Ses voisins et sa famille apprirent que le Seigneur lui avait montré la grandeur de sa miséricorde, et ils se réjouissaient avec elle. La nativité de Jean Baptiste nous est donnée comme un évènement unique. Il nait d’un couple âgé, stérile. « Elisabeth mit au monde un fils. » Cette expression commune est riche d’un sens profond. Le bonheur de cette naissance est une perle pour nous tous, la joie d’exister est redonnée à la terre des hommes. Il fait sortir chacun de l’épaisseur du quotidien, de l’habituel, pour le projeter dans la volonté de Dieu. Il est la « voix qui crie dans le désert. » Il fait tomber de chacun ce qui l’empêche de voir la beauté de Dieu. A Hérode, Jean Baptiste dira : « Tu n’as pas le droit de prendre la femme de ton frère pour épouse. » Dés sa conception, Jean Baptiste relance la question de l’existence, il la ramène à Dieu. Par lui, la Liberté intérieure nous est redonnée dans l’Esprit Saint. Il en est ainsi dans notre vie, l’Esprit Saint agit dans notre faiblesse. Jean Baptiste sera cet homme dont la vie, dans l’histoire du salut, marque l’importance de la faiblesse de l’humanité qui va à la rencontre de Dieu.
« Le huitième jour, ils vinrent pour la circoncision de l’enfant. Ils voulaient l’appeler Zacharie, du nom de son père. »
Mais sa mère prit la parole et déclara : « Non, il s’appellera Jean. » On lui dit : « Personne dans ta famille ne porte ce nom-là ! » On demandait par signes au père comment il voulait l’appeler. Il se fit donner une tablette sur laquelle il écrivit : « Jean est son nom. » Et tout le monde en fut étonné. À l’instant même, sa bouche s’ouvrit, sa langue se délia : il parlait et il bénissait Dieu. Un souffle intérieur, échangé entre Elisabeth et Zacharie dans leur intimité, porte cette décision qui vient d’en haut : "Il s’appellera Jean." Le monde reçoit celui que personne n’espérait plus. Il se réjouit, mais tend aussitôt à faire sien cet enfant, à se l’approprier. Alors une rupture surgit à l’énoncé de son Nom : « Il s’appellera Jean, » dit sa mère. La naissance de Jean Baptiste est la Beauté d’un recommencement, d’une promesse. La Bonne Nouvelle nous entraine toujours en avant, elle nous sort de nous-mêmes, elle nous conduit à la vie véritable. C’est dans la faiblesse et la pauvreté de cet enfant que Dieu agira pour le salut du monde ! L’Esprit prophétique est un esprit d’humilité, c’est aussi un esprit de force. Il est un esprit de droiture et de justice. C’est en lui que notre "oui est oui" et que notre "non est non".
« La crainte saisit alors tous les gens du voisinage et, dans toute la région montagneuse de Judée, on racontait tous ces événements. »
Tous ceux qui les apprenaient les conservaient dans leur cœur et disaient : « Que sera donc cet enfant ? » En effet, la main du Seigneur était avec lui. L’enfant grandissait et son esprit se fortifiait. Il alla vivre au désert jusqu’au jour où il se fit connaître à Israël. La vie de Jean le Baptiste est un appel à la vie. A son école, chacun peut redécouvrir son propre chemin. « Que sera donc cet enfant ? » Il ira, jusqu’au péril de sa vie, pour dire le droit. Jean Baptiste laissera tomber les certitudes provisoires pour être pure attente de « Celui qui vient. » Il ira à la limite de l’humain. L’Esprit Saint qui l’anime au plus profond, le conduira au désert. Le prophète annonce Dieu, il ne se met pas en avant. Ce qu’il doit dire, il le dit avec la force de la vérité, et il s’efface. "Le plus petit dans le Royaume des cieux est plus grand que lui," dira Jésus. "Et toi, petit enfant, on t’appellera prophète du Très-Haut, car tu marcheras devant le Seigneur pour lui préparer le chemin, pour révéler à son peuple qu’il est sauvé, que ses péchés sont pardonnés." Les pauvres annoncent Jésus sans le savoir !
moine, docteur de l'Église