Le Pape François a participé à une rencontre mariale avec les jeunes et les familles roumaines sur l’esplanade du Palais de la Culture à Iaşi, à l’est de la Roumanie, samedi 1er juin 2019. Il a rendu hommage «à la chaleur des familles», exhortant à s’épanouir dans l’amour, sans jamais oublier ses racines pour atteindre la félicité
Le jour des enfants
Le Pape qui a commencé par honorer les enfants, auxquels la Roumanie dédie chaque 1er juin, soulignant «la joie des parents de voir leurs enfants réunis. Je suis sûr qu’aujourd’hui, on fait la fête dans le ciel, en voyant tant d’enfants qui ont décidé d’être ensemble», s’est réjoui le Pape.
«Marcher ensemble» est un don à demander, «une œuvre artisanale que nous sommes appelés à construire et un beau don à transmettre», a d’abord affirmé François en cette ville universitaire composée de près de 70 nationalités, et poumon culturel du pays.
La «foi simple» des grands-mères
Dans «cette ville aux sept collines» comme Iasi est surnommée, à l’image de Rome, le Pape invite à commencer par la rencontre intergénérationnelle: «Quand jeunes et anciens se rencontrent, les grands-parents n’ont pas peur de rêver (cf. Jl 3,1). Et cela a été votre rêve: “Nous rêvons qu’ils puissent se construire un avenir sans oublier d’où ils sont partis. Nous rêvons que tout notre peuple n’oublie pas ses racines”», soit le même rêve, la même recommandation que Saint Paul a faite à Timothée: «maintenir vivante la foi de sa mère et de sa grand-mère (Cf. 2 Tm 1, 5-7)».
Ainsi, dans la mesure où tu grandis – dans tous les sens : fort, grand, et aussi en se faisant un nom – n’oublie pas la chose la plus belle et la plus précieuse que tu as apprise en famille, exhorte François, pensant à la sagesse que l’on reçoit avec les années, à «la foi simple» des mères et des grands-mères, «le désintéressement d’une foi “faite maison”, qui passe inaperçue mais qui construit peu à peu le Royaume de Dieu».
La foi entretient notre appartenance d’enfants
Certes, nuance alors le Souverain pontife, la foi qui «n’est pas cotée en bourse», n’a rien à vendre, peut sembler «ne servir à rien». «Mais la foi est un don qui maintient vivante une assurance profonde et belle : notre appartenance d’enfants, et d’enfants aimés de Dieu. Dieu aime avec un amour de Père».
La vie de chacun est amarrée à celle des autres
À l’inverse, le malin «divise, disperse, sépare et crée la discorde, il sème la méfiance». Il veut que nous vivions «détachés» des autres et de nous-mêmes, avertit François, louant l’Esprit, qui, au contraire, «nous rappelle que nous ne sommes pas des êtres anonymes, abstraits, des êtres sans visage, sans histoire, sans identité. Nous ne sommes pas des êtres vides ni superficiels. Il existe un réseau spirituel très puissant qui nous unit, nous “connecte” et nous soutient et qui est plus puissant que tout autre type de connexion», a longuement détaillé le Saint-Père, visant «les racines»: savoir que nous nous appartenons les uns aux autres, que la vie de chacun est amarrée à la vie des autres.
Le bonheur personnel passe par celui des autres
En effet, «tous, nous nous épanouissons quand nous nous sentons aimés. Parce que l’amour prend racine et nous invite à les porter dans la vie des autres. Nous appartenons les uns aux autres et le bonheur personnel passe par le fait de rendre les autres heureux. Tout le reste, ce sont des fables».
Le Pape François qui a raconté alors la prophétie éloquente d’un saint ermite roumain, le moine Galaction Ilie du Monastère Sihăstria. Marchant avec les moutons sur la montagne, il rencontra un saint ermite qu’il connaissait et lui demanda: «Dis-moi, père, quand sera la fin du monde ?” Et le vénérable ermite, soupirant du fond du cœur, dit : “Père Galaction, sais-tu quand sera la fin du monde ? Quand il n’y aura plus de sentiers de voisin à voisin ! C’est-à-dire, quand il n’y aura plus d’amour chrétien et de compréhension entre frères, parents, chrétiens et entre peuples ! Quand les personnes n’aimeront plus, ce sera vraiment la fin du monde. Parce que sans amour et sans Dieu, aucun homme ne peut vivre sur la terre !», a narré le Pape, sous les applaudissements.
«Sans amour, aucun homme ne peut vivre sur terre»
Ainsi, prévoit François, la vie commencera à s’éteindre et à flétrir, notre cœur cessera de battre et se dessèchera, les anciens ne rêveront plus et les jeunes ne prophétiseront plus, «quand il n’y aura plus de sentiers de voisin à voisin… Parce que sans amour et sans Dieu, aucun homme ne peut vivre sur la terre». Et ce, en dépit des «provocations». Les difficultés existent mais ne peuvent faire oublier la foi, qui, seule, «fait germer le meilleur de chacun».
Le Pape qui insiste sur les talents de chacun à mettre au service des autres, à user de notre liberté à dire oui à «un projet d’amour, à un visage, à un regard». Une liberté bien plus grande que de pouvoir consommer et acheter des choses, garantit le Souverain pontife.
La Roumanie, jardin de la Mère de Dieu
La foi se maintient ainsi, «avec la saveur des choses que nous avons apprises à la maison, de manière simple et authentique»: Dans ce contexte, la Roumanie apparaît comme le «jardin de la Mère de Dieu», qui cultive les rêves de ses enfants, qui en garde les espérances, et qui apporte la joie dans la maison, en a conclu le Successeur de Pierre au terme de cette seconde journée en terre roumaine.