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Le blog de mim-nanou75.over-blog.com

Bienvenue sur mon site Une innovation pour mes anciens lecteurs, désormais je traite de divers sujet, en premier La religion judéo chrétienne signé" Monique Emounah", pour ceux qui ne peuvent se déplacer à l'églises quelques soit la raison, et le lieu de leurs résidences ils peuvent suivre les offices du jour, la politique (LR) et les infos, la poésie et les arts en général. Mes écrits, signé (Alumacom) également mes promos de mes dernières parutions et quelquefois un rappel pour mes anciens écrits. Merci de votre attention,

Les Kurdes - Éternels trouble-fête

Les Kurdes - Éternels trouble-fête

Mais qui sont-ils ? Voici le résultat de mes recherches

Deux peuples indo-européens ont gagné l'ouest des plateaux iraniens au premier millénaire av. J.-C. : les Perses et les Mèdes. Les Mèdes furent les premiers à avoir constitué un vaste empire, récupéré peu après par les Perses ; les Grecs confondaient d’ailleurs les uns et les autres et les fameuses « guerres médiques » étaient en fait des guerres contre les Perses.

 

D’abord ce sont des Indo-Européens.

Les Indo-Européens sont nés il y a deux siècles de la mise en évidence de parentés linguistiques entre les langues européennes et celles du nord de l'Inde. On en a conclu aussitôt à l'existence d'un Peuple originel établi quelque part au sud-est de la Russie et qui aurait migré avant notre ère vers l'Europe d'une part, l'Inde d'autre part.

Cette hypothèse a servi à valider au XIXe siècle la prétention des Européens à gouverner le monde. Elle a été plus tard dévoyée par les nazis pour justifier la supériorité raciale des « Aryens ». Elle revient à la surface à propos du conflit entre Iraniens (Indo-Européens) et Arabes (Sémites).

Mais que vaut cette hypothèse ? Instruits par le passionnant essai du préhistorien Jean-Paul Demoule : Mais où sont passés les Indo-Européens ?, nous vous proposons d'aller à la rencontre de ceux-ci ou plutôt de leurs inventeurs.

Au commencement était le Premier Homme !

Il y a bien longtemps, avant que n'existent les archéologues, les anthropologues et les linguistes, on ne se posait pas trop de questions. Les Grecs anciens, par exemple, faisaient remonter leurs ancêtres... du sol de leur cité. Ils étaient nés de quelques ossements ou cailloux jetés là par une quelconque divinité. C'est le sens du mot autochtone (du grec autós - « soi-même » - et khthốn - « terre »).

Beaucoup plus tard, quand le monothéisme s'est imposé autour de la Méditerranée, cette belle formule a été écornée par quelques références bibliques hasardeuses. Ainsi des musulmans se sont-ils servis de la « malédiction de Cham » afin de justifier l'esclavage des Noirs et leur préjugé a été repris par les colons chrétiens du Nouveau Monde pour les mêmes raisons. Mais passons...

Dans l'Europe des Temps modernes, des humanistes encore sous l'influence de la Bible se convainquent de l'existence d'un Peuple originel qui aurait peuplé la Terre : « La terre entière se servait de la même langue et des mêmes mots » (Genèse, 11, 1). C'était avant que le malheureux épisode de la Tour de Babel n'amène Dieu à disperser les hommes et brouiller leurs langues.

Ainsi, vers 1704, dans les Nouveaux essais sur l'entendement humain, l'illustre philosophe Leibnitz croit observer que la plupart des langues connues ont « beaucoup de racines connues ». Il en déduit l'existence d'une « origine commune de toutes les nations » et avance même l'hypothèse que tous les peuples européens seraient « descendus des Scythes, venus de la mer Noire ».

Autant dire qu'au XVIIIe siècle, les esprits sont préparés à la découverte de parentés linguistiques qui confirmeraient le cousinage de toutes les langues et de tous les peuples qui les parlent.

Justement, les explorations et les premières conquêtes ultra-marines conduisent de savants linguistes à se pencher sur de vieux textes des Indes, dans la langue liturgique de l'hindouisme, le sanskrit.

