9 Septembre 2021
Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc 6,27-38.
En ce temps-là, Jésus déclarait à ses disciples : « Je vous le dis, à vous qui m’écoutez : Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent.
Souhaitez du bien à ceux qui vous maudissent, priez pour ceux qui vous calomnient.
À celui qui te frappe sur une joue, présente l’autre joue. À celui qui te prend ton manteau, ne refuse pas ta tunique.
Donne à quiconque te demande, et à qui prend ton bien, ne le réclame pas.
Ce que vous voulez que les autres fassent pour vous, faites-le aussi pour eux.
Si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle reconnaissance méritez-vous ? Même les pécheurs aiment ceux qui les aiment.
Si vous faites du bien à ceux qui vous en font, quelle reconnaissance méritez-vous ? Même les pécheurs en font autant.
Si vous prêtez à ceux dont vous espérez recevoir en retour, quelle reconnaissance méritez-vous ? Même les pécheurs prêtent aux pécheurs pour qu’on leur rende l’équivalent.
Au contraire, aimez vos ennemis, faites du bien et prêtez sans rien espérer en retour. Alors votre récompense sera grande, et vous serez les fils du Très-Haut, car lui, il est bon pour les ingrats et les méchants.
Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux.
Ne jugez pas, et vous ne serez pas jugés ; ne condamnez pas, et vous ne serez pas condamnés. Pardonnez, et vous serez pardonnés.
Donnez, et l’on vous donnera : c’est une mesure bien pleine, tassée, secouée, débordante, qui sera versée dans le pan de votre vêtement ; car la mesure dont vous vous servez pour les autres servira de mesure aussi pour vous. »
Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris
Sainte Thérèse de l'Enfant Jésus (1873-1897)
carmélite, docteur de l'Église
Manuscrit autobiographique C, 15v° - 16r°
L'amour des ennemis
« Vous avez appris qu'il a été dit : Vous aimerez votre ami et vous haïrez votre ennemi. Pour moi, je vous dis : Aimez vos ennemis, priez pour ceux qui vous persécutent » (Mt 5,43-44). Sans doute, au Carmel on ne rencontre pas d'ennemis, mais enfin il y a des sympathies ; on se sent attirée vers telle sœur au lieu que telle autre vous ferait faire un long détour pour éviter de la rencontrer. Ainsi sans même le savoir, elle devient un sujet de persécution. Eh bien, Jésus me dit que cette sœur, il faut l'aimer, qu'il faut prier pour elle, quand même sa conduite me porterait à croire qu'elle ne m'aime pas : « Si vous aimez ceux qui vous aiment, quel gré vous en saura-t-on ? Car les pécheurs aiment aussi ceux qui les aiment ».
Et ce n'est pas assez d'aimer, il faut le prouver. On est naturellement heureux de faire un présent à un ami, on aime surtout à faire des surprises, mais cela, ce n'est point de la charité car les pécheurs le font aussi. Voici ce que Jésus m'enseigne encore : « Donnez à quiconque vous demande ; et si l'on prend ce qui vous appartient, ne le redemandez pas ». Donner à toutes celles qui demandent, c'est moins doux que d'offrir soi-même par le mouvement de son cœur. (...) Si c'est difficile de donner à quiconque demande, ce l'est encore bien plus de laisser prendre ce qui appartient sans le redemander. Ô ma Mère, je dis que c'est difficile, je devrais plutôt dire que cela semble difficile, car le joug du Seigneur est suave et léger (Mt 11,30). Lorsqu'on l'accepte, on sent aussitôt sa douceur et l'on s'écrie avec le psalmiste : « J'ai couru dans la voie de vos commandements depuis que vous avez dilaté mon cœur » (Ps 118,32). Il n'y a que la charité qui puisse dilater mon cœur, ô Jésus. Depuis que cette douce flamme le consume, je cours avec joie dans la voie de votre commandement nouveau (Jn 13,34).
Aimer ses ennemis
Jésus nous engage sur une voie totalement nouvelle où comme Dieu qui est Père, nous sommes invités à aimer même nos ennemis. « Mais pour vous qui m'écoutez, je vous dis : aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent, bénissez ceux qui vous maudissent, priez pour ceux qui vous calomnient »
Jésus nous engage sur une voie totalement nouvelle où comme Dieu qui est Père, nous devons aimer même nos ennemis.
« Mais pour vous qui m'écoutez, je vous dis : aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent, bénissez ceux qui vous maudissent, priez pour ceux qui vous calomnient »
Cela ne ressemble guère à notre société où il s'agit de réduire nos ennemis, de leur imposer nos idées, sinon de les liquider physiquement ou moralement.
La dialectique, comme un mouvement inéluctable, exaspère les conflits jusqu'au point de rupture dans la violence. Mais cette spirale de violence ne peut qu'exister dans une société où les hommes se regardent comme des ennemis haïssables,
de part et d'autre.
Là encore, Jésus nous redonne espoir : il suffit d'aimer.
« Et Moi je vous dis : aimez vos ennemis, et priez pour ceux qui vous persécutent, afin d'être les fils de votre Père qui est dans les cieux ; car Il fait lever son soleil sur les méchants et les bons et fait pleuvoir sur les justes et les injustes. »
C'est la manière d'agir même de Dieu.
Ce qui est à la base de l'acte gratuit du chrétien n'est pas la récompense, même du ciel, mais la qualité d'être qu'il acquiert et qu'il développe dans le monde, en agissant à la manière de Dieu…
« Et vous serez les fils du Très-Haut parce qu'Il est bon pour les méchants et les ingrats ».
La récompense n'est pas exclue, mais elle n'existe que parce que nous entrons dans la famille de Dieu, que nous en devenons les fils et que nous en prenons la manière de faire…
« Et votre récompense sera grande, et vous serez les fils du Très-Haut »
Chaque chrétien devient « comme Dieu » et installe dans le monde cette manière divine d'agir.
Père Gabriel
Soyez donc miséricordieux, comme votre Père est miséricordieux.
Mais je vous dis, à vous qui m’écoutez : Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent, bénissez ceux qui vous maudissent, priez pour ceux qui vous maltraitent.
Dans son Discours sur la Montagne, aussitôt après les Béatitudes, Jésus nous livre tout un enseignement sur l’amour-charité, et spécialement sur l’amour des ennemis : ennemis personnels ou ennemis du groupe auquel nous appartenons. Et il précise ce qu’il entend par aimer ses ennemis : Faire du bien à ceux qui nous haïssent, souhaiter du bien à ceux qui nous maudissent, prier pour ceux qui nous maltraitent. L’Evangile, la Bonne Nouvelle, nous donne ainsi un message des plus précieux. "La mesure dont vous vous servez pour les autres, servira aussi pour vous. » C’est si merveilleux que nous puissions affirmer notre désir de Dieu en le liant à l’Amour que nous nous portons les uns aux autres. Bonheur pour nous d’être inscrits dans cette sagesse chrétienne si différente de toutes les autres. Cette Sagesse, Jésus l’énonce d’une manière si belle et si réconfortante. Jésus, après ces consignes sur l’amour sans frontières, en vient à parler de la non-violence, de la joue qu’il faut tendre, du manteau qu’il faut laisser prendre et des deux mille pas qu’il faut faire, c’est-à-dire du quart d’heure qu’il faut accepter de perdre avec un homme dans la joie ou la peine, avec ses frères en communauté, sous son regard.
Si quelqu’un te frappe sur une joue, présente-lui aussi l’autre. Si quelqu’un prend ton manteau, ne l’empêche pas de prendre encore ta tunique.
Donne à quiconque te demande, et ne réclame pas ton bien à celui qui s’en empare. Ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, faites-le de même pour eux. Si vous aimez ceux qui vous aiment, quel gré vous en saura-t-on ? Les pécheurs aussi aiment ceux qui les aiment. Si vous faites du bien à ceux qui vous font du bien, quel gré vous en saura-t-on ? Les pécheurs aussi agissent de même. Et si vous prêtez à ceux de qui vous espérez recevoir, quel gré vous en saura-t-on ? Les pécheurs aussi prêtent aux pécheurs, afin de recevoir la pareille. Par sa venue dans la chair humaine, Jésus, le Verbe de Dieu fait chair, apporte à l’humanité un message fondamentalement nouveau. Nous aimons cette parole si difficile à mettre en pratique : « Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous maudissent, bénissez. » Il est évident que sans la grâce de Dieu, nous ne pouvons pas la réaliser. Nous retrouvons alors notre lien -religion- à Dieu si vital : « Sans moi vous ne pouvez rien faire. » Aujourd’hui, nous avons dans l’Evangile le message d’amour qui change le monde :
« Mais aimez vos ennemis, faites du bien, et prêtez sans rien espérer. Et votre récompense sera grande, et vous serez fils du Très Haut, car il est bon pour les ingrats et pour les méchants.
Soyez donc miséricordieux, comme votre Père est miséricordieux. Ne jugez point, et vous ne serez point jugés ; ne condamnez point, et vous ne serez point condamnés ; absolvez, et vous serez absous. Donnez, et il vous sera donné : on versera dans votre sein une bonne mesure, serrée, secouée et qui déborde ; car on vous mesurera avec la mesure dont vous vous serez servis. Il s’agit dans ce message de ce qui est le plus précieux dans le christianisme. Ce que Jésus énonce, il l’a vécu, et à sa suite, celui qui est bien formé par lui sera comme son Maître. C’est la réalité de l’Évangile : Etre comme Jésus lui-même. C’est notre vocation chrétienne. Depuis que nous sommes baptisés dans le Christ cette suite de Jésus est rendue possible. Jésus a toujours fait ce dont Il a parlé ; Il a toujours consolé. Il a toujours pris sur lui par sa Croix toute la misère du monde. Comme un agneau qu’on mène à l’abattoir, il a porté sur son dos la haine du monde. Marie l’immaculée l’a suivi jusqu’au bout, Jésus ose parler de récompense, la gratuité demeure entière, car la récompense dont parle Jésus n’est pas un nouvel avoir, mais un supplément d’être. Plus nous aimons Dieu pour lui-même, et plus nous sommes confortés dans notre autonomie d’enfant de Dieu et plus nous aimons nos frères.
Demandons à Dieu notre Père la grâce que notre prière et notre vie soit semblable à celle de Jésus.