Entretien réalisé par Olivier Bonnel - Cité du Vatican
En France, les députés examinent en séance, à partir de ce mardi après-midi, le projet de loi de bioéthique. Un débat très attendu qui se poursuivra jusqu’au 9 octobre. Parmi les mesures les plus médiatiques, figure l’ouverture de la PMA à toutes les femmes qu’elles soient en couple ou célibataires. Cette évolution pose de nombreux problèmes éthiques, sur le statut de la médecine comme instance de soin ou comme lieu de réponse "technique" à un simple désir ou à un projet personnel, ou anthropologiques, notamment sur le rôle du père comme figure structurante pour l’enfant. Les questions posées par le projet de loi sont en effet nombreuses : le projet de loi propose notamment une notion de parenté qui repose sur la simple volonté, indépendamment des données sexuées. Dans le cadre d’une PMA serait donc consacré progressivement l’effacement du père.
Dans les débats qui ont précédé l’examen du projet de loi, de nombreuses voix, venues des religions mais aussi du milieu intellectuel (philosophes, sociologues…) et de différentes tendances politiques ont fait part de leurs réserves face aux bouleversements à venir et des changements culturels à venir. La médicalisation croissante des désirs individuels, incarnée par la PMA ouverte aux femmes seules ou aux couples de femmes en est l’un des symboles : comment la médecine peut-elle en effet passer sans heurts et sans dépenses financières excessives d'une logique du traitement de l'infertilité à celle de répondre à un désir de procréation ?
Ce projet de loi suscite aussi et surtout des inquiétudes concernant la question de la dignité humaine à laquelle l’Eglise est attachée rappelle le père Bruno Saintôt, responsable du département d'éthique biomédicale du Centre Sèvres à Paris. Ce prêtre jésuite souligne aussi l’importance pour les chrétiens de se mobiliser pour continuer à éveiller les consciences sur ces questions cruciales.