Gisèle Guillemot a vécu dans la cité ouvrière du Plateau de Mondeville Colombelles Giberville, au pied de l'usine métallurgique, la SMN. Lors de sa scolarité, elle découvrira avec passion la littérature, le théâtre, la poésie et l'écriture. Et participera aux mouvements sociaux de 1936 et du Front populaire ainsi qu'à des actions de soutien à la République espagnole.
Des poèmes écrits pendant sa déportation
Dès le début de l'occupation, à l'été 1940, elle entra en résistance avec des copains du Plateau. Des membres du réseau seront arrêtés et livrés aux nazis, certains fusillés ou tués. Gisèle, agent de liaison sous le pseudonyme d'Annick, sera quant à elle arrêtée par la Gestapo le 9 avril 1943. Emprisonnée à Caen puis transférée à Fresnes, elle est jugée par le Tribunal spécial de Lübeck et condamnée à mort le 13 juillet 1943, pour être alors déportée en Allemagne. À l'automne 1944, elle fut transférée au camp de Ravensbrück puis, en mars 1945, à Mauthausen où elle sera libérée le 20 avril 1945 par la Croix-Rouge internationale.
De retour sur le Plateau, la disparition de ses camarades et l'incompréhension générale la décideront à quitter la région pour vivre à Paris où elle pourra rencontrer d'anciens déportés. Elle poursuivra ses engagements toute sa vie. En juin 1995, sur le Plateau à Colombelles, elle inaugura avec Carlo Scola, seul survivant avec elle du petit groupe du Plateau, une plaque commémorative à la mémoire de leurs quatre camarades assassinés.
En 2001, elle publie, chez L'Harmattan, De Colombelles à Mauthausen, récit de ses souvenirs et poèmes écrits en prison et dans les camps, clandestinement bien sûr... Elle obtient ainsi le prix 2002 de sociologie et d'histoire de l'Académie française, ainsi que le prix du Comité action résistance. Gisèle Guillemot est Commandeur de la Légion d'honneur et titulaire de la médaille de la Résistance.
Laurence Maurey, directrice de l'école élémentaire de Cagny, enseigne l'histoire de ces conflits majeurs du XXe siècle en favorisant un regard venant des gens non dirigeants. Elle s'est intéressée et a transmis sa connaissance de ces héros sans le savoir, locaux pour certains afin que les enfants ressentent davantage la réalité des événements. C'est pourquoi, ce 8 mai, devant le moment aux morts, c'est le poème À ma mère qui a été choisi, après avoir été étudié en classe.
17
Pascal est inquiet
Le jour J est arrivé pour Pascal. Son sommeil a été léger. Il est tiré du sommeil brutalement, par la sonnerie de son réveil. Il sursaute transpire. La peur l’étreigne. À six heures, il est debout. Il ne tient plus en place. Son petit déjeuner est rapide, un café bien chaud fait l’affaire. Il vérifie son classeur pour la quatrième fois. Contrôle sa tenue, est-ce que les plis de son pantalon sont bien droits ? Sa montre est-elle bien à l’heure ? Ses cheveux sont bien laqués, cependant sa mèche brune sur le front lui fait des fantaisies.
Au moment de sortir, la catastrophe, il doit affronter un autre problème. Sacré-Canaille va rester seul dans l’appartement avec Isis. Bien-sûr c’est le drame ! Sacré-Canaille veut absolument accompagner son maître !
David accompagné d’Isis sort de leur chambre, mal réveillé. D’un coup d’œil, il juge la situation, intervient pour rassurer son ami…
⦁ Ne t’inquiète pas Pascal. Sacré-Canaille, va venir avec nous chez mes parents. La campagne lui fera du bien. Il passera la journée à courir, jouer avec Badou, Prince et les nouveaux venus. Je dois précisément contrôler s’ils s’adaptent bien dans leur nouveau domaine. Dagobert, avec sa maigreur, m’inquiète. J’espère qu’avec Badou, il va retrouver la vraie vie qu’un chien doit avoir.
⦁ Mais Isis va rester toute seule ?
Objecte Pascal.
⦁ Oui c’est vrai. Mais elle ne sera pas vraiment seule Bernadette sera avec elle. De plus il lui faut apprendre à rester à l’appartement. De toute façon, elle doit recevoir des soins pour sa peau fragile, et son complément alimentaire, elle doit retrouver la forme, je crains que se soit nerveux. J’espère que tout reprenne son cours normal.
Le soleil est trop puissant cette année pour elle. Le plus important, je n’ai pas eu le temps de prévoir son panier spécial pour la voiture. Nous n’avons pris que le basic d’urgence, elle pourra aller sur la terrasse à l'ombre. Bernadette s'en occupera, Isis à son collier avec une laisse ainsi elle ne prendra pas de fantaisie. Bernadette pourra vaquer à ses occupations sans s'inquiéter.
Explique David à son ami.
⦁ Puis Bernadette s’occupe si bien d’Isis ! Badou, n’a pas cette chance d’être avec moi dans l’appartement. Il lui faut tellement d’espace, et il est si habitué avec Nan, Prince et mes parents et le personnel ! Il est libre dans le manoir et toute la propriété.
Ajoute-t-il heureux Pascal émet son avis
⦁ C’est vrai avec tous ces soins, je comprends qu’elle eut été abandonnée. Cette petite chatte adorable est coûteuse à l’entretien. Je ne comprends pas, ni n’admet que l’on puisse acquérir un animal, sans se soucier du bien-être de son animal, et des conséquences. En l’achetant ils ont choisi un chat de luxe, ils se devaient prendre les renseignements.
⦁ Tu as tout à fait raison. Seulement, nous ne connaissons pas son histoire.
⦁ Comment cela ?
S’étonne Pascal.
⦁ Ma petite Isis a peut-être été abandonnée. Mais…
⦁ Comment peut-être David !
S’offusque Pascal. David rétorque.
⦁ Réfléchit, ses anciens maîtres sont peut-être décédés dans un accident, ou ont eu un revers de fortune. Ils ont pensé à Mia-Lia du refuge « au Soleil » pour trouver une solution pour elle !
⦁ Ce refuge a du cœur, mais ce n’était pas la solution. Mais enfin ! il y a la famille !
S’insurge Pascal
⦁ Qui veut d’un sphinx ? Un chat tout nu ? Fragile de surcroît !
Réplique David
⦁ Je ne sais pas.
Réponds Pascal décontenancé. Au pays cette question ne se poserai pas, du moment que ce félin fait partie de la famille. David le voit calmé, lui fait part de la réalité des faits.
⦁ Ils sont rares ceux qui aiment les sphinx, s’ils ne sont pas à la mode. Peu sont partants pour l’adoption !
⦁ C’est dégueulasse !
Réplique Pascal outré !
⦁ Oh pardon, c’est écœurant !
Rectifie honteux Pascal.
⦁ Ce n’est pas la peine de t’excuser, mes oreilles ne sont pas chastes. Ta réaction est un sentiment qui t’honore. Ceci dit, on ne doit pas critiquer sur les apparences. Il faut connaître les causes de l’abandon, pour avoir une opinion juste.
⦁ Tu connaîtras un jour la vérité sur cet abandon ?
Demande timidement Pascal.
⦁ Oui, j’ai demandé une enquête aux inspecteurs de l’Asso pour Isis et Sacré- Canaille. Car ton chien me surprend. Il est extraordinaire. À propos, ne t’inquiète pas pour Sacré-Canaille. Soit plutôt à l’heure pour ton premier jour.
Bernadette entre avec le plateau du petit déjeuner pour les jeunes gens.
⦁ Si Monsieur me permet de donner mon avis…
⦁ Faites ma chère Bernadette
⦁ Aline et Dagobert s’habituent dans leur nouveau domaine. Vous verrez, Dagobert est plus vif et il est ami avec Badou. Seulement il dort toujours entre les pattes d’Aline. Cette ânesse est comme une mère pour lui.
⦁ Merci Bernadette. Seulement je dois m’en assurer médicalement. En plus une journée de détente avant d’aller à cette mission me fera du bien.
Se tournant vers Pascal, David continue
⦁ Va à ton rendez-vous d’embauche. Ne t’inquiète pas pour Sacré-Canaille. Il est suffisamment rusé pour voir les avantages d’une bonne journée à la campagne. Ce soir, lorsqu’il rentrera, il sera rassuré et fatigué. Pense plutôt à te détendre pour donner une bonne impression à ton responsable et tes futurs collègues. Ainsi, tu pourras mieux t’intégrer dans leur équipe.
⦁ Ok ! Tu as raison !
Admet énergiquement, et pourtant sans conviction Pascal. Le temps passe. Pascal et David prennent leur petit déjeuner. Le café noir de Pascal est loin, ce breakfast est bienvenu, et pourtant Pascal est de plus en plus oppressé. Il n’entend plus cette voix de basse de David, elle lui semble loin. Il ne répond qu’avec des signes de têtes, sans savoir si les réponses sont adéquates. Puis soudain il réagit à cette phrase :
⦁ Ne fais pas cette tête, tu vas voir tout va aller comme des roulettes.
Déclare David. Nerveusement Pascal feint ne pas entendre. David ajoute :
⦁ N’oublie pas de donner ta nouvelle adresse avec ton numéro de téléphone provisoire.
Tout en parlant il lui tend sa carte de visite, une autre carte de visite.
⦁ Dans la semaine tu prendras une ligne perso, que tu feras poser, dans ta future chambre. Le mobile c’est pour l’extérieur et ta profession, mais le fixe est la preuve que tu as un logement. Toi qui arrives des îles s’est important. N’oublie pas ton portable, également. Ils seront rassurés. Ce matin, je t’emmène, si cela ne te dérange pas. C’est sur ma route, pour aller à Maxéville.
La conversation continue en allant jusqu’à la voiture de service comme l’appelle David.
⦁ Tu y passeras la journée ?
Demande Pascal.
⦁ Non ! demain, j’ai une mission, il me faut aller à l’Asso pour faire le point dans le cadre de cette inspection à Vaudeville au nom de l’Asso et des autorités compétentes. Ce doit être sérieux car la Fac m’a demandé de leur faire un compte rendu ! Il semblerait que ce soit terrible cette fois, d’après les sous-entendus.
En voyant l’expression de Pascal, David le rassure.
⦁ Ryan est un homme de confiance, les animaux et les fleurs, sont sa passion. Il ne s’agit que de quelques heures. Sacré-Canaille ne s’en rendra même pas compte.
Ils arrivent devant les bureaux de Pascal. David s’arrête. Pascal descend de la voiture. David lui dit souriant :
⦁ Bon courage et je te dis les cinq lettres.