Les disciples lui disaient : « Nous avons vu le Seigneur ! » Mais il leur déclara : « Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt dans la marque des clous, si je ne mets pas la main dans son côté, non, je ne croirai pas ! » Nous nous trouvons dans les mêmes questions que Thomas quand nous sommes éprouvés. Il nous faudra reprendre courage et nous replonger dans la vie avec ses épreuves. Marie-Madeleine aussi était très éprouvée quand Jésus fut crucifié. Elle voulait faire des onctions sur le corps mort de Jésus. Ce touché, ce concret du corps est précieux pour Jésus ressuscité qui vient alors vers Marie-Madeleine et qui lui dit : « Marie. » A partir de ce moment, la vie de Marie-Madeleine repart, elle peut avancer encore avec un nouveau courage. La relation à Dieu se réalise avec toute notre personne, dans une communion d’amour au cœur des réalités terrestres. L’experience de Thomas sera un témoignage pour l’Église naissante. Avec Thomas, nous passons du monde sensible au monde spirituel.
Huit jours plus tard, les disciples se trouvaient de nouveau dans la maison, et Thomas était avec eux.
Jésus vient, alors que les portes étaient verrouillées, et il était là au milieu d’eux. Il dit : « La paix soit avec vous ! » Trois aspects sont présents dans ce récit : la présence corporelle de Jésus dans sa résurrection, l’activation de la relation entre la foi et vue de Jésus, la confession de foi nouvelle du disciple. Quand nous nous sommes enfermés en nous-mêmes, nous avons besoin de laisser Jésus toucher nos plaies. Dans sa Présence, nous pouvons guérir par la foi. Il nous est nécessaire d’entendre la Parole de Jésus : « Avance ton doigt ici, regarde mes mains, » pour reprendre courage dans les épreuves. Nous sommes invités à regarder Thomas dans sa démarche de foi à partir des réalités sensibles de Jésus. Le sensible devient le lieu de la révélation. Quand il s’agit de la Résurrection, nous sommes au cœur de la foi. Les amis de Jésus avaient témoigné de la vie de Jésus après sa mort. « Huit jours plus tard, » c’est pour nous le jour où la communauté célèbre l’Eucharistie.
Puis il dit à Thomas : « Avance ton doigt ici, et vois mes mains ; avance ta main, et mets-la dans mon côté : cesse d’être incrédule, sois croyant. »
Alors Thomas lui dit : « Mon Seigneur et mon Dieu ! » Jésus lui dit : « Parce que tu m’as vu, tu crois. Heureux ceux qui croient sans avoir vu. » Corps et sens sont nécessaires pour arriver à l’affirmation de Thomas : « Mon Seigneur et mon Dieu. » Le lien entre la foi pascale et la vision de Jésus s’explicite. Croire, c’est "voir" et connaître. Thomas a vu le Christ, il a cru en lui, mais sa "vision" dépasse de beaucoup une simple expérience physique. Thomas est le disciple qui fait appel à tous ses sens pour vivre l’expérience de Jésus ressuscité. Cette expérience appelle l’intelligence. C’est avec tous ses sens que Thomas désire cette connaissance de Jésus. Notre foi s’appuie sur la foi des apôtres qui l’ont vu et qui l’ont touché après sa Résurrection. C’est alors qu’apparaissent la vérité des faits et des gestes de Jésus. Les apôtres ont mangé et bu avec lui. Saint Jean le redit : « Ce que nous avons vu, ce que nous avons touché, » nous vous l’annonçons. Avec Thomas, nous entrons dans un régime d’éternité où notre foi nous permet de voir « ailleurs » et « autrement. » « Bienheureux ceux qui sans avoir vu ont cru. »
(v. 1195-1231)
franciscain, docteur de l'Église