8 Novembre 2020
Maurice Genevoix entre au Panthéon
Le 11 novembre 2020, Maurice Genevoix fera son entrée au Panthéon, sur décision du président Emmanuel Macron. Soldat grièvement blessé au front lors de la Grande Guerre, cet écrivain majeur du XXème siècle s’est remis des horreurs des tranchées grâce à la nature et à l’écriture. En 1925, il reçoit le prix Goncourt pour son roman Raboliot qui conte les aventures d’un braconnier solognot.
Le 11 novembre 2020, Maurice Genevoix fera son entrée au Panthéon, sur décision du président Emmanuel Macron.
Soldat grièvement blessé au front lors de la Grande Guerre, cet écrivain majeur du XXème siècle s’est remis des horreurs des tranchées grâce à la nature et à l’écriture. S'il se réfugie dans les paysages des bords de Loire, il tient toutefois un rôle de porte-parole auprès des anciens combattants.
En 1925, il reçoit lePrix Goncourt pour son roman Raboliot qui conte les aventures d’un braconnier solognot. En lisant Genevoix, on renoue un peu avec la beauté du monde.
Né à Decize au bord de la Loire dans la Nièvre le 29 novembre 1890. Il passe son enfance à Châteauneuf-sur-Loire. L’eau de la Loire, à laquelle se mêle celle des étangs de Sologne, le captive.
À l’été 1914, il se prépare à passer l’agrégation de lettres. Son objectif ? Effectuer une carrière universitaire à l’étranger. Maurice Genevoix veut voyager.
Éclate alors la guerre qui chamboule la vie de plusieurs générations d’hommes et de femmes. Les rêves sont brisés, les vies sont sacrifiées.
Maurice Genevoix a 24 ans. Mobilisé, il interrompt donc ses études pour rejoindre le front comme officier d’infanterie. Le banc de l’école qu’il vient de quitter lui manque. Désormais, son quotidien, c’est l’enfer des tranchées. Le froid, la pluie, la boue, les rats. Et puis la maladie, les combats, le sang, et la mort, bien sûr.
Entre février et avril 1915, des combats s’enchaînent entre Français et Allemands pour la maîtrise de la crête des Éparges, dans la Meuse. Les pertes humaines sont nombreuses, les gains territoriaux ridicules. La bataille des Éparges annonce les désastres de Verdun et de la Somme à venir…
Au cours d’un assaut, le 25 avril, Maurice Genevoix est très grièvement blessé. Il est réformé à 70% d’invalidité et perd l’usage de sa main gauche.
Au sortir de la guerre, plutôt que reprendre ses études et de passer l’agrégation, il préfère exorciser sur le papier cette guerre dont il vient d’être témoin, et victime. Depuis les bords de Loire, il tire de cette terrible épreuve un ouvrage en cinq volumes Ceux de 14. L’œuvre se placera parmi les plus grands témoignages de la Première Guerre mondiale.
En 1925, il reçoit le Prix Goncourt, pour son roman Raboliot. Cette œuvre, dont le nom vient d’une rabolière, terrier où la lapine fait ses petits, raconte l’histoire d’un braconnier, ancien soldat de 1914, épris de liberté et qui se révolte contre les privilégiés.
En 1946, il est élu à l’Académie française. Douze ans plus tard, il en devient le Secrétaire perpétuel. Il y est très actif et influent.
C’est après la Seconde Guerre mondiale que Genevoix devient finalement un porte-parole des vétérans de la Grande Guerre. En 1951, il devient le président-fondateur du Comité National du Souvenir de Verdun (CNSV). Président de nombreuses commémorations officielles, il met son engagement, son éloquence et sa plume au service des anciens combattants dans les années 1950 et 1960.
En vacances près d’Alicante, en Espagne, il est victime d’une crise cardiaque et meurt le 8 septembre 1980. Sa notoriété dépasse largement le milieu littéraire. En novembre 2020, ses cendres rejoindront le Panthéon.
Au sortir de la guerre, plutôt que reprendre ses études et de passer l’agrégation, il préfère exorciser sur le papier cette guerre dont il vient d’être témoin, et victime. Depuis les bords de Loire, il tire de cette terrible épreuve un ouvrage en cinq volumes Ceux de 14.
Avec ses quatre tomes suivants, Nuits de guerre (1917), Au seuil des guitounes (1918), La Boue (1921), Les Éparges (1923), l’œuvre se placera parmi les plus grands témoignages de la Première Guerre mondiale.
La grippe espagnole le frappe en 1919 et il retourne chez son père dans le Val-de-Loire. La paix revenue, Maurice Genevoix s’engage dans une écriture prolifique de romans.
En 1925, il reçoit le saint-graal pour un écrivain, le prix Goncourt pour son roman Raboliot. Cette œuvre, dont le nom vient d’une rabolière, terrier où la lapine fait ses petits, raconte l’histoire d’un braconnier, ancien soldat de 1914, épris de liberté et qui se révolte contre les privilégiés.
L’Homme et la nature y vivent en harmonie. Le braconnier, dont le gendarme est le pire ennemi, est happé chaque nuit par l’appel de la forêt qui chante un hymne à la liberté.
« Dans l'aube grise et mouillée, il s'achemina vers l'étang. La Sauvagère était maintenant presque vide : à peine, aux abords de la bonde, restait-il encore une mare triangulaire, bourbeuse, dont l'eau bougeait de vagues et lents remous. Les joncs des berges arrondies montraient leurs pieds grisaillés de vase sèche ; entre les plages de sable tourbeux, pareilles à des amas de cendres colmatées, des filets d'eau sinuaient, mourants ; l'œillard, comme épuisé, ne faisait plus entendre son grondement lourd et continu, plus rien qu'un bruit frais de cascade, d'eau qui tombe et qui claque au lieu de se ruer puissamment.» (Raboliot, Chapitre Premier).
Deux ans après l’obtention de son Goncourt, il achète une masure au bord de la Loire à Saint-Denis-de-l’Hôtel au hameau des Vernelles. Il s’en crée un cocon, dessine les plans de la maison et du jardin.
Observateur attentif de la campagne, de ses paysages, des champs et des forêts, il décrit avec profondeur la nature qui le console, le berce, lui permet de retrouver la beauté du monde.
Durant l’Entre-deux-Guerres, Maurice Genevoix garde ses distances vis-à-vis des associations d’anciens combattants. Il refuse de s’engager dans un courant politique et intellectuel porté par les vétérans.
Il fait alors paraître un livre par an pour des lecteurs fidèles à ses histoires enracinées dans les pays des bords de Loire. À partir des années 30, il propose des récits plus ouverts sur le monde. Car Genevoix a soif de découverte et effectue des séjours à l’étranger, en Amérique du Nord et en Afrique.
Alors qu’il est en voyage au Canada, il apprend qu’a éclaté la Seconde Guerre mondiale. En juin 1940, il se replie en Aveyron chez ses beaux-parents et ne publie quasiment pas pendant l’occupation.
En 1946, il est élu à l’Académie française. Douze ans plus tard, il en devient le Secrétaire perpétuel. Il y est très actif et influent.
Engagé dans la défense et la promotion de la langue française, il favorise l’élection de grands écrivains comme Henri de Montherlant et Paul Morand. En parallèle, il poursuit sa création romanesque dans laquelle la vie rurale occupe la première place.
C’est après la Seconde Guerre mondiale que Genevoix devient finalement un porte-parole des vétérans de la Grande Guerre. En 1951, il devient le président-fondateur du Comité National du Souvenir de Verdun (CNSV). Verdun est devenu le symbole de la Grande Guerre dans la mémoire collective. Président de nombreuses commémorations officielles, il met son engagement, son éloquence et sa plume au service des anciens combattants dans les années 1950 et 1960.
En 1967, c’est avec la double étiquette de président-fondateur du CNSV et de Secrétaire perpétuel de l’Académie française qu’il prononce le discours inaugural du Mémorial de Verdun.
Maurice Genevoix, "Les Éparges" et souvenirs de guerre
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Discours de Maurice Genevoix lors de la cérémonie célébrant le cinquantième anniversaire de la deuxième bataille de la Marne, présidée par le général de Gaulle, le 18 juillet 1968 :
« Mes camarades, mes camarades. Il faut avoir senti, à la poussée d’un parapet contre l’épaule, la brutalité effrayante d’un percutant qui éclate ; avoir entendu pendant des heures, du fond de l’ombre, en reconnaissant toutes leurs voix, monter les gémissements des blessés ; avoir tenu contre soi un garçon de vingt ans la minute d’avant sain et fort, qu’une balle à la pointe du cœur n’a pas tué tout à fait sur le coup, et qui meurt, conscient, sans une plainte, les yeux ouverts et le visage paisible, mais de lentes larmes roulant sur ses joues. Vous étiez là, mes camarades. C’est pour vous, pour vous tous que je parle. Vous êtes là comme au premier jour. Et vous voyez : votre pays se souvient avec vous. Il sait qu’il faut vous respecter, vous entourer, vous remercier et vous croire. L’Histoire de France a besoin de vous ».
En 1974, son goût de la liberté le pousse à démissionner de la fonction de Secrétaire perpétuel. Personne ne l’avait fait depuis l’historien François Raynouard en 1826, plus d’un demi-siècle auparavant, donc. Il a 83 ans et veut réserver l’ultime partie de sa vie à l’écriture, à son goût de la campagne et à sa famille.
La télévision le sollicite régulièrement, et il participe à quelques émissions, dont celle de Bernard Pivot, « Apostrophes », où l’on apprécie sa verve et son humour. Mais Genevoix retourne chez lui, là où il appartient, aux Vernelles.
La vieillesse n’altère aucunement ses facultés intellectuelles. Tout au long de sa vie, bien que tourmenté par certains épisodes tragiques de sa vie, Genevoix a toujours eu toute sa tête. À l'âge de 89 ans, il planche sur un projet de roman, concernant la période transitoire entre l’enfance et l’adolescence et compte mettre en épigraphe une citation de Victor Hugo : « l'un des privilèges de la vieillesse, c'est d'avoir, outre son âge, tous les âges ».
En vacances près d’Alicante, en Espagne, il est victime d’une crise cardiaque. Maurice Genevoix s’éteint le 8 septembre 1980 et est enterré au cimetière de Passy à Paris. Sa notoriété dépasse largement le milieu littéraire. En novembre 2020, ses cendres rejoindront le Panthéon.