminant pour connaître la pénibilité d’un métier : l’espérance de vie à 35 ans selon la catégorie socio-professionnelle. L’Observatoire des seniors précise qu’il existe un lien direct entre espérance de vie et pénibilité. Mais cette réalité est également à nuancer. Par exemple, un homme-cadre a une espérance de vie à 35 ans de 49 ans contre 49,8 ans pour une femme ouvrière.
Intégrer la notion de « bien-être »
On voit ici que la notion de métier « pénible » repose prioritairement sur critères endogènes. Mais de nombreux autres facteurs entrent en ligne de compte liés au travail (durée du travail, conditions de travail, ambiance de travail, rémunération) ou au mode de vie personnel (alimentation, consommation d’alcool) ou aux deux (conciliation vie personnelle et professionnelle, temps de transport).
Les facteurs psychologiques sont également prépondérants. On peut citer notamment quatre situations qui influent sur l’environnement psychologique des salariés :
Les enseignements sont donc nombreux. À côté de critères objectifs définis par la loi, on voit que les facteurs subjectifs influent fortement sur la pénibilité des métiers. On constate aussi que l’équilibre vie personnelle/vie professionnelle impacte fortement le ressenti des salariés. Ainsi, parmi les métiers considérés comme apportant le moins de bien-être, les rythmes de travail (cuisinier, aide-soignant, infirmier) apparaissent comme un critère décisif.
La capacité de se « réaliser » dans son travail ou d’exercer un travail utile est également un facteur atténuant de la pénibilité : l’autonomie, la responsabilité, transmission de savoirs. Enfin, les questions de valeurs, d’interactions sociales et d’ambiance de travail sont également prépondérantes dans cette évaluation de la pénibilité des métiers. Autant de paramètres à prendre en compte par les managers… à défaut de réglementation en la matière.
Hubert Jaspard, Enseignant vacataire, École des hautes études en santé publique (EHESP) – USPC
Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons.