29 Avril 2022
Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 11,25-30.
En ce temps-là, Jésus prit la parole et dit : « Père, Seigneur du ciel et de la terre, je proclame ta louange : ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits.
Oui, Père, tu l’as voulu ainsi dans ta bienveillance.
Tout m’a été remis par mon Père ; personne ne connaît le Fils, sinon le Père, et personne ne connaît le Père, sinon le Fils, et celui à qui le Fils veut le révéler. »
« Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos.
Prenez sur vous mon joug, devenez mes disciples, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos pour votre âme.
Oui, mon joug est facile à porter, et mon fardeau, léger. »
Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris
Saint Jean-Paul II (1920-2005)
pape
Lettre apostolique “Amantissima Providentia” pour le 6e centenaire de la mort de Ste Catherine de Sienne du 29 avril 1980 passim (trad. DC n°1793 du 5/10/1980, p. 851 © Libreria Editrice Vaticana)
Sainte Catherine de Sienne :
une vie mystique et une vie d'action
Quand Catherine voit le jour en 1347, la situation en Italie et en Europe est devenue très difficile. Déjà s'annonçait la peste noire, qui devait semer la dévastation ; la société était troublée par la Guerre de Cent Ans et des invasions de mercenaires ; les papes avaient dû quitter Rome pour Avignon ; le schisme d'Occident allait se prolonger jusqu'en 1417. Fille d'un teinturier, Catherine prend très rapidement conscience des besoins du monde qui l'entoure. Attirée par la forme de vie apostolique des dominicains, elle demande à être agrégée au tiers ordre (on appelait ces pieuses femmes les « Mantellate »). Celles-ci n'étaient pas des religieuses à proprement parler et ne vivaient pas la vie commune, mais elles portaient la robe blanche et le manteau noir des frères prêcheurs. (...)
Catherine était entourée d'une foule bigarrée de disciples, de toute classe sociale et de toute origine. Elle les attirait par la pureté de sa foi et par la liberté de son acceptation de la parole de Dieu, sans adoucissement ni compromis. (...) Elle atteignit le sommet de son progrès intérieur par les noces spirituelles (...) ; on aurait donc pu penser que sa vie s'écoulerait dans la solitude et dans la contemplation. Mais Dieu, au contraire, l'avait attachée à lui pour qu'elle lui soit unie dans l'œuvre de son Royaume. (...) Le dessein du Christ était de la lier étroitement à lui par « l'amour du prochain », c'est-à-dire aussi bien par la douceur des liens de l'âme que par les travaux extérieurs ; ce fut ce que l'on a appelé « la mystique sociale ». (...)
Après s'être appliquée à la conversion de pécheurs individuels, elle passa à la réconciliation de personnes ou de familles opposées par de mauvaises querelles, puis à la pacification des villes ou des États. (...) L'impulsion intérieure du Maître divin lui ouvrit pour ainsi dire une humanité de surcroît. C'est ainsi que cette humble fille d'artisan, illettrée, pratiquement sans études et sans culture, eut l'intelligence des besoins de son temps au point de dépasser les limites de sa cité et d'atteindre une dimension mondiale par son action.
Méditation de l'évangile du Gabriel
Au soir de la multiplication des pains, les siens ont tout organisé pour le faire roi. La foule est préparée, bien chauffée. Ce soir on l'enlèvera pour le faire roi. Alors brutalement, Il échappe à cette royauté tellement ambiguë, en envoyant les apôtres sur le lac.
Après la première multiplication des pains, Jésus face au pouvoir
Jésus a mesuré chez les siens la soif du pouvoir. Désir universel, car le pouvoir et sa recherche emportent tant d'hommes, hier comme aujourd'hui ! Lui ne veut pas de pouvoir terrestre. Il en a jaugé les œuvres.
Au soir de la multiplication des pains, les siens ont tout organisé pour le faire roi. La foule est préparée, bien chauffée. Ce soir on l'enlèvera pour le faire roi. Alors brutalement, Il échappe à cette royauté tellement ambiguë.
« Oui, tu l'as dit, Je suis roi, mais mon royaume n'est pas de ce monde ».
Il dénoncera en effet tout au long de sa vie ces deux racines de la cupidité qui lancent l'homme dans tant d'actions malhonnêtes : la soif de commander, la soif de posséder. Lui les méprise l'une et l'autre. Il fuit et le pouvoir, et la richesse. Les siens comme tant d'hommes, sont pris au miroir du pouvoir, de la libération :
« Les gens donc, voyant le miracle qu'Il avait fait, disaient : c'est vraiment Lui le Prophète qui doit venir dans le monde ! Jésus sachant donc qu'ils allaient venir et s'emparer de Lui pour Le faire roi, se retira de nouveau dans la montagne Lui seul ».
Lui seul… Car là s'arrête l'amitié. Il a dû contraindre les Douze à réembarquer et à abandonner leur projet politique.
« Il contraignit les disciples à monter en barque et à le devancer sur la rive opposée, jusqu'à ce qu'Il eut Lui-même congédié les foules ».
Finie la confiance. Il se retrouve seul pour n'avoir pas cru au « politique d'abord »
On comprend qu'Il ait besoin de prier seul dans la montagne après cette prise de position contre ses disciples et leur rêve d'un royaume terrestre installé à leur profit et au profit de la nation.
Jésus a fait là un choix primordial après la multiplication des pains. Il a fui le pouvoir temporel qui s'offrait à Lui porté qu'Il était à la Royauté par la foule et ses propres disciples en contraignant ces derniers à s'embarquer de nouveau et à le laisser congédier la foule. Il s'est vraiment donné à nous en cette occasion, comme l'Homme libre face à cette passion du pouvoir qui nous guette tous.
