Montant alors à Jérusalem, Jésus prit à part les Douze disciples et, en chemin, il leur dit : Voici que nous montons à Jérusalem."
Le Fils de l’homme sera livré aux grands prêtres et aux scribes, ils le condamneront à mort et le livreront aux nations païennes pour qu’elles se moquent de lui, le flagellent et le crucifient ; le troisième jour, il ressuscitera. Jésus parle aux Douze disciples de ce qui va lui arriver bientôt. Vrai Dieu et vrai homme, il vit la montée vers Jérusalem de manière humaine et toute divine. Il n’y va pas seul, il associe ses disciples à son propre chemin. Il nous introduit dans un chemin qui nous libère de la tentation du pouvoir. C’est lorsque notre faiblesse et notre fragilité ne sont pas gommées qu’elles sont assumées. Ce travail de conversion est tout intérieur, c’est un travail sur soi. Nos inclinations naturelles nous portent à dominer, à commander et à ordonner. La montée vers Jérusalem va opérer un changement de mentalité très fondamental chez les disciples. Si Jésus annonce que le chemin du Royaume est resserré, il ouvre une porte par laquelle nous pourrons sortir de l’enfermement et de la mort pour retrouver la vie. Le chemin de Jésus est un service, il est Vie. Jésus demande Douze disciples de faire disparaître leur vue trop humaine sur le Salut qu’il vient opérer au milieu du monde. Il est le “Serviteur” de chacun de nous. Le Chemin de Jésus est un chemin d’Amour. Par le Don de lui-même il nous donne d’entrer en contact avec la réalité du serviteur.
"Alors la mère des fils de Zébédée s’approcha de Jésus avec ses fils Jacques et Jean, et elle se prosterna pour lui faire une demande. Jésus lui dit : « Que veux-tu ? » Elle répondit : « Ordonne que mes deux fils que voici siègent, l’un à ta droite et l’autre à ta gauche, dans ton Royaume. »
Jésus répondit : « Vous ne savez pas ce que vous demandez. Pouvez-vous boire la coupe que je vais boire ? » Ils lui disent : « Nous le pouvons. » C’est un appel qui se manifeste dans le dialogue entre Jésus les fils de Zébédée et leur mère. Ils demandent des premieres places avec insistance. La mère se prosterne, elle s’impose à Jésus mais au bout du compte, il y a bien un appel dans le « pouvez-vous » que Jésus adresse aux deux frères. Chacun doit avancer dans son chemin en communion avec tous les autres. La mère des fils de Zébédée veut que ses fils entrent dans une plénitude de vie avec Jésus. Jésus précise les conditions de son appel. Il nous donne de pouvoir aller à lui en créant un espace de liberté. Les deux frères sont libres de devenir ce qu’ils sont en vérité. Boire à la coupe est une évocation du chemin pascal que devra suivre le disciple à la suite de son maître. Jésus a présenté à ses disciples ce qui va lui arriver, sa Passion. Le suivre et témoigner de son Amour infini du Père pour l’humanité sera notre Mission. Jésus répond aux disciples, la Bonne Nouvelle est ainsi annoncée. « L’Epouse suit l’Agneau partout où Il va. »
« Il leur dit : « Ma coupe, vous la boirez ; quant à siéger à ma droite et à ma gauche, ce n’est pas à moi de l’accorder ; il y a ceux pour qui cela est préparé par mon Père. » Les dix autres, qui avaient entendu, s’indignèrent contre les deux frères. Jésus les appela et dit : « Vous le savez : les chefs des nations les commandent en maîtres, et les grands font sentir leur pouvoir. Parmi vous, il ne devra pas en être ainsi : celui qui veut devenir grand parmi vous sera votre serviteur ; et celui qui veut être parmi vous le premier sera votre esclave. Ainsi, le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir, et donner sa vie en rançon pour la multitude. » Le « oui » généreux de Jacques et de Jean va devenir un vrai oui que les neuf suivront eux aussi. Jésus donne une parole libre. Il ouvre une nouvelle manière d’être ensemble. Il donne à chacun d’éprouver son propre désir. Nous supplions le Père de miséricorde de donner l’Esprit Saint à tous ceux et celles qui vivent aujourd’hui la Passion de Jésus dans le monde. Jésus nous nourrit de l’Eucharistie, ainsi il nous prépare à la Passion qui arrive sans prévenir ! Le oui, de Jacques et de Jean, nous le disons à la suite de Jésus. C’est en lui que nous donnons notre vie en vérité, nous trouvons alors notre propre vie, pour le servir.
moine à Constantinople
Spiritualité orientale n° 79, trad. F. de Montleau, éd
. Bellefontaine, 2002, p. 138-140 ; rev.)