Le 2 février 1786, un certain Sir William Jones, administrateur colonial féru de textes anciens, donne une conférence mémorable à Calcutta dont voici les extraits relevés par Jean-Paul Demoule : « la langue sanscrite, quelle que soit son antiquité, est d'une merveilleuse structure ; plus parfaite que le grec, plus riche que le latin, elle entretient avec l'une et l'autre une affinité plus forte dans les racines de ses verbes et ses formes grammaticales que ce qu'aurait pu produire le hasard ; si forte même qu'aucun philologue ne peut les examiner tous les trois sans penser qu'ils ont dû jaillir d'une source commune, qui peut-être n'existe plus... »

Et de conclure : « Les Hindous ont une immémoriale affinité avec les anciens Perses, Éthiopiens et Égyptiens, Phéniciens, Grecs et Tuscans, Scythes ou Goths, et Celtes, Chinois, Japonais, et Péruviens ; comme il n'y a aucune raison de penser qu'ils furent une colonie de l'une de ces nations, ou que l'une de ces nations fut colonisée par eux, nous pouvons assurément conclure qu'ils proviennent tous d'une quelconque région centrale... »

Les parentés linguistiques découvertes par Sir William Jones sont aujourd'hui unanimement admises. Chacun peut reconnaître par exemple dans le mot Maharadjah (« Grand roi ») les mêmes racines que dans les mots latins major (« grand ») et rex (« roi »). De la même façon, le mot Mahatma (« Grande âme »), surnom donné à Gandhi par le poète Tagore, contient des racines apparentées aux mots latins major (« grand ») et anima (« âme ») (*).

Serait-on donc sur le point de découvrir le Peuple originel qui fait de tous les hommes des frères en Dieu ou en humanité, selon les convictions de chacun ? Loin de là.

Un peuple fantôme et nomade

Après les conquêtes napoléoniennes, la linguistique comparée bénéficie d'un nouvel élan en Allemagne, où le nationalisme naissant s'identifie plus qu'ailleurs à la langue. « Les hommes sont beaucoup plus formés par la langue que la langue n'est formée par les hommes », écrit le philosophe Johann Fichte dans son célèbre Discours à la Nation allemande (1808).

Le linguiste Franz Bopp (1791-1827) établit formellement les parentés entre les langues indo-européennes dans son mémoire de 1816 : Du système de conjugaison de la langue sanskrite, comparé avec celui des langues grecquent, latine, persane et germanique.

À partir de là, les savants voient comme évidente l'existence d'une langue primitive d'où découleraient toutes ces langues ainsi que d'un Peuple originel attaché à cette langue et dont descendraient les différents Indo-Européens : Indiens, Perses, Grecs, Romains, Celtes, Germains et Slaves.

Ce Peuple originel est dans un premier temps situé quelque part au nord de l'Inde. C'est pourquoi le philologue allemand Max Müller (1823-1900) propose de le dénommer aryen, d'après l'appellation Ârya (« noble » en sanskrit) que les Vedas donnent aux antiques tribus établies en Perse, au Pendjab et en Inde. On retrouve ce mot dans le nom actuel de la Perse, Iran.

La localisation en Inde a tout pour séduire les intellectuels de l'époque romantique. Exotique en diable, elle rappelle aussi le lieu où les théologiens avaient coutume de situer le jardin d'Éden, paradis perdu d'Adam et Ève !

Mais au milieu du XIXe siècle, foin de romantisme et d'exotisme. Les Européens se convainquent de leur supériorité sur les autres peuples de la planète. L'Inde faisant mauvais genre, ils cherchent à rapprocher d'eux le Peuple originel. Pourquoi ne pas le situer dans le Caucase, où aurait échouée l'arche de Noé ? Ou à défaut en Mésopotamie, autour de l'antique Babylone ?

À la fin du siècle émerge une autre hypothèse : la Scandinavie ! Le linguiste Hermann Hirt (1865-1936) la justifie par la « paléontologie linguistique », qui consiste à identifier les mots communs au plus grand nombre de langues indo-européennes. L'ours et l'abeille étant de ceux-là, on ne saurait à son avis situer le Peuple originel dans les steppes d'Asie. Et la fréquence du hêtre, de la mer, du sel, du saule et du bouleau imposeraient les rives de la mer Baltique. CQFD.