La politique et le Royaume de Dieu sont dans deux ordres différents. Le Royaume de Dieu est une transformation intérieure et une réalité spirituelle. La politique, que n'imprègne pas le Royaume , n'est que violence et idéologie ». Nous ne le voyons que trop.
Père Gabriel
Homélies du Père Gilbert Adam
Sainte Catherine de Sienne
Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos.
« En ce temps-là, Jésus prit la parole et dit : « Père, Seigneur du ciel et de la terre, je proclame ta louange : ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits. »
Nous fêtons aujourd’hui Catherine de Sienne qui vient en aide aux pauvres et aux malades de Sienne. L’Évangile choisi pour la fête de Catherine la fait exulter en étroite union avec Jésus. Là, elle trouve force et lumière pour faire face aux réalités de la vie. Jésus exulte de joie, dans l’espérance, il crie vers son Père sa louange. Ce qui provoque son admiration et son étonnement joyeux, c’est la pédagogie mise en œuvre par son Père pour le salut des hommes. Jésus a rencontré le refus des scribes, de tous ceux qui s’imaginent posséder la vérité. Au contraire, les petits et les pauvres acceptent de bon cœur de s’ouvrir à l’espérance qu’il leur apporte. Jésus laisse éclater sa joie de voir les humbles se laisser attiré par Dieu et se rallier à son dessein d’amour. Cette simplicité du cœur est une richesse de l’esprit et une clarté du regard. C’est la « science d’amour » qui est à la base de la fidélité et de la grandeur d’âme. La contemplation de Dieu dans la foi est là pour nous permettre de pénétrer dans le mystère de la Parole. C’est ainsi que nous pouvons apprendre la vraie charité. Le service envers l’autre a besoin de l’affection de notre cœur, de la lumière de Dieu. Jésus trouvait sa joie et son bonheur dans la soumission à son Père, dans leur unité d’Amour. Le principal souci de Catherine était l’unité d’Amour, l’unité de l’Église. Sans complexe, elle écrit au Pape, alors en Avignon, une lettre brûlante où elle le presse de revenir à Rome. La spiritualité de Catherine de Sienne se manifestait par le don des larmes, signe d’une grande sensibilité et d’une belle tendresse. Elle invitait les prêtres et le Pape, qu’elle appelait le doux Christ sur terre, à être fidèles à leur responsabilités dans un constant amour de l’Église.
« Oui, Père, tu l’as voulu ainsi dans ta bienveillance. Tout m’a été remis par mon Père ; personne ne connaît le Fils, sinon le Père, et personne ne connaît le Père, sinon le Fils, et celui à qui le Fils veut le révéler. »
S’il n’y a qu’un seul salut et que ce salut vient par la foi au Christ vivant, les chrétiens sont de niveaux de culture différents. C’est la réalité de ce qui s’inscrit jour après jour dans le livre de notre vie que Dieu seul peut ouvrir ou fermer. Quel que soit le degré de notre culture, le brillant ou l’obscurité de notre situation, la vie quotidienne est faite de petites choses ou pèse le poids de notre amour, de notre charité. Le bon plaisir de notre Père est que les plus humbles gardent toutes leurs chances face au Règne de Dieu qui vient déjà sur la terre. Aux yeux de Jésus, le savoir-faire doit se mettre au service d’une réponse de foi, il doit devenir le service d’un croyant qui aime. Il nous faut dire notre foi et rendre compte de l’espérance qui est en nous. Les moments de prière, d’écoute de Dieu dans l’activité quotidienne, exerce notre charité. L’Eglise annonce la Parole et réalise cette Parole qui est charité et vérité. Il nous faut être dépouillés de nous mêmes pour suivre le Christ pauvre. Le Royaume de Dieu est cet amour de Dieu reçu dans la pauvreté qui nous désapproprie de nous-mêmes. Jésus vient à notre table, il s’invite « Pain de Vie. » Nous préparons notre cœur pour lui par la prière et le désir de le rencontrer.
« « Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos. Prenez sur vous mon joug, devenez mes disciples, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos pour votre âme. Oui, mon joug est facile à porter, et mon fardeau, léger. »
Jésus nous donne humblement de le connaître car nul ne connaît le Fils si ce n’est le Père, et c’est le Père qui révèle son Fils en nous. Il nous le révèle comme le Serviteur qui a souffert, comme le crucifié qui est glorifié. Personne ne connaît le Père, si ce n’est le Fils, et celui à qui le Fils veut le révéler. Nous ne pouvons regarder le Père qu’avec les yeux de Jésus. Nous ne pouvons parler au Père qu’avec les paroles révélées par Jésus son Fils. C’est ce regard qui touche Dieu, ce sont ces paroles qui le rejoignent. Les humbles et les hommes de bonne volonté sont ceux qui acceptent de se mettre à l’école de Jésus. Il nous donne la joie du Royaume, l’allégresse de ceux qui se savent aimer et pardonnés. Le joug de Jésus ne blesse pas, son fardeau est léger parce qu’il nous libère progressivement du poids de notre égoïsme et de notre agressivité. Nous passons notre vie à chercher le repos, nous pouvons le trouver en servant et en aimant. Catherine de Sienne est pour nous un modèle d’harmonie pour entrer dans le repos de Jésus, dans l’humilité et la douceur de la croix, sa priorité est toujours la fidélité au Saint Esprit.
Nous demandons la grâce de nous unir au cœur de Jésus afin d’aimer Dieu et le prochain comme le Christ.