La Prière de Saint Jean de la Croix « Ô Vive Flamme d’amour, comme Vous me blessez avec tendresse dans le centre le plus profond de mon âme » : 

« Ô Vive Flamme d’amour ! Comme Vous me blessez avec tendresse dans le centre le plus profond de mon âme ! Le centre de l’âme, c’est Dieu ; quand elle y arrive, selon la capacité de son être, la force de ses activités et de ses inclinations, elle est parvenue à son centre le plus profond et le dernier qu’elle puisse atteindre en Dieu. L’amour est une inclination de l’âme, une force ou une faculté qu’elle possède pour aller à Dieu. C’est par l’amour qu’elle s’unit à Lui. Voilà pourquoi, plus elle possède de degrés d’amour, plus elle pénètre dans les profondeurs de Dieu et se concentre en Lui. Plus l’amour est ardent, plus aussi il est capable d’unir l’âme à Dieu. Quand l’âme arrivera au dernier degré, elle sera blessée jusqu’au plus intime d’elle-même par l’amour de Dieu. C’est alors qu’elle sera transformée et illuminée aussi complètement qu’elle en est capable dans son être. C’est là ce qui se produit pour le cristal pur et sans tâche quand il est investi de la lumière, et plus il la concentre en lui-même ; il arrive même à recevoir une telle abondance de lumière qu’il semble transformé tout entier en lumière ; on ne le distingue plus d’elle ; tout ce qu’il a pu en recevoir est étincelant, il lui est devenu semblable. C’est dans la substance de l’âme que le Saint Esprit célèbre cette fête de l’amour. Aussi est-elle d’autant plus sûre, substantielle et pleine de délices, qu’elle est plus intérieure. Mais plus elle est remplie de délices et intérieure, plus elle est pure, et enfin, plus elle est pure, plus aussi Dieu se communique abondamment, souvent et pleinement ; par ailleurs, les délices comme les joies de l’âme et de l’esprit n’en sont que plus profondes. Dieu est l’auteur de tout ; l’âme ne peut rien par elle-même. Lui seul peut agir dans le fond et la partie intime de l’âme, sans l’aide des sens, et la mouvoir elle-même à l’action qu’il accomplit. Ainsi tous les mouvements de l’âme sont divins ; bien qu’ils soient de Dieu, ils sont également d’elle ; car Dieu les accomplit en elle avec elle. L’âme ne fait que Lui remettre sa volonté et son consentement. Ainsi soit-il. » 

Saint Jean de la Croix (1542-1591)