Au début du XXe siècle, le grand préhistorien australien Gordon Childe (1892-1957) imagine pour sa part des tribus diverses établies dans les pays du Don et de la Volga (dans l'actuelle Russie) et qui auraient migré à partir de 4000 av. J.-C.

Mais les premiers Indo-Européens n'ont pas fini de nomadiser. Selon la dernière tendance majoritaire, ils seraient en fait originaires d'Anatolie (la Turquie d'Asie) et auraient migré dès le VIIIe millénaire av. J.-C. sans qu'aucun argument archéologique probant ne vienne encore corroborer cette hypothèse.   

Tous égaux mais certains plus que d'autres (G. Orwell)

Au milieu du XIXe siècle, la question indo-européenne échappe aux débats de spécialistes et devient un enjeu idéologique. Dans un monde qu'ils ont pu unifier et placer sous leur tutelle, les Européens cherchent une explication plausible à leur bonne fortune.

L'anthropologue Francis Galton s'efforce ainsi d'appliquer aux sociétés humaines la théorie de la sélection naturelle que son cousin Charles Darwin a publiée sous le titre : De l'Origine des espèces par la sélection naturelle ou la préservation des races favorisées dans la lutte pour la vie (1859).

Dans le même esprit, le docteur Gustave Le Bon met à profit la phrénologie, autrement dit la comparaison des mensurations crâniennes, pour tenter de démontrer que certaines populations seraient naturellement inférieures à d'autres. Ces recherches sont encouragées par la Société d'anthropologie de Paris, fondée en 1859 par le médecin Paul Broca.

Peu avant, en 1853, un huluberlu, le « comte » Arthur de Gobineau, publie un indigeste Essai sur l'inégalité des races humaines dans lequel il déplore les conséquences du métissage irréversible des populations et s'inquiète en particulier pour le sort de la race blanche. Cet ouvrage va bénéficier d'une singulière notoriété posthume outre-Rhin.

En rupture avec l'universalisme du Nouveau Testament, les milieux intellectuels en viennent ainsi à nourrir un racisme biologique qui va bien au-delà de la linguistique comparée.

Les Indo-Européens, que les Allemands appellent aussi Indo-Germains ou Aryens, sont définis non plus seulement par leur langue mais par leurs supposés caractères physiques : peau blanche, cheveux blonds, dolichocéphalie (crâne allongé)...

De même, le terme Sémite, forgé sur Sem, fils aîné de Noé, ne fait plus seulement référence aux langues dites sémitiques (arabe, amharique, hébreu, syriaque, assyrien...) mais prétend désigner aussi le groupe racial correspondant à leurs locuteurs, en particulier les juifs. Les préjugés haineux à l'égard de ces derniers suscitent en 1879 le néologisme antisémitisme.

Georges Vacher de Lapouge (1854-1936) va s'illustrer au tournant du siècle en opposant Aryens et Sémites. Il dénonce dans ses écrits et ses conférences les menaces qui pèsent sur la pureté de la « race aryenne », menacée tant par les brachycéphales bruns de l'Europe du Sud que par les Juifs. Véritable comte, ce curieux personnage est aussi, notons-le, un socialiste, membre actif du Parti ouvrier français de Jules Guesde et adepte du contrôle des naissances !

Poussant la logique jusqu'à l'absurde, des disciples allemands de Vacher de Lapouge, tel le linguiste et archéologue Gustaf Kossinna (1858-1931) et l'idéologue Alfred Rosenberg (1893-1946), vont attribuer aux « Aryens » tous les progrès accomplis dans les derniers millénaires autour du bassin méditerranéen.

Ce seraient ainsi des Germains qui auraient migré vers la Méditerranée au IIIe millénaire av. J.-C., fondé Athènes et aussi, pourquoi pas ? Inventé le monothéisme. Cette théorie dite « aryaniste » sera reprise par les nazis pour cautionner leur sinistre entreprise. Il va sans dire qu'elle ne repose que sur d'impures spéculations.

Cousins ou simplement voisins ?

Au siècle suivant- le XXe, les scientifiques sérieux se gardent d'entrer dans la controverse raciale. Le linguiste Ferdinand de Saussure (1857-1913) se sert des travaux sur les langues indo-européennes pour ébaucher une linguistique dite « structurale ». Elle sera à l'origine du structuralisme.

Mais Antoine Meillet, principal disciple de l'éminent Genevois, ne résistera pas à la tentation de surinterpréter ses sources jusqu'à définir la langue indo-européenne originelle comme « une langue de chefs et d'organisateurs imposée par le prestige d'une aristocratie ».

L'un de ses élèves, le mythologue Georges Dumézil (1898-1986), reprend à son compte l'hypothèse du Peuple originel conquérant. Reprenant les correspondances linguistiques de Saussure et Meillet, il croit discerner dès 1937 dans l'ensemble des peuples indo-européens un trait qui les différencie des autres peuples, l'organisation de la société en trois castes ou classes d'essence fonctionnelle : les prêtres ou brahmanes, les guerriers ou khatriya, les producteurs ou vaishya.

Qu'en reste-t-il aujourd'hui ? De magnifiques jeux de l'esprit qui reposent sur une interprétation extensive des sources et dont les conclusions pourraient sans doute s'appliquer à d'autres peuples que les Indo-Européens...

Jean-Paul Demoule, membre de l’Institut universitaire de France, conteste aujourd'hui avec énergie l'hypothèse d'un Peuple originel, qui est  purement intellectuelle et ne repose sur aucune découverte archéologique avérée.

Il cite à l'appui de ses doutes un linguiste russe, le prince Nikolaï Troubetzkoy : « Certains chercheurs supposent qu'à une époque extrêmement lointaine il existait une langue indo-européenne unique, dénommée le proto-indo-européen, dont seraient issues toutes les langues indo-européennes attestées. Mais cette hypothèse est contredite par le fait que, aussi loin que l'on remonte dans la profondeur des temps, on trouve toujours une grande quantité de langues indo-européennes. Certes, on ne peut affirmer que l'hypothèse d'une langue indo-européenne  primitive unique soit rigoureusement impossible. Mais elle n'est nullement indispensable et l'on peut parfaitement s'en passer » (Prague, 1936).

Instruit par les dernières avancées de la génétique, Jean-Paul Demoule note que « les populations du nord de l'Inde, qui parlent des langues indo-européennes du groupe indo-iranien, sont bien plus proches génétiquement de leurs compatriotes du sud de l'Inde, lesquels parlent des langues dites ''dravidiennes'' bien différentes, qu'elles ne le sont des locuteurs européens de langues indo-européennes ». Il note aussi que l'hindi, principale langue indo-européenne du nord de l'Inde, montrerait davantage de similitudes grammaticales et lexicales avec ses voisines dravidiennes qu'avec les langues indo-européennes de la façade atlantique ! Faut-il s'étonner que les nationalistes hindous revendiquent aujourd'hui l'tautochronisme des anciens « Aryas » ?

Pour expliquer les parentés grammaticales et lexicales entre les langues dites « indo-européennes », l'archéologue préfère envisager la mise en contact de divers peuples au cours des millénaires passés et l'imprégnation réciproque de leurs langues par l'effet du voisinage et des échanges, comme il en va usuellement partout dans le monde. Que l'on songe à la formation du swahili en Afrique de l'Est à partir de l'arabe et de langues africaines ou encore à la formation de l'anglais à partir d'un vocabulaire moitié français moitié saxon. Cette hypothèse lui paraît au moins aussi plausible que celle du Peuple originel.

Notons qu'elle peut aussi se conjuguer avec la submersion d'une langue par une autre selon un phénomène qu'illustrent par exemple les Turcs. La plupart d'entre eux ressemblent comme deux gouttes d'eau à leurs voisins grecs ou arméniens natifs du même territoire. Mais ils s'en distinguent par la langue (et la religion), simplement parce que dans les siècles passés, leurs ancêtres ont adopté la langue (et la religion) de leurs maîtres, des envahisseurs nomades venus de la steppe mongole.

Il est douteux que nous puissions un jour obtenir davantage de certitudes. Contentons-nous donc de goûter aux similitudes cachées entre Maharadjahs, rois et autre vocables.

Les Kurdes actuels, au nombre d'environ trente millions, seraient peut-être les héritiers de ces Mèdes ! Ils se définissent par leur langue et leur culture plus encore que par leur religion. Leurs femmes, par exemple, bénéficient d'une relative liberté et ignorent le voile. 80% sont musulmans sunnites mais on compte aussi des alévites (une dissidence du chiisme), des yézidis (une branche du mazdéisme, l'ancienne religion des Perses) ainsi que des chrétiens orientaux.

Leur territoire, le Kurdistan ou « pays des Kurdes », est une zone de plateaux et de montagnes semi-arides qui s'étend sur environ 300.000 km2 entre les monts Zagros (Iran occidental) et les monts Taurus (Turquie méridionale).

Il occupe un quart de la Turquie ainsi qu'une portion de l'Iran, de l'Irak et de la Syrie. Par ailleurs, il faut noter qu’une minorité de Kurdes habite à l’écart du territoire du Kurdistan, notamment dans le Khorasan au nord-est de l’Iran (voir carte).

Les Kurdes représentent environ 20% de la population de la Turquie et de l'Irak, plus ou moins 10% de la population de l'Iran et de la Syrie.

Les Kurdes en Turquie :

Le traité de Sèvres, qui a dépecé l'empire ottoman après la Grande Guerre, a projeté un « territoire autonome des Kurdes » (III, art. 62-64) dans l'Est de l'Anatolie. Mais le traité a été rejeté par les Turcs, lesquels, au terme d'une Guerre d'indépendance menée par Moustafa Kémal, ont imposé la signature d'un nouveau traité, à Lausanne, dans lequel il n'a plus été question de Kurdistan autonome.

Il faut dire que les Kurdes n'ont pas su saisir l'occasion qui s'offrait à eux de s'affranchir. Pendant la Grande Guerre, ils ont massivement participé au massacre de leurs voisins arméniens et grecs et se sont approprié leurs terres et leurs biens. Aussi, « obnubilés par la crainte d'un retour en force des Arméniens, ils ont prêté main-forte aux nationalistes turcs réfugiés en Anatolie orientale et combattu à leurs côtés dans le but à la fois de défendre leurs terres et la foi musulmane ».

Pendant la Guerre d'indépendance, Moustafa Kémal a multiplié les gestes d'ouverture envers les Kurdes mais, sitôt après la victoire, consacrée par l'armistice de Mudanya, le 11 octobre 1922, il change de registre et renie l’existence même des Kurdes sur son territoire. Il les présente officiellement comme des « Turcs des montagnes » et leur interdit l'emploi de leurs dialectes.

Le 17 février 1925, le Kurdistan se soulève contre « les infidèles de la République ». Dix mille combattants, dont beaucoup de déserteurs de l'armée turque, s'emparent de plusieurs localités. La répression est impitoyable.

Quelques rebelles récalcitrants proclament une éphémère République d'Ararat le 28 octobre 1927 dans les montagnes mais elle est détruite par l'armée turque quelques mois plus tard. On note encore une rébellion dans le Dersim en 1937...

La « question kurde » ne cessera plus de hanter la Turquie jusqu'à nos jours. Elle est relancée par Abdullah Öcalan, dit « Apo », qui fonde en 1978 le Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) et se jette en 1984 dans la lutte armée. Entre coups de main, attentats et répression, celle-ci embrase toute la Turquie orientale et même les métropoles malgré la capture d'Öcalan en février 1999

Les Kurdes en Iran :

Traditionnellement, c’est l’Iran qui a proposé le cadre le plus souple, d’abord parce que les Kurdes (10 à 15% de la population nationale) parlent une langue indo-européenne très voisine de la langue iranienne ou persane, mais surtout parce que la moitié de la population iranienne est constituée de minorités : l’Iran est un empire qui n’en porte pas le nom, et il se doit de reconnaître ses minorités pour éviter l’éclatement.

Les principales causes de discorde sont plutôt religieuses, les Kurdes étant en grande majorité musulmans sunnites tandis que l'immense majorité de la population iranienne est chiite. Ils sont restés fidèles à l'islam sunnite des origines pour une raison essentiellement historique : le 23 août 1514, la victoire du sultan turc Sélim 1er sur le chah iranien Ismaïl 1er à Tchaldiran a permis aux Ottomans de s'emparer de la plus grande partie du Kurdistan. C'est ainsi que les Kurdes sont demeurés dans le sunnisme tandis que leurs cousins iraniens sont passés au chiisme.

L'expérience malheureuse de la République d'Ararat, en Anatolie, donne des idées aux Kurdes d'outre-mont.

Dans l'Azerbaïdjan iranien, ils profitent de ce que l'Iran est partagé entre les Soviétiques et les Anglais depuis leur invasion conjointe du 25 août 1941, pendant la Seconde Guerre mondiale pour organiser l'autonomie de leur territoire, sous la protection de l'Armée rouge.

Le mollah kurde Qazi Mohammed fonde le Parti démocratique du Kurdistan puis, le 22 janvier 1946, proclame la République de Mahabad, du nom d'une localité située au sud du lac d'Oumia. Il en prend la présidence et nomme au ministère de la Défense Moustafa Barzani, un guerrier kurde né de l'autre côté de la frontière, à Erbil, en Irak.

Mais les Kurdes n'intéressent plus les Soviétiques et dès la fin de l'année, l'armée iranienne de Mohamed Reza chah Pahlavi reprend le territoire. Qazi Mohammed est pendu à Mahabad le 31 mars 1947 et la ville détruite. Le général Barzani se réfugie quant à lui en URSS. Il la quittera en 1958 pour relancer la révolte kurde en Irak.  

- Les Kurdes en Irak :

Moustafa Barzani (14 mars 1903 - 1er mars 1979)

Moustafa Barzani réunit des combattants (peshmergas) en vue de libérer le Kurdestan irakien, autour de Mossoul. Il lance en mars 1961 l'insurrection contre le régime nationaliste, socialiste et laïc du maréchal Kassem. La répression est brutale et d'aucuns évoquent à son propos le mot de génocide.

Un accord est signé le 11 mars 1970 avec le successeur de Kassem. Il inclut la promesse de l'autonomie dans un délai de quatre ans mais celle-ci est rejetée par Barzani en 1974 et les combats reprennent, cette fois contre le régime de Saddam Hussein.

À la suite de l'accord du 6 mars 1975 entre l'Iran et l'Irak, le chah ferme sa frontière aux peshmergas et ceux-ci ne tardent pas à être écrasés sous les bombes irakiennes cependant que les villageois sont regroupés dans des bourgs sous contrôle militaire. Moustafa Barzani quitte le pays et meurt en exil. Il est remplacé par son fils Massoud à la tête du PDK.

Massoud Barzani, qui s'est placé sous la protection de la nouvelle République islamique d'Iran, doit affronter non seulement l'armée de Saddam Hussein mais aussi un rival kurde, Jalal Talabani. Réfugié en Syrie, sous la protection du dictateur Hafez el-Assad, celui-ci a fondé le parti rival de l'Union patriotique du Kurdistan (UDK) et ses militants poursuivent la guerilla en Irak. 

Saddam Hussein, qui bénéficie du soutien complaisant des Occidentaux, ne craint pas de gazer la ville d'Halabja en 1988. Cette répression va renforcer les velléités d’indépendance des Kurdes qui prendront leur revanche à la chute du dictateur.

Fragile espoir

Après la première invasion de l'Irak en 1991, les régions kurdes du nord-est de l'Irak, autour de Mossoul et Erbil, dans l'ancienne Assyrie, bénéficient d'une protection aérienne sous garantie de l'ONU. Elle leur permet de se développer et d'accéder même à une relative prospérité grâce au pétrole du sous-sol, à l'abri du dictateur irakien et de son armée.

Sous l'égide du Gouvernement régional du Kurdistan (GRK), présidé par Massoud Barzani, le territoire se constitue même en État autonome et virtuellement indépendant, avec une armée régulière forte de 190.000 hommes, essentiellement d'anciens résistants ou peshmergas.

À la faveur de la guerre civile qui a suivi la chute du régime irakien, le 9 avril 2003, les Kurdes jouent habilement des haines entre Arabes sunnites et chiites pour consolider leur autonomie, s'offrant même le luxe d'accueillir dans leur havre les chrétiens chassés des autres régions d'Irak.

Mais ils se retrouvent à nouveau isolés lorsque les djihadistes de l'État islamique font irruption et s'emparent de Mossoul, le 10 juin 2014. Ils doivent désormais compter aussi avec la duplicité du président turc Erdogan qui fait mine de combattre les djihadistes mais frappe avant tout les Kurdes, en Turquie comme en Irak et en Syrie. 